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Meeting de Révolution Permanente

« Seules les luttes de masses ont la force d’empêcher la catastrophe » Anasse Kazib au meeting de RP

Ce mercredi, Anasse Kazib est longuement intervenu au meeting de RP, revenant sur les défis de la situation, et l’enjeu que les travailleurs et la jeunesse se saisissent de toutes les questions politiques brûlantes avec leur méthode. Retrouvez son intervention.

Anasse Kazib

7 mars

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« Seules les luttes de masses ont la force d'empêcher la catastrophe » Anasse Kazib au meeting de RP

Crédits photo : O Phil Des Contrastes

Camarades, c’est tout d’abord pour moi une fierté de pouvoir compter parmi nous dans ce meeting de Révolution Permanente, des personnalités aussi importantes de notre camp social qui participent à lutter pour un horizon différent, à organiser des secteurs de notre classe, pour lutter face à la réaction, ou encore à apporter des analyses et de la réflexion politiques face aux maux qui frappent des millions d’exploités et opprimés de Gaza à Paris et partout dans le monde.

Penser les tâches préparatoires et l’évolution de la situation

La situation que nous vivons aujourd’hui n’a rien à voir avec l’année dernière ou à la même période il y avait plusieurs millions de grévistes et manifestants contre la réforme des retraites. Certes, les luttes n’ont pas totalement disparu.

Je voudrais d’ailleurs saluer ici le combat des travailleurs sans papiers qui ont obtenu récemment plus de 600 régularisations après plusieurs luttes, notamment sur les chantiers des JO. Leur intransigeance et leur confiance dans leurs propres forces sont un exemple pour l’ensemble de ceux qui luttent.

Je profite également pour saluer dans cette salle les personnels de l’éducation nationale, notamment du 93 et du 95, qui malgré le silence des médias, se mobilisent actuellement aux côtés des élèves et de leurs parents contre les réductions du budget de l’école et l’offensive réactionnaire dans l’éducation.

Enfin, je voudrais avoir un mot pour Salah Hamouri qui nous a fait l’honneur d’être là ce soir et à travers lui pour la lutte héroïque du peuple palestinien depuis 76 ans. En disant cela j’ai une pensée pour toutes celles et ceux qui luttent en solidarité avec la Palestine, dans un mouvement international que nous n’avions pas vu depuis la guerre du Vietnam.

Ce mouvement a permis une délégitimation historique d’Israël et ouvert une importante crise dans la principale puissance impérialiste que sont les Etats-Unis, nous devons continuer à le construire en France. Mais malgré tous ces éléments très importants, vous savez que nous avançons dans des eaux plus troubles, où des tendances très réactionnaires s’expriment. 

En France nous avons vu le durcissement du régime entre offensive islamophobe, criminalisation du mouvement de soutien à la Palestine ou encore passage de la loi Immigration. Aujourd’hui, on peut assister en quelques jours et en live sur BFM à l’expulsion d’un imam, sous pression du gouvernement et de l’extrême-droite. Le Pen et Bardella avancent sur la route que leur trace Darmanin et Macron depuis 7 ans, et essayent de capitaliser dans la période, espérant l’emporter aux européenne et en 2027.

Dans les autres pays, nous avons pu observer comment l’extrême-droite a remporté des victoires en Italie, en Argentine, et connu une poussée chez nos voisins Hollandais ou encore en Allemagne, déclenchant des mobilisations massives.

Les plans de la bourgeoisie sont clairs. Vous l’avez observé ces derniers temps, les discours guerriers se multiplient. Tendez un micro à un dirigeant européen et il vous expliquera qu’il faut se préparer à la guerre.

C’est d’ailleurs ce que font les grandes puissances, avec plus de 380 milliards d’euros de dépenses militaires pour les pays de l’Union Européenne en 2024. Je ne veux pas être un prophète de mauvais augure qui vous annonce une 3eme guerre mondiale. Cela n’est pas encore à l’ordre du jour, comme le disait Daniela, même si des guerres localisées violentes peuvent continuer à éclater prochainement, à l’image de l’Ukraine ou du génocide en Palestine. En revanche, entre la crise climatique, l’escalade militaire et le durcissement des régimes, il est clair que nous sommes à un point de bascule.

Pour ceux qui ont l’habitude de venir dans les meetings de RP, nous avons organisé ces dernières années de grands événements politiques comme on dit souvent dans la chaleur de la lutte de classes. Pendant les retraites, les grèves diverses ou encore durant la grande révolte des gilets jaunes. Ceux qui nous connaissent savent que nous essayons de contribuer au maximum à chaque fois que la lutte des classes s’exprime. De peser de toutes nos forces depuis nos lieux de travail ou d’études, à travers la mise en place d’assemblées générales, de coordination ou de regroupement ouvriers et militants comme avec le Réseau pour grève générale durant le dernier mouvement des retraites. Mais aussi de constituer des blocs de résistance comme avec les différentes organisations qui composent Urgence Palestine depuis la mi-octobre.

Mais nous pensons que le rôle des militants révolutionnaires n’est pas uniquement de battre le fer quand il est chaud, d’être là quand tout le monde a le couteau entre les dents. Notre rôle est aussi d’être là dans des périodes plus à contre-courant, quand l’autoritarisme, la chasse à l’immigré, l’extrême-droite ou les tendances à la guerre donnent le ton.

Dans cette salle vous êtes surement nombreux à être inquiets pour l’avenir, le vôtre, celui de vos enfants et de vos proches. Je suis persuadé que certains d’entre vous, ici même, ont déjà réfléchi à se casser de la France, considérant que la situation devenait anxiogène. Il y a dans cette salle aussi une jeunesse qui s’inquiète pour son avenir, qui voit le monde qui les attend demain si nous ne réagissons pas collectivement.

Nous considérons en tant que militants révolutionnaires qu’il est de notre devoir de mettre toutes nos forces pour essayer de transformer la subjectivité du plus grand nombre, redonner du moral, montrer toutes les ressources et l’énergie qu’a notre camp social pour changer les choses, quand le fatalisme ou la peur envahissent les esprits. Le repli sur soi et l’individualisme ou encore le fait de quitter sa vie actuelle pour voir si l’herbe serait plus verte ailleurs n’empêcheront aucune guerre mondiale, aucun désastre climatique, aucune crise économique, ni n’assureront un meilleur avenir pour les générations futures.

Et si vous êtes là c’est aussi car je pense qu’il y a en vous une volonté profonde de voir comment changer les choses ensemble, comment s’organiser et se préparer, en forgeant une boussole pour faire face à la situation.

Affronter la situation actuelle en tirant les bilans

Je veux commencer par dire qu’attendre la prochaine lutte ne suffit pas. Si nous en sommes là aujourd’hui, ce n’est pas parce que les luttes ont manqué en France. Si vous regardez bien, depuis 2016 toutes les franges de notre classe sont sorties tour à tour contre le gouvernement : les grands bastions du privé et la jeunesse en 2016, les cheminots et la fonction publique en 2018, les secteurs paupérisés de la France périurbaine avec les gilets jaunes, de nombreuses entreprises du privé dans le cadre de luttes pour l’emploi et les salaires ces dernières années, mais aussi la jeunesse dans les lycées, les facs, ou pour le climat, contre la patriarcat, contre les violences policières, … Il faut se demander pourquoi malgré cela c’est toujours l’extrême-droite qui dicte l’agenda, comme on l’a vu dans le débat sur la loi immigration.

En fait, la lutte seule ne suffit pas à résoudre les problèmes éminemment politiques que nous avons aujourd’hui et que nous aurons encore demain. Pire encore lorsque nos luttes finissent en défaites. C’est pourquoi il nous faut discuter profondément de comment et pourquoi nous luttons. De comment inscrire les luttes dans des perspectives de transformation qui permettent d’aller au-delà du fait de se défendre. Pour cela il faut partir de l’impasse dans laquelle nous sommes actuellement, et tracer un chemin afin d’en sortir.

Souvenez-vous il y a un an : des millions de personnes manifestaient dans la plupart des villes de France. L’extrême-droite, malgré son opposition de façade à la réforme des retraites, était interdite dans les manifestations. Des militants CFDT brûlaient des pantins de Macron et la colère contre le 49.3 générait une forte contestation du régime. Darmanin avait même fini par annoncer le report de la loi immigration expliquant « que ce n’était pas le moment de diviser le pays ». Il craignait en réalité que l’opposition au projet macroniste sur les retraites s’élargisse au rejet de ce projet xénophobe.

Depuis septembre le gouvernement tente de prendre sa revanche contre tout ce qui s’est exprimé de subversif à ce moment-là, mais également après, lors de la révolte des quartiers populaires ou dans le soutien à la cause palestinienne. Mais si le gouvernement passe à l’offensive c’est parce qu’il a la possibilité de le faire.

D’abord, parce que le mouvement des retraites qui a été le plus massif depuis des décennies s’est soldé par une défaite. Le mouvement était pourtant puissant, il réunissait de larges secteurs du monde du travail et de la jeunesse dans tout le pays. S’il avait gagné, cela aurait ouvert une crise profonde pour le régime, et démontré que la classe ouvrière, unifiée, était capable de faire reculer les pires attaques. Mais pour cela, face à l’intransigeance du gouvernement, c’est une grève générale politique qu’il fallait.

Mais en l’absence d’une stratégie d’affrontement avec le pouvoir, enfermé dans une logique de pression sur les institutions par les directions syndicales, autour d’un programme limité et d’une stratégie de journées de grève une fois par semaine, il a échoué. Sincèrement qui peut penser que la situation actuelle serait celle-là si Macron avait perdu sur les retraites ?

Si le gouvernement a pu reprendre la main c’est aussi parce que depuis la rentrée, les directions du mouvement ouvrier ont choisi le dialogue social et les discussions pacifiques avec le gouvernement. Malgré la vague de répression syndicale. Malgré la loi immigration. Malgré les annonces d’attaques contre l’assurance-chômage ou les allocataires du RSA. Malgré tout cela, on a connu 1 seule journée de grève interprofessionnelle en 6 mois.

Je ne sais pas si vous avez écouté ce qu’on dit les deux patronnes de la CGT et de la CFDT récemment face aux risques de grève pendant les JO, que tout le monde espère de ces vœux, Sophie Binet a dit qu’elle n’était pas « pour gâcher la fête » et la secrétaire de la CFDT elle n’a pas tergiversé, elle a dit au micro de « je ne souhaite pas de grève pendant les jeux olympiques ». Circulez y’a rien à voir. C’est ce qu’ils appellent le syndicalisme responsable.

Moi je vais vous dire c’est quoi pour nous le syndicalisme responsable, c’est d’être là pour lutter avec les travailleurs pour arracher des augmentations de salaires quand les gens sont à la gorge et que les patrons se gavent. Le syndicalisme responsable, c’est de faire la guerre à la bourgeoisie quand elle essaye de faire la guerre aux migrants et aux chômeurs, quand elle veut trier les gosses par niveaux dans les classes ou quand elle finance le génocide à Gaza. Donc le syndicalisme responsable c’est celui qui gâche la fête de la bourgeoisie pour les JO, parce que nous on aura juste le droit de fermer nos gueules, après avoir tout fait. Y’a aucune fête là-dedans pour les travailleurs, y’a aucune fête pour les familles précaires et les gamins de Saint-Denis, qui vivent autour du stade de France et qui devront regarder les Jeux à la télé alors que c’est en face de chez eux. 

C’est que notre responsabilité est vis-à-vis de notre classe, pas des patrons et du gouvernement !

Quand je parle de « classe » camarades, je parle de vous. Je parle du fait que, de même que les Bolloré, les Arnault, les Niel défendent leurs intérêts communs, nous qui sommes obligé de travailler, de nous faire exploiter pour vivre. Il nous faut rompre avec le logiciel qui cherche à contenir notre colère dans les moments de lutte, et à nous passiviser le reste du temps, pour discuter la régression sociale avec la bourgeoisie. Peut-être que dans des temps de stabilité du régime cela pouvait permettre d’arracher quelques miettes, mais aujourd’hui cela permet juste au pouvoir de rependre tout ce qu’on a gagné dans le passé.

Le problème avec ce logiciel, c’est qu’il ne cherche pas à faire des travailleurs, des classes populaires, de la jeunesse, un acteur qui pèse directement dans la situation, dans les moments de lutte mais aussi plus largement.

Les travailleurs sont confrontés à des enjeux immenses

Notre classe, elle veut savoir comment se sauver de la catastrophe qui frappe déjà à leurs portes avec l’inflation ou la crise climatique. Elle veut savoir comment stopper les tendances bonapartistes et autoritaires qui restreignent leurs libertés. Elle veut savoir comment répondre au danger de guerres et de conflits nucléaires qui traversent à nouveau l’Europe. Et c’est le jour où nous nous organiserons dans cette perspective qu’on pourra déployer une force immense, celle de celles et ceux qui font tourner la société, en alliance avec la jeunesse et tous les opprimés !

Mais ça les amis, ce n’est pas non plus le projet de la gauche institutionnelle. Bien sûr on peut être content que des députés tiennent des positions à contre-courant à certains moments. Mais le problème c’est que leurs partis n’ont pour seul horizon que les institutions. Ils ne sont pas une alternative radicale pour transformer le monde et en finir avec le système capitaliste, ils sont au mieux pour un retour de la gauche aux manettes, dans le cadre de cette société. Ce logiciel aussi, il dépossède la classe ouvrière du rôle qu’elle peut jouer face aux grands défis, par ses propres méthodes !

Nous ne sommes pas anti-parlementaires, mais nous considérons que la bataille institutionnelle doit servir à dénoncer leur système et le démasquer, pour éveiller la conscience de classe et appeler les masses à s’organiser et se battre contre cette démocratie bourgeoise, qui fait croire à la population que tous les 5 ans elle a le droit de choisir le moins pire et fermer sa gueule les 5 années suivantes. C’est ce que font en ce moment nos camarades députés du PTS en Argentine, qui sont membres de notre fraction internationale et qui mènent la bataille au parlement contre Javier Milei, en portant la voix de la rue au sein du parlement et en appelant à s’organiser et à construire la lutte par en bas, dans les quartiers, les entreprises et les facs.

Car, en Argentine comme en France, il n’y a que les luttes de masses, organisées à la base, entraînant de larges secteurs de la population, qui ont la force d’empêcher la catastrophe ! Pour ça il faut que nous fassions de nos luttes un outil politique, que nous fassions, collectivement, en tant que travailleurs, jeunes, opprimés, de la politique.

On doit pouvoir se saisir de tous les problèmes qui agitent la société avec nos méthodes. Imaginez ce que serait la situation dans le pays si le mouvement ouvrier avait fait bloc contre la criminalisation du soutien à la Palestine, s’il s’était mobilisé avec un vrai plan de lutte contre le soutien à l’État d’Israël, contre les multinationales complices, bloquant les ports par exemple contre les envois d’armes.

Il y’aurait de quoi frapper au cœur le gouvernement Macron et son soutien militaire et financier de l’Etat d’Israël. Il y’a dans la lutte pour la libération de la Palestine et l’autodétermination du peuple palestinien, en réalité une autre lutte qui est moins visibles mais pourtant vitale. C’est la lutte contre notre propre impérialisme. Nous ne serons jamais libres tant que la Palestine ne le sera pas, avec la complicité de la France, tant qu’il y aura des troupes françaises en Afrique et au Moyen Orient. Et la victoire de la Palestine serait une défaite pour nos dirigeants et leurs plans d’offensives.

J’en profite pour saluer les militants CGT solidaires de la Palestine cette perspective et qui sont réprimés pour ça, à l’image de Jean-Paul Delescaut, secrétaire de l’UD CGT du Nord, ou de mon camarade Gaëtan Gracia.

Cette logique est valable plus largement, et si on ne se saisit pas de chaque problème, d’autres s’en saisiront. Soit la classe ouvrière prend son destin en main, décide de lutter aux côtés de l’ensemble des opprimés, montre qu’elle peut améliorer la vie de la majorité de la population, soit c’est l’extrême-droite qui profitera du désespoir des travailleurs. Nous ne pouvons pas esquiver cette question : si on ne dessine pas une réponse d’ensemble, ils iront les chercher ailleurs. 

Je pense d’ailleurs au délégué CGT de Valdunes, qui dans le cadre de leur dur combat refusait la présence du RN il y a quelques mois en disant : « Nous à Valdunes on n’en veut pas de cette merde là ! » Il a totalement raison. Mais il faut aller plus loin et construire une alternative, car si les travailleurs ne s’occupent pas de politique, la politique s’occupera d’eux.

La bataille pour l’unité de notre classe est une bataille politique

Tout cela est également fondamental, parce qu’on ne peut pas unifier notre classe sans une bataille politique. Comment on peut lier le mouvement ouvrier et les quartiers populaires si on ne lutte pas contre la répression des révoltes dans les quartiers, pour la vérité et la justice pour Nahel, comme on l’a fait avec des collègues cheminots en se rendant à la marche blanche en juin dernier ?

Comment on peut lutter contre l’extrême-droite si on ne lutte pas contre le racisme et la xénophobie, contre la division entre français et étrangers, contre la loi immigration, en faisant une grande campagne pour refuser le tri des immigrés, le racisme, et dire que nous faisons tous partie d’une même classe. Que nous avons plus de choses en commun entre nous qu’avec un Bernard Arnault ou un Vincent Bolloré. En montrant que c’est cette unité qui peut faire notre force, et que les divisions qu’ils entretiennent nous affaiblissent.

Si on ne mène pas cette bataille, on liquide l’énergie, la ressource et les capacités phénoménales de notre camp pour faire mal au camp d’en face.

Je veux d’ailleurs saluer Christian Porta qui est un militant révolutionnaire et un syndicaliste CGT. S’il est réprimé aujourd’hui, c’est parce qu’il a permis de gagner les 32h et l’embauche en CDI de dizaines d’intérimaire. Parce que lors que son patron a voulu jeter des baguettes comestibles pendant le Covid, il s’est battu pour les récupérer pour qu’elles soient distribuées gratuitement aux gens dans le besoin. Mais aussi parce qu’il a cherché à mettre ses collègues en grève aux côtés des Gilets jaunes, pour les droits des femmes, en défense de l’environnement, mais aussi parce qu’il soutient les travailleurs sans papiers et le peuple palestinien.

Il fait partie d’une nouvelle génération de dirigeants ouvriers qui soutiennent toutes les causes, qui luttent pour la dignité ouvrière, mais se préoccupe aussi des problèmes de toute la société. C’est pour ça qu’ils veulent le licencier et qu’on va se battre pour sa réintégration. C’est ça le visage des ouvriers qui font de la politique par en bas.

La bataille pour conquérir des alliés est une bataille politique

Finalement, comment on peut gagner des alliés et affaiblir nos adversaires si on ne fait pas de la politique ? Regardez les agriculteurs. Les petits paysans sont encore en colère voyant bien que les annonces de Macron ne changeront rien. Il ne peut y avoir de solution pour les petits paysans appauvris dans l’agriculture capitaliste, dominée par les grands groupes de l’agrobusiness.

Mais pour les en convaincre il faut démontrer que le mouvement ouvrier luttera à leur côté, et que rien ne changera derrière le patron de la FNSEA qui gagne 15.000 € par mois à la tête d’un géant de l’agrobusiness comme le groupe Avril ou derrière Jordan Bardella.

Ça doit s’exprimer dans la réalité. Comment on peut lutter contre l’influence de l’extrême-droite, raciste et anti-ouvrière, si on ne démontre pas que la classe ouvrière est l’allié de ces secteurs. Un allié beaucoup plus conséquent que les Attal et autres bourgeois.

La nécessité d’une perspective révolutionnaire

Pour faire de la politique nous avons besoin de changer notre manière de lutter. Nous avons aussi besoin d’organisations taillées pour ça : un parti révolutionnaire, avec une perspective et un programme clair.
Aujourd’hui, l’extrême-gauche n’apparaît pas comme une alternative politique. Dans les européennes, elle va être quasiment invisible. C’est l’occasion pour moi de dire que face aux alliances réactionnaires, pro-guerre, une liste d’extrême gauche commune serait un enjeu central. Autour d’un programme résolument communiste, anti-impérialiste, antiraciste, féministes, nous aurions la possibilité de porter fort notre voix. Je veux réitérer un appel au NPA-C et à LO : nous pourrions encore constituer ensemble ce bloc révolutionnaire aux prochaines européennes. Il serait tragique qu’une fois de plus l’extrême-gauche malgré les désaccords que nous avons, apparaisse éclatée dans ces élections ou il est nécessaire d’imposer un discours alternatif, une voix révolutionnaire la plus audible possible.

Mais au-delà d’une échéance électorale, la question elle est de construire ces organisations révolutionnaires. Comme beaucoup avant j’étais plutôt anti-parti, plutôt loin de la politique, jusqu’à ce que je comprenne que la politique elle s’occupait de moi, et qu’elle avait ses partis bourgeois pour le faire. J’ai compris qu’avec les grèves partielles et le syndicalisme à la SNCF, je ne pourrais pas changer la société et donner un avenir pour mes enfants, seulement obtenir quelques améliorations de mes conditions de travail ou quelques augmentations.

Alors j’ai décidé avec d’autres de comprendre ce qu’il se passait, pourquoi nous perdions, pourquoi il fallait toujours se défendre et jamais attaquer, pourquoi il fallait s’accommoder de ce système pourri et de ces institutions. Je pense à cette offensive idéologique et autoritaire que mène Attal contre la jeunesse pour la domestiquer. Et je veux dire au personnel de l’éducation mobilisés, que leur lutte doit être politique car c’est en réalité bien plus que des coupes budgétaires ou des classes par niveaux : c’est la génération de demain qu’ils veulent mettre au pas.

Il faut rompre avec le fatalisme et la passivité, mais il faut également rompre avec les luttes défensives et l’absence d’un programme pour lutter contre leur monde, fait de lois racistes et de régression sociale. Nous ne sommes pas condamnés à vivre dans la guerre, dans les crises et la misère.

C’est pour ça que je suis à Révolution Permanente, pour militer avec Sasha et appuyer les luttes féministes et LGBT, avec Christian qui est à la CGT à 4h de chez moi, mais aussi avec des avocates comme Elsa qui, quand elle n’aide pas les raffineurs contre les réquisitions est au tribunal au moment des révoltes pour éviter à des jeunes la prison ou encore dans des GAV pour des camarades solidaires de la Palestine. Et ce qui nous lie ce n’est pas la CGT Neuhauser, Sud Rail, ou le barreau de Paris, ce qui nous lie c’est cette même volonté de faire la guerre au système capitaliste, la volonté de changer le monde, ce qui nous lie c’est de lutter pour le camp des exploités et des opprimés.

Avec les camarades de Révolution Permanente on a envie de vous faire cette invitation à militer à nos côtés. Nous n’avons pas la prétention d’être déjà un grand parti révolutionnaire, mais nous sommes une organisation ambitieuse, dans laquelle chacun peut trouver sa place s’il est convaincu de nos perspectives. On a besoin d’un parti intransigeant, de combat, qui permette de dépasser le corporatisme, le syndicalisme respectueux des institutions, les organisations gazeuses et électorales qui sont impuissantes dans les grands moments de lutte où l’avenir de l’humanité se décide.

Je vous invite donc à laisser vos coordonner et à participer aux prochaines assemblées ouvertes de RP. Il est plus que temps de remettre la révolution à l’ordre du jour et la lutte pour en finir avec la barbarie du système capitaliste.

Oui nous devons lutter pour faire retirer la loi immigration, mais nous devons lutter aussi pour imposer la liberté d’installation et de circulation, ainsi que la régularisation de tous les sans-papiers. Oui nous devons lutter pour l’arrêt immédiat du génocide en Palestine, mais aussi pour l’autodétermination du peuple palestinien, le droit au retour et la libération de tous les prisonniers politiques, de la Palestine jusqu’à Lannemezan ou est enfermé Georges Ibrahim Abdallah, pour une Palestine ouvrière et socialiste où puissent vivre en paix travailleurs arabes et juifs. 

Oui nous devons lutter pour l’augmentation de nos salaires mais nous devons lutter aussi pour contrôler l’économie, en expropriant les grands groupes capitalistes.

Oui nous devons lutter contre l’extrême droite et les idées réactionnaire, la possibilité de la guerre, mais nous devons aussi lutter pour un monde meilleur, nous l’appelons nous le communisme, un monde sans classe et sans Etat, et sans ce système capitaliste qui nous fait la guerre.

Alors n’attendons pas que la bourgeoisie nous fasse la guerre, mais rejoignez-nous pour que nous puissions faire la guerre ensemble à la bourgeoisie.


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