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« J’ai changé » ?

Hamon ministre, Hamon député. « Frondeur » mais pas trop

Hamon, le candidat qui vient remettre en cause l’ordre établi ? C’est en tout cas de cette manière que les médias l’ont présenté cette semaine, face à un Valls « socialiste » sérieux et raisonnable. Mais si sa mesure phare de revenu universel remet déjà en cause cette vision, qu’en est-il de sa participation concrète à l’exercice du pouvoir ? Retour sur ces années au gouvernement sous le quinquennat Hollande.

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Marah Macna

Un « frondeur »... en faveur de la concurrence libre et non faussée

Même si celui-ci cherche à se présenter comme le renouveau ou la jeunesse du Parti socialiste, Benoît Hamon est loin d’être novice dans la maîtrise des appareils du pouvoir. Après l’Unef et le Mouvement des jeunes socialistes, il a fait ces armes au sein du Parti socialiste depuis des dizaines d’années. Dès 2012, après avoir occupé la place de porte-parole du PS pendant la campagne, il est embauché au gouvernement au poste de Ministre délégué à l’Economie sociale et solidaire et à la Consommation. De ce mandat, Benoît Hamon revendique aujourd’hui haut et fort sa loi éponyme (loi Hamon), qu’il présente comme une loi favorisant le pouvoir d’achat, et permettant de « rééquilibrer les pouvoirs entre consommateurs et professionnels ». Ce qu’il ne dit pas, c’est que cette loi a été l’une des premières étapes de la politique libérale du quinquennat Hollande : pour valoriser le pouvoir d’achat, Benoît Hamon défend en effet à l’époque qu’il faut favoriser la concurrence entre les entreprises, et prône la déréglementation, notamment en ce qui concerne le marché de l’optique. Un proche de Benoît Hamon rappelle d’ailleurs aujourd’hui que « quand il était secrétaire général adjoint de l’Elysée, Emmanuel Macron était fan de notre loi consommation ». Entre « socialiste » et « social-libéral », les frontières sont désormais bien poreuses...

Le ministre de l’accompagnement de la politique pro-patronale

Et alors que la loi Hamon était votée, le ministre Hamon voyait passer sous ses yeux, à chaque conseil des ministres, les loi les plus pro-patronales du quinquennat Hollande, et ce, sans sourciller. Dès novembre 2012, le gouvernement Ayrault propose et fait voter le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), offrant 20 milliards d’euros aux grandes entreprises. Un cadeau aux patrons qui a du mal à passer quand le SMIC ne voit aucune augmentation. En 2013, Hamon ministre voit aussi passer l’Accord National Interprofessionnel, qui poursuit le détricotage du code du travail et prépare le terrain de la loi Travail. Hamon accompagne d’ailleurs cette politique socialiste de droite, jusqu’à soutenir la proposition que ce soit Valls, déjà connu comme à droite au sein du parti, qui remplace Ayrault au poste de premier ministre.

Le député frondeur... sauf quand il s’agit de voter une motion de censure

Mais sans doute la posture la plus hypocrite dans les propos de Hamon reste sa position sur la loi travail. Qu’il s’y oppose et dise vouloir l’abroger apparaît comme une bonne chose. Mais en réalité, le frondeur en chef n’a jamais réussi à aller jusqu’à voter une motion de censure permettant qu’elle ne soit pas votée. En effet, se pliant aux menaces du PS qui avait dit vouloir prendre des mesures contre les frondeurs, ceux-ci ne votent pas la motion de censure présentée par la droite, mais celle soutenue par le Front de Gauche, empêchant ainsi de mettre un terme à la valse des 49.3 et à la répression violente que nous étions nombreux à vivre dans la rue. En définitive, entre la vie de millions de travailleurs et les accords d’appareil interne au PS, le député et « candidat de la remise en cause de l’ordre établi » avait choisi son camp.


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