« Plus de 14 108 futurs bacheliers ont inscrit Paces [première année commune aux études de santé, NDLR] dans au moins l’un de leurs vœux et plus de 8000 en premier vœu », selon Jean-Luc Dubois-Randé, directeur de la faculté de médecine de Paris-Est-Créteil-Val-de-Marne. Or, selon le rectorat de Paris, 7500 étudiants seulement seront admis en première année de médecine. Une situation qui a amené à la proposition de l’organisation de tirages au sort pour départager les candidats, ce qui concernerait à minima 8 % des postulants. Et pour les plus malchanceux, la sentence est pour le moins impitoyable puisque un « échec au tirage au sort » sera considéré comme une réorientation... si bien qu’ils ne seront plus prioritaires au même titre que les nouveaux bacheliers. Autant dire qu’un tirage défavorable est synonyme d’une croix pure et simple sur toute possibilité d’étudier en médecine. Un constat qui a provoqué un véritable tollé chez les étudiants et les lycéens qui se destinent à suivre des études dans ce domaine.
Le gouvernement et le rectorat reculent sans revenir sur le nombre limité de places en première année
Le rectorat a déclaré, face à ce tollé, « suivre de près les choix définitifs des candidats une fois les résultats du baccalauréat connus (…) afin d’éviter le recours au tirage au sort et permettre à tout nouveau bachelier francilien de pouvoir suivre les études de son choix ». Et le gouvernement de renchérir : « Je ferais tout pour que le tirage au sort pour accéder en première année de médecine n’existe jamais : il n’y a pas plus stupide comme moyen de sélection surtout pour accéder à des filières très sélectives », a ainsi assuré à Libération Thierry Mandon, secrétaire d’État en charge de l’Enseignement supérieur. Il semble clair que le gouvernement, en période de mobilisation contre la loi travail, tente d’éteindre une polémique qui pourrait redynamiser un secteur du mouvement étudiant. Cependant, si l’exécutif tente de refermer la brèche, la réalité du nombre limité de places, déjà dépassée par le nombre de candidatures, rend inéluctable l’utilisation de procédés profondément injustes. Et, bien évidemment, ce sont en premier lieu les bacheliers issus des classes populaires qui en feront les frais. C’est ainsi que l’ordre des médecins, dans un Livre blanc publié le 26 janvier, appelait à « réfléchir à un système de présélection avant l’année de Paces (…), afin de limiter le taux d’échec ». Une alternative au tirage au sort allant dans le sens d’un renforcement de l’élitisme de l’accès aux études de santé. Alors que, déjà dans les université francilienne, seuls les 15 % des meilleures notes sont acceptées – ce qui évidemment favorise les étudiants issus de familles de médecin – l’ajout d’embûches supplémentaires ne serait, en définitive, qu’un mécanisme de plus en faveur de la reproduction sociale.