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Inflation

Macron et le prix du carburant : un petit chèque et un gros enfumage

Face à l’inflation, Macron a annoncé dimanche des miettes sous forme de chèques-carburants, ainsi que des négociations en vue de convaincre plusieurs grosses compagnies de vendre à prix coûtant ou de réduire leurs marges. Une illusion totale à laquelle le patronat du pétrole a déjà opposé une fin de non-recevoir.

Arsène Justo

25 septembre 2023

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Macron et le prix du carburant : un petit chèque et un gros enfumage

La concession est minime et relève essentiellement d’un effet d’annonce, elle n’en constitue pas moins un recul pour l’exécutif : alors que le gouvernement avait annoncé le 12 juillet « la fin des chèques », Emmanuel Macron a annoncé ce dimanche la mise en place d’un nouveau dispositif d’aide aux ménages sous forme de… chèque. Ce dernier devrait prendre la forme d’une aide de « 100 euros par voiture et par an » et se focaliser sur les « personnes qui travaillent et qui ont besoin de rouler », et en particulier sur les 50% des salariés « les plus modestes ».

La mesure prend en réalité la suite d’une initiative identique, appliquée de janvier à mars 2023. Une reculade qui s’inscrit dans un contexte d’inflation qui ne cesse de comprimer les salaires et d’appauvrir les travailleurs et les classes populaires face auquel le gouvernement craint une nouvelle explosion sociale, comme ça avait été le cas avec le mouvement des gilets jaunes ou plus récemment en automne 2022 lors de la grève pour les salaires des raffineurs.

Le camouflet cuisant subi de la part du grand patronat de l’énergie il y a quelques jours a donc fini par imposer à Macron de trouver une alternative. Bien que cette mesure témoigne de la grande fébrilité du gouvernement, elle n’en demeure pas moins d’une faiblesse abyssale : 8€ par mois par voiture, et ce uniquement pour une partie des travailleurs. Le président a de plus été particulièrement clair : l’indemnité ne doit pas servir aux « déplacements de confort ». Autrement dit, la mesure doit se contenter de permettre aux ménages modestes de continuer à apporter leur force de travail à leur patron, mais en aucun cas d’échapper au quotidien « auto-boulot-dodo ».

Pour tenter de donner le change face à un patronat qui a vu ses profits et marges exploser, Emmanuel Macron a également annoncé vouloir négocier avec les grandes compagnies de l’énergie et de la grande distribution, afin de les convaincre de vendre leur carburant à prix coûtant. Cette annonce fait directement suite au revers évoqué plus haut, que plusieurs grandes compagnies ont infligé au gouvernement la semaine dernière. Bien que le patronat semble plus réceptif à cette seconde proposition, comme en témoigne l’interview du dynaste Michel-Edouard Leclerc dans le JDD, elle est elle aussi essentiellement fictive. La part des marges des entreprises distributrices de carburant est en effet extrêmement faible dans le prix final en sortie de pompe, les baisses qui en résulteront pour les usagers seront donc bien en deçà du niveau de l’inflation.

Dernier volet des mesures du gouvernement, une pseudo accord pour empêcher « qu’il y ait des marges abusives qui se fassent sur le raffinage ». Dans la continuité de sa politique d’interpellation impuissante des grands patrons, dont Bruno Le Maire s’est fait le chantre ces derniers mois, Macron prétend trouver un accord avec les multinationales du pétrole pour qu’elles réduisent leurs profits… De la poudre aux yeux à laquelle le lobby des pétroliers Ufip Énergies et Mobilités a répondu dès ce lundi matin par la voix de Olivier Gantois : « On est dans la logique des marchés. Un carburant à un prix qui est continental, donc européen, qui résulte de l’équilibre offre-demande. Cet équilibre s’impose à la France. La France n’y changera rien. »

Circulez, il n’y a rien à voir. Et pour cause, il est risible d’espérer le moindre gain significatif en négociant gentiment avec ceux qui ont accru exponentiellement leurs profits grâce, justement, à l’inflation. Macron le sait. Le bilan à tirer des annonces gouvernementales en matière d’inflation est donc simple : face à l’inflation galopante et au risque d’explosion sociale, le gouvernement tente de s’en sortir avec des mesures minimales et des effets d’annonce. Avec un petit chèque et de gros mensonges, en cohérence avec sa politique 100% pro-patronale.

Rien qui ne pourrait soulager la pression croissante des prix sur les travailleurs et les classes populaires. Pour toucher aux profits du grand patronat, il faudra le contraindre. Pour cela, le seul moyen dont disposent les travailleurs et les classes populaires pour sortir de ce marasme n’est évidemment pas d’attendre passivement les résultats de la concertation entre le gouvernement et les grands patrons qu’il sert, mais de se mobiliser dans la rue et dans les entreprises. Une mobilisation qui devrait exiger l’indexation des salaires sur l’inflation, leur augmentation généralisée de 400€ mais aussi l’expropriation et la mise sous contrôle ouvrier du secteur de l’énergie.


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