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Montpellier

Suppressions d’emplois à Schneider Electric : la direction reste sourde, la grève continue

Depuis l'annonce de la fermeture de l'usine de Lattes et de la suppression de 78 emplois, la direction n'adresse rien d'autre que du mépris aux salariés. Une stratégie pour épuiser les grévistes, qui sont bien déterminés à se battre.

Lucas Darin

19 janvier 2021

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C’est en septembre que le groupe Schneider Electric a annoncé son intention de supprimer plusieurs centaines d’emplois, et de fermer trois usines dont celle de Lattes dans laquelle travaillent 78 salariés. Une fermeture de site de plus dans le bassin héraultais, qui constitue une nouvelle étape de la liquidation des activités du groupe qui employait près de 1200 personnes dans la région en 2010 contre 400 aujourd’hui.

Les salariés grévistes ont pour la plupart connu plusieurs usines héraultaises et donc plusieurs PSE et fermetures. Une pression qu’ils expriment très clairement : encore pire que l’incertitude, ils travaillent depuis des années en sachant que le groupe essaiera de les bouger comme des pions dès qu’il en aura envie. Un constat amer qui explique la lucidité quant à l’avenir et aux propositions de reclassement faites par le groupe, qui ne seront que temporaires avant la prochaine « restructuration ».

Les grévistes revendiquent une indemnité de 15 000 € pour le préjudice dû à la succession des PSE : sur les 10 dernières, ce sont 5 restructurations qui se enchaînées, conduisant à la suppression de près de 1000 emplois par Schneider Electric.

Au vu de la crise économique actuelle et de la vague de licenciements qui frappe le pays, cette revendication de 15 000€ par salarié paraît être le minimum. Cette somme correspond à moins d’un an de salaire, ce qui est loin d’être négligeable. Pour autant, l’enjeu est encore plus grand, le licenciement n’est pas qu’un « préjudice ». Comment retrouver du travail à 45, 50 ou 55 ans, alors même que de nouveaux PSE sont annoncés tous les jours et qu’aucun secteur ne recrute ? D’autant plus que la plupart des salariés de l’usine y travaillent depuis de nombreuses années, pour certains depuis plus de 30 ans.

Ce ne sont pas 78 emplois qui sont menacés, mais bien 78 personnes et 78 familles dont la vie va basculer dans les mois qui viennent.
Tous ces éléments sont loin d’être une préoccupation pour l’entreprise, qui ne fait que mépriser les travailleurs et les travailleuses depuis des mois.

D’abord, le PSE en lui-même est un crachat au visage de la part d’une entreprise qui a fait 2,4 milliards de bénéfice en 2019. Rappelons qu’il n’y a aucune raison ou justification pour la fermeture de cette usine : Schneider Electric termine l’année 2020 en hausse de 29,3% au CAC40. Son directeur général, Jean-Pascal Tricoire, s’accordait en 2019 un salaire de près de 3 millions d’euros. La seule motivation de ces licenciements est de conserver voire augmenter les profits des actionnaires, quitte à sacrifier des centaines d’ouvriers et de salariés.

Ensuite, cet été, la direction de l’usine a fait effectuer aux salariés un maximum d’heures supplémentaires en sachant très bien que l’annonce du PSE allait être faite mi-septembre. Et pour finir, depuis le début du mouvement de grève, la direction reste sourde à la revendication de l’intersyndicale et des grévistes, et ne propose que 5 000 € d’indemnité supplémentaire. Une nouvelle insulte qui témoigne de l’absence totale de considération du groupe pour les travailleurs, qui sont pourtant le seul maillon essentiel de l’entreprise : ce ne sont ni les patrons, ni les actionnaires qui font tourner les machines ou produisent quoi que ce soit !

Devant ce mépris de la direction, les grévistes restent mobilisés et déterminés, prêts à s’engager « au moins jusqu’à la fin du mois » nous confie l’un d’entre eux. Ils sont nombreux tous les jours et toutes les nuits à rester sur le piquet, malgré le froid et le vent, conscients du rapport de force qu’ils installent en bloquant la production de Schneider Electric, leur usine produisant des pièces essentielles à l’assemblage effectué dans d’autres sites du groupe.
Si la direction s’entête et que les grévistes décident de faire durer le conflit, nul doute qu’ils auront besoin de tous les soutiens extérieurs, autant physiques sur le piquet de grève, que financiers à travers une caisse de solidarité.

Ces dernières semaines, plusieurs conflits ont éclaté sur des sites concernés par des licenciements, comme à Lisi Creuset ou encore à la raffinerie Total de Grandpuits, où les travailleurs se sont opposés aux licenciements, montrant la possibilité de refuser en bloc les PSE.

Alors que le grand patronat veut faire payer la crise aux travailleurs et aux travailleuses, il paraît de plus en plus indispensable d’être solidaires et de se coordonner pour faire front ensemble, relever la tête et mettre un terme à la vague de licenciements.


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