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Le précédent des gueules noires de 1948

Taper sur les syndicalistes. Une longue tradition chez les socialistes

Les peines encourues par les cégétistes de Goodyear sont extrêmement lourdes, mais les socialistes n’en sont pas à leur premier (mauvais) coup. Il faut remonter soixante-dix ans en arrière, néanmoins, pour retrouver pareille décision dans les annales de « justice ». En 1948, sur ordre du ministre socialiste de l’Intérieur, Jules Moch, plus d’un millier de grévistes des Charbonnages de France sont condamnés à de lourdes peines de prison, licenciés et mis à l’index. Sept cents d’entre eux, au moins, venaient des Houillères du bassin du Nord et du Pas-de-Calais, voisins, en ce sens également, des Goodyear d’Amiens.

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Beaucoup sont des héros. Nombreux sont ceux qui ont fait la Résistance. Certains ont même combattu en Espagne après 1936. À la fin de la guerre, ils répondent aux injonctions du PCF qui lance la « Bataille du charbon », alors que les communistes sont au pouvoir avec les socialistes et De Gaulle. En 1948, les ministres PCF ont été jetés du gouvernement, mais ce sont surtout les salaires qui ne suivent pas alors qu’on leur en demande toujours plus. La base des mineurs, massivement syndiquée, impose à la direction cégétiste l’appel à la grève. Bientôt, dans des dizaines de puits, ce sont 300 à 400 000 mineurs qui paralysent la production pendant près de quatre mois.

La réponse du gouvernement est féroce. Moch envoie les CRS sur les carreaux. Les mineurs se défendent et lancent le slogan « CRS-SS », pour rappeler aux policiers français qu’ils jouent le même rôle que les soldats nazis qui avaient déjà réprimé la grande grève des mineurs de 1941. Le gouvernement socialo-gaulliste finit par faire plier les grévistes. Les procès qui s’ensuivent sont légion. Plus d’un millier de mineurs écopent de peines de prison, les anciens gradés de la Résistance, des FTP ou des FFI, sont cassés, et les grévistes sont licenciés, jetés de leurs logements de fonction avec leurs familles, avant même d’entrer en prison.

Mitterrand avait fait voter, en mai 1981, une loi d’amnistie. 36 ayants droit et un survivant, militant communiste et cégétiste de 90 ans, ont été pleinement réhabilités dernièrement par Hollande, après plusieurs années de combat judiciaire, rouvert après 2005. Mais c’est à la mémoire de Jules Moch que Hollande a choisi d’être fidèle, dans le dossier Amiens comme dans bien d’autres : bien que la multinationale Goodyear ait retiré sa plainte, c’est le procureur, qui dépend du gouvernement, qui a choisi de poursuivre Mickaël Wamen et ses camarades pour l’action de défense de l’emploi de 2014. Jules Moch continue à faire des émules.


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