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« Maladie de la pauvreté »

30 décès déjà. La peste de retour à Madagascar ?

Déjà observée les années passées dans l’île, une épidémie de peste frappe de nouveau durement la population. Depuis août, la maladie a causé trente morts, en raison de son arrivée précoce et de sa virulence. Communément surnommée « maladie de la pauvreté », la peste touche un des pays les plus pauvres du monde, victime de sa situation sociale et économique désastreuse.

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Crédits photos : © RFI/Sarah Tétaud

Les premiers signes de l’épidémie ont surgi dès le début du mois d’août, et depuis, trente malgaches ont perdu la vie à cause de la peste, selon les chiffres de l’OMS. Même si le phénomène est récurrent à Madagascar, la bactérie s’est développée cette année plus tôt qu’à l’accoutumée, et elle touche davantage les villes, alors que les années précédentes ce sont les campagnes qui étaient plus sévèrement atteintes. Ce fait nouveau suscite de vives inquiétudes, car les autorités craignent une contagion rapide, notamment dans la capitale Antananarivo où neuf morts sont à déplorer. Quelque peu débordé par les événements, le gouvernement tente de contenir l’épidémie et la panique, en mettant en place des mesures préventives : contrôles renforcés dans les aéroports, interdiction des rassemblements publics, pulvérisation d’insecticides. Ces mesures, insuffisantes, ne régleront pas par ailleurs le véritable problème de fond.

La peste, cette « maladie de la pauvreté », est en grande partie due aux conditions de vie très dures d’une majeure partie de la population malgache. 80 % des habitants de l’île vivent actuellement en dessous du seuil de pauvreté, et sont quotidiennement confrontés à de graves difficultés. Beaucoup survivent dans des bidonvilles surpeuplés, privés d’accès à l’eau potable et à l’électricité, et soumis aux aléas climatiques (les inondations et les cyclones sont fréquents). De plus, les infrastructures sanitaires manquent cruellement, et sont relativement précaires lorsqu’elles existent. Les priorités de l’État malgache ne semblent d’ailleurs pas aller dans le sens de l’amélioration des conditions d’accès aux soins, puisque selon l’UNICEF « plus de 200 centres de santé ont fermé leurs portes en raison d’un manque de personnel » en 2012.

Cette situation est d’autant plus révoltante quand on sait les ressources naturelles importantes que possède l’île. Mais depuis plusieurs décennies, même si le pays a obtenu son indépendance officielle en 1960, pétrole, uranium et fer sont accaparés par de grandes multinationales telles que Areva, Wisco, ou Total. Madagascar est aujourd’hui prisonnier des puissances occidentales qui, sous couvert d’aides au développement, font perdurer un état de dépendance postcoloniale, néfaste au développement autonome de l’île et à l’amélioration des conditions de vie de ses habitants. Ainsi, pendant que des multinationales engendrent des profits grâce à la complicité de dirigeants corrompus (Madagascar est l’un des pays où le niveau de corruption est le plus élevé au monde), la population souffre, elle, des conséquences de cette domination économique. Loin de poser seulement la question de l’état sanitaire de Madagascar, cette épidémie de peste pose donc avant tout la question de la domination des puissances impérialistes sur l’île, qui exploitent les richesses du pays au détriment du développement des populations.


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