Ce lundi 25 septembre, les prises de paroles se sont succédé sur le piquet de grève des conducteurs de bus du dépôt de Montesson, détenu par Keolis, filiale de la SNCF. Après 14 journées de mobilisation, les grévistes ont réaffirmé leur volonté de maintenir résolument leur grève jusqu’au rétablissement de la prime d’intéressement. Depuis le transfert de Transdev à Keolis en janvier 2022 des deux dépôts de Montesson (Yvelines) et Argenteuil (Val d’Oise), les conditions de travail se sont fortement dégradées, conduisant les salariés à travailler 6 jours sur 7 pour avoir un salaire décent, bloqués sur leurs sièges pendant 7h30, parfois sans interruption. Pour eux, la direction est allée trop loin et il n’est donc plus question de reculer, après avoir entamé une grève le 12 septembre
Travailleurs des transports, étudiants de l’université de Nanterre ou militants politiques et syndicaux, les soutiens aux travailleurs de Keolis sont venus nombreux pour réaffirmer leur solidarité et témoigner de l’importance de cette grève. « Votre combat c’est aussi le combat de l’ensemble de notre camp social », rappelle Yassine conducteur de bus RATP et délégué syndical CGT, tout en soulignant la dégradation générale des conditions de travail des conducteurs de bus : « On a tous les mêmes problèmes, les temps de parcours infaisables, l’état des bus déplorable, les salaires qui n’évoluent pas alors que l’on subit tous l’inflation qu’on soit Keolis RATP ou étudiants. ».
Fabien Villedieu, porte-parole SUD-Rail, a également rappelé l’importance d’un service public de qualité, alors que l’ouverture à la concurrence et la privatisation croissante du service public, ainsi que le morcellement du réseau de transport d’Île de France Mobilité, conduisent à créer des conditions de travail désastreuses et de la souffrance pour les usagers. « Dans un contexte de pénurie de chauffeurs de bus, tu soignes tes salaires, parce que si t’arrives pas à embaucher, les gens vont galérer, parce que les bus ne se conduisent pas tout seul. T’as besoin de bonhommes et de bonnes femmes pour se lever pour se lever à 5h du matin et se coucher à 3h du matin », souligne-t-il.
Dans un contexte où l’augmentation des prix se fait toujours plus ressentir, la question de l’inflation et de la nécessité d’une augmentation en conséquence des salaires, s’est faite très présente au fil des prises de parole. Pour la délégation d’étudiants venus de l’université de Nanterre, en plus du combat pour un service public de transport de qualité, loin de la situation actuelle dont les étudiants sont parmi les premiers à pâtir, il est nécessaire qu’étudiants et travailleurs luttent ensemble pour l’indexation des salaires sur l’inflation. « C’était important pour nous de venir ici à vos côtés, pour réclamer un service public de qualité, mais aussi pour lutter pour nos salaires, parce que nous aussi les étudiants, on vit dans des conditions de plus en plus précaires avec une inflation qui est galopante et des salaires stagnent. Il faut une jeunesse qui soit aux côtés des travailleurs », a affirmé Antoine, étudiant à Nanterre.
Alors que la direction de Keolis s’était montrée intraitable face aux revendications des grévistes lors de la brève rencontre qui avait eu lieu le 20 septembre dernier entre les deux parties, et avait rejeté l’ensemble de leurs demandes, la direction cherche à durcir le rapport de force par l’usure, tout en multipliant les pressions contre les grévistes. Dans une note en date du 21 septembre, adressée à l’ensemble du personnel, Philippe Crolet, directeur Keolis du secteur Argenteuil Boucles de Seine, affirme que des « actions civiles et/ou pénales seront engagées si des irrégularités venaient de nouveau à être constatées » accusant les salariés en grève de créer un climat de « tensions » et de « comportements inadaptés (…) à l’entrée du dépôt ».
Des accusations qui dénotent avec le tempérament chaleureux des grévistes, dont un militant venu en soutien souligne le caractère « exemplaire ». « Une des raisons pour lesquelles vous êtes entendus au-delà de Montesson » note-t-il. Face au mépris de la direction, qui dans la même note a rappelé son refus catégorique d’entendre les revendications des salariés, les grévistes demeurent infatigables. Un sentiment renforcé par le succès de la récolte de fonds pour leur caisse de grève, lors de la marche du 23 septembre, aux côtés d’étudiants et de militants de Révolution Permanente. En plus de ces centaines d’euros récoltés, les grévistes ont également pu compter sur la solidarité des soutiens présents, dont les étudiants de l’université de Nanterre, mais aussi Yassine au nom du dépôt de Malakoff et de Fabien Villedieu, porte-parole SUD-Rail, venus abonder la caisse de grève du dépôt de Montesson.
« Ça fait 17 ans que je fais ce métier. J’aime ce métier, j’aime mes clients, j’aime ma ville et j’aime mes collègues. Le problème, ce sont les patrons, la manière dont ils nous traitent, dont ils s’occupent de nous, surtout aujourd’hui avec l’inflation », témoigne Sako, conducteur de bus et délégué syndical Solidaire au dépôt de Montesson. « La solidarité est là, poursuit Sako, les soutiens sont toujours là et infaillibles, on continuera ! »
Pour aider les grévistes à gagner ce combat, vous pouvez donner à leur caisse de grève ici.
Pour rencontrer les grévistes : 156 avenue Paul Doumer, 78360 Montesson.
