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Précarité

Suppression de l’ASS : Attal s’attaque aux chômeurs de longue durée

Mardi dernier, Gabriel Attal a annoncé la suppression de l’allocation spécifique de solidarité pour les chômeurs en fin de droit et son remplacement par le RSA. Une nouvelle attaque contre les plus précaires, qui s’ajoute aux précédentes réformes de l’assurance chômage.

Floé Brique

2 février

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Suppression de l'ASS : Attal s'attaque aux chômeurs de longue durée

Lors de son discours de politique générale mardi dernier, Gabriel Attal a annoncé la suppression de l’allocation spécifique de solidarité pour les chômeurs en fin de droit et son remplacement par le RSA. Selon lui, « notre modèle » serait « protecteur » et « envié dans le monde entier ». Une mesure qui n’a rien d’anodin puisque pour économiser 1,6 milliards, le gouvernement a fait le choix de continuer à pousser les 300 000 chômeur-euse-s bénéficiaires de cette aide vers toujours plus de précarité afin de les pousser à prendre n’importe quel emploi.

L’allocation de solidarité spécifique (ASS), qu’Attal qualifie de « trappe à inactivité » est d’abord une aide accordée aux demandeurs d’emploi ayant épuisé tous leurs droits à l’assurance-chômage (trois allocataires sur quatre sont sans emploi depuis au moins 3 ans). Si pour un nombre relativement restreint de personnes le basculement sera équivalent, le plus probable est que cette suppression sèche impliquera une baisse d’environ 16% du niveau de vie pour 75% des allocataires selon une note confidentielle d’un organisme d’expertise du gouvernement.

L’argument du ministre est que cette prestation « permet, sans travailler, de valider des trimestres de retraites », un détail important lorsque l’on sait que 57 % des bénéficiaires de l’ASS sont âgés de 50 ans ou plus, c’est-à-dire dans une position très défavorisée sur le marché de l’emploi... Qu’à cela ne tienne, « la retraite doit toujours rester le fruit du travail ». A la suite de l’augmentation de l’âge de départ à la retraite, et d’une politique visant à la professionnalisation de l’enseignement secondaire, l’objectif est clair : rallonger le nombre d’heures travaillées dans une vie, en pressant toujours plus leur rémunération et leurs conditions.

Comme le résume l’économiste Michaël Zemmour, dans une note de blog : il s’agit d’une forme de « punition sociale des personnes hors de l’emploi pour récompenser implicitement celles qui en ont un : il s’agit de faire en sorte que la vie des personnes hors de l’emploi soit la moins vivable possible, ou dit autrement de « valoriser » l’emploi rémunéré, sans l’augmenter lui-même, mais en creusant l’écart avec celles et ceux qui n’en ont pas. »

Cette politique relance la rhétorique de la prétendue fénéantise des chômeur-euse-s qui pourraient retrouver du travail par simple volonté (quand tout indique, à l’inverse, que ces mesures ne vont que précariser celles et ceux qui le sont déjà, sans garanties supplémentaires de travailler), mais là n’est pas sa visée principale. En arrière-plan, il s’agit de donner au patronat les conditions les plus optimales pour maintenir à la baisse les salaires et les conditions d’activité des travailleur-euse-s.

Le nouveau plan d’attaque contre le travail et les chômeurs dont Macron esquissait les traits le 16 janvier dernier, se concrétise dans les mesures annoncées par son premier ministre. Ce dernier, se félicitant d’un taux de chômage à 7,4%, a annoncé vouloir faire cap vers 5% en 2027, indissociable de l’annonce de la généralisation du conditionnement du RSA à une quinzaine d’heures d’activité. Le gouvernement, par sa politique, durcit toujours plus les conditions d’accès au chômage, doublé d’une précarisation telle qu’elle oblige un retour à l’emploi à n’importe quelle condition.

Ce projet remonte loin au-delà du simple programme macroniste : déjà envisagée par Valls en 2016, la fusion du RSA avec l’ASS n’a rien de nouveau et était également soutenue par des rapports sénatoriaux rédigés par LR « au profit d’un RSA rénové résolument orienté vers l’accès ou le retour à l’emploi des allocataires ».

Une preuve discrète que ces partis mènent donc ensemble, à travers mille nuances et faux débats, une même politique de classe. Ces prétendues « simplifications » des minima sociaux ont pour d’abord pour objectif non pas la « débureaucratisation » annoncée par Attal, mais les économies de grande échelle pour l’Etat, au service du patronat. Pour rappel, pendant que le gouvernement rogne sur les droits des chômeurs et des plus précaires, c’est, chaque année, entre 94 et 260 milliards d’euros qui sont offerts au patronat, sous forme de crédits d’impôts ou d’aides directes.


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