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Edito

Remaniement phase 2 : la macronie sort AOC et recycle ses déchets

Jeudi soir, Attal a annoncé le second volet du remaniement gouvernemental. Un remplacement de macronistes par d’autres macronistes qui confirme l’isolement de la majorité présidentielle.

Erell Bleuen

8 février

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Remaniement phase 2 : la macronie sort AOC et recycle ses déchets

Crédit photo : capture d’écran France 2

Remaniement, partie 2. Depuis le début de la semaine, la classe politique et les médias s’agitaient autour de la suite du remaniement gouvernemental. Censé être annoncé lundi soir, décalé jour après jour depuis, le jeu des chaises musicales version classe dominante a finalement été tranché ce jeudi soir.

Promis par Macron comme une réponse à la crise ouverte avec le vote de la loi Immigration, la première phase du remaniement censée remettre la majorité au centre de la scène politique avait dressé un cap clair : avec la nomination de la figure des Républicains Rachida Dati à la Culture ou encore l’arrivée de la sarkozyste Catherine Vautrin au ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, le gouvernement virait « à droite toute ».

Pour la deuxième phase, l’exécutif a fait le choix d’une opération recyclage. Pendant que des macronistes viennent remplacer d’autres macronistes, les autres changent simplement de casquette : Patrice Vergriete, ex-ministre délégué du logement devient ministre des Transports, l’ancienne ministre de la Jeunesse et du SNU, Sarah El Haïry, passe au ministère de l’Enfance et de la Famille…Des trocs de postes ou de ministères, qui témoignent du peu de crédit et de qualifications que l’on demande en politique bourgeoise, mais aussi de l’isolement croissant qui pèse sur le macronisme. Même Amélia Oudéa-Castera, qui perd sans grande surprise le ministère de l’Éducation Nationale, conserve son poste de ministre des Sports. C’est dire.

Un changement sur la forme donc, mais pas sur le fond. Loin d’un « renouveau » politique, Macron resserre sa base avec un gouvernement prêt à appliquer le cap de guerre sociale fixé par son premier ministre à l’occasion de son discours de politique générale. Comme un symbole, Guillaume Kasbarian, l’architecte de la loi « anti-squat » se voit promu à la tête du ministère du logement. Cependant, si Attal a voulu s’assurer une équipe prête à accompagner le renforcement autoritaire du régime, le remaniement a surtout confirmé les fragilités qui traversent le macronisme.

Dernière illustration en date, le refus de François Bayrou, président du Modem et allié historique du chef de l’État, de rejoindre le gouvernement. En fustigeant l’absence « d’accord profond sur la politique à suivre » notamment dans le domaine de l’éducation, il a provoqué des sueurs froides dans l’exécutif qui craint de voir sa majorité se réduire encore quelques mois après la crise ouverte par la loi Immigration. C’est sans doute pourquoi, malgré « la fronde » de Bayrou, le gouvernement a choisi de conserver quatre députés Modem dans le gouvernement nouvellement annoncé.

D’autant que l’axe dessiné par Macron pour la seconde moitié du quinquennat risque de se heurter à une autre réalité : celle de la crise économique et des tensions sociales. La croissance de la France est à la peine, les investissements sont à l’arrêt et le chômage repart à la hausse. En parallèle, l’inflation continue d’écraser les classes populaires et les hausses de salaires s’annoncent cette année encore plus minables que l’année précédente. Des coordonnées qui pourraient mettre en difficulté le plan austéritaire prévu par la macronie, à condition que la colère sociale revienne sur le devant de la scène.

De premiers échos en ce sens nous sont parvenus ces dernières semaines. La crise ouverte par les scandales en chaîne d’Amélie Oudéa-Castera et les promesses d’attaques contre l’école ont débouché sur une mobilisation massive des personnels de l’Éducation Nationale, tandis que le mouvement des agriculteurs est venu plonger le nouveau gouvernement dans la tourmente. Si la « parenthèse Attal » se conclue par un remaniement sans changement, elle appelle surtout à une inversion du rapport de force pour faire émerger cette fois, une véritable alternative politique au projet réactionnaire que nous promet le (pas si) nouveau gouvernement.


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Erell Bleuen

@Erellux

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