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Remaniement

Absence des professeurs : la ministre crache d’entrée de jeu sur les travailleurs de l’Education

Pour son premier jour de mandat, la ministre de l’Education et des Sports a ouvert la première crise du gouvernement Attal. Pour justifier le placement de ses enfants dans un établissement privé catholique, elle a évoqué sa « frustration » face aux heures « pas sérieusement remplacées » dans l'école publique, révélant d'entrée tout son mépris pour le personnel de l'éducation nationale.

14 janvier

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Absence des professeurs : la ministre crache d'entrée de jeu sur les travailleurs de l'Education

Il n’a suffit que d’une journée après le remaniement du gouvernement Macron-Attal pour que s’ouvre la première crise au sommet de la macronie. Attal peut remercier sa remplaçante, la nouvelle ministre de l’Éducation et des Sports Amélia Oudéa-Castéra dont les déclarations concernant la scolarisation de ses enfants ont provoqué la colère des enseignants.

Interrogée par un journaliste de BFMTV sur la scolarisation de sa progéniture au collègue-lycée Stalinas, un établissement privé catholique pour lequel il faut débourser plus de 2000 euros par an pour y inscrire son enfant, la ministre a tranquillement expliqué qu’elle s’était tournée vers l’enseignement privé face à la « frustration » de voir le « paquet d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacés ». « A un moment on en a eu marre, et comme des milliers de familles, on est allé chercher une solution différente » a-t-elle assumé.

Combo gagnant pour la ministre. A peine nommée, elle a réussi en quelques minutes à montrer tout le mépris accordé par le gouvernement Macron à l’enseignement public, attaqué depuis des années par les politiques du ministère qu’elle vient de rejoindre. Dans le même temps, elle valorise le choix d’un établissement dont les pratiques homophobes, autoritaires et anti-IVG ont été épinglées par Mediapart. De quoi donner un aperçu des « valeurs éducatives » d’Amélia Oudéa-Castéra s’engage à transmettre au cours de son mandat.

Des propos qui ont immédiatement provoqué la colère des enseignants et fait réagir les organisations syndicales du secteur. La CGT Éducation décrivait ce vendredi sur X des propos « hallucinants », « lamentable et indignes » tandis que sur France Info, la secrétaire générale du Snes-FSU dénonçait un « but contre son camp » de la ministre : « dès son premier jour, un fossé se creuse entre la ministre et les professeurs de l’enseignement public : pointer du doigt ce qui n’est pas bien fait dans l’école publique, alors même que la responsabilité des dysfonctionnements revient à la politique d’Emmanuel Macron, c’est un sacré exploit ». Des déclarations particulièrement acerbes qui ne doivent cependant pas faire oublier que la majorité des directions syndicales ont exprimé des regrets quand au « passage éclair » de Gabriel Attal à l’Education nationale alors même qu’il a été le principal artisan d’une offensive islamophobe et autoritaire contre les élèves.

Du côté des associations des parents d’élèves, même son de cloche. Pour le porte-parole de la PEEP (Fédération des Parents d’Elèves de l’Enseignement Public) Laurent Zameczkowski, « maintenant qu’elle a dit ça, elle a plutôt intérêt à trouver une solution ». Grégoire Ensel, président de la FCPE (fédération des parents d’élèves) a lui aussi fustigé les propos de la ministre : « La ministre fait le constat que font des dizaines de milliers de parents, face aux 15 millions d’heures perdues chaque année pour les enfants, mais qui eux, par choix ou parce qu’ils ne l’ont pas, restent dans l’école publique et subissent la désorganisation de ce service public ».

La polémique a pris une ampleur telle qu’ Amélia Oudéa-Castéra a été obligée de revenir sur ses propos, disant « regretter » d’avoir pu « blesser certains enseignants », pendant que le premier ministre Gabriel Attal a lui aussi été forcé à réagir en expliquant que l’exécutif « se retrousse les manches » sur la question des absences des professeurs. Une référence à la réforme du pacte enseignant qui, marquant un saut vers le management néolibéral de l’école, peine encore à s’imposer dans les établissements et pourrait être renforcée par de prochaines mesures.

Une crise ouverte qui promet d’être la première d’une longue série. Car si le gouvernement « se retrousse les manches » dans l’Éducation Nationale ces dernières années, c’est pour casser le statut des enseignants, réduire année après année les moyens alloués au secteur, et faire des lycéens des bons petits soldats à coup de mesures réactionnaires. Un projet que la nouvelle ministre s’apprête à diriger et contre lequel il va falloir que personnels de l’éducation et lycéens se préparent à lutter. Alors que les directions syndicales appellent à la grève dans l’éducation nationale le 1er février prochain, il faut exiger un plan de bataille pour construire une mobilisation d’ampleur pour les salaires et contre la casse de l’école, à même de faire reculer le gouvernement.


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