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Pressions, départs forcés : l’envers du décor des suppressions de postes à La Redoute

L’entreprise française de textile la Redoute, leader dans le secteur de la vente par correspondance, est accusée de déguiser des licenciements en les faisant passer pour des départs volontaires. Ces départs résultent, selon des salariés et les syndicats, de menaces et de pressions exercées pour pousser au départ.

Louisa Eshgham

6 février 2021

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De nombreux salariés de La Redoute ont récemment dénoncé des manœuvres de la direction, qui s’arrange pour pousser les salariés au départ, et donc pour déguiser des licenciements en « ruptures conventionnelles ». C’est un article de La voix du Nord qui a dévoilé le pot-au-rose. La direction peut ainsi supprimer des emplois sans avoir à licencier, ce qui leur permet à la fois de faire des économies mais aussi de ne pas trop entacher leur image.

« Ces derniers mois, la direction de La Redoute multiplie les entretiens avec les salariés qui se voient ‘‘proposer’’ brutalement une rupture conventionnelle. Tout commence par un entretien pour ‘‘faire un point de carrière’’, mais cela évolue très vite vers une ‘‘proposition de départ’’. Et si le salarié souhaite rester dans l’entreprise, la direction sort la menace d’un licenciement » a ainsi indiqué la CGT La Redoute, dans un communiqué publié sur sa page facebook le 18 janvier dernier.

En effet, plusieurs salariés témoignent, dans l’article de la Voix du Nord, avoir reçu brutalement une proposition de rupture conventionnelle. Si le salarié refuse et exprime son souhait de rester dans l’entreprise, la direction menace de licencier, par exemple, tel que l’explique une salariée, « en évoquant un mail listant les fautes qu’elle aurait commises ». Il s’agit donc de pressions exercées sur les salariés, parfois couplées de harcèlement tel que le dénonce une salariée, qui visent à leur montrer qu’ils n’ont en réalité pas le choix : le départ est acté, le salarié n’a plus qu’à partir de lui-même ou à subir un licenciement pour faute, particulièrement violent.

Certains salariés en ont payé le prix puisque la direction a mis ses menaces à exécution. C’est ainsi que Annie* a été licenciée pour faute après avoir refusé la rupture conventionnelle, toujours selon La Voix du Nord. Elle dénonce que la seule faute qu’elle aurait commise est d’avoir refusé la rupture conventionnelle, d’avoir tenu tête à la direction.

Les personnes contraintes au départ ne sont pas choisies au hasard, en effet les salariés expliquent que beaucoup de personnes ciblées ont en commun d’avoir de l’ancienneté, donc de coûter plus cher que les nouvelles recrues… C’est par exemple le cas de Nadia*, forcée au départ après 20 ans d’ancienneté.

Des faits qui montrent la façon inhumaine dont l’entreprise traite ses salariés et jusqu’où le patronnat est prêt à aller pour faire des économies, malgré les déclarations de Jean- Philippe Sloves, directeur de la communication de La Redoute qui prétendait en 2019 que « l’humain passe avant tout ». Pourtant, l’entreprise se porte très bien, Nathalie Balla expliquait en octobre dernier être « en ligne avec les objectifs fixés, même légèrement au-dessus ». En effet, la crise n’a pas affecté la vente en ligne mais a, au contraire, permis à l’entreprise de « faire avancer un projet qui était dans les cartons ».

Face à l’offensive patronale, la nécessité de lutter contre tout type de suppression d’emploi

Il n’est pas anodin que ces licenciements déguisés interviennent dans cette période d’énorme offensive patronale, tels qu’en témoignent les plans de licenciements qui organisent des suppressions massives d’emplois et attaquent les droits acquis par les travailleurs (baisse de salaire, suppressions d’avantages…).

C’est pour cette raison que nous devons être intransigeants dans la période et ne pas uniquement nous battre contre les licenciements secs mais contre toute suppression d’emploi, qu’il s’agisse de « départs volontaires », vocabulaire qui masque les pressions que peuvent subir les salariés comme l’illustre le cas de la Redoute, ou pas. En effet, cet exemple nous montre à quel point il est aisé pour les patrons de manœuvrer et de menacer les salariés, surtout en l’absence de tout rapport de force, de façon à les contraindre au départ, en négociant leurs indemnités de départ.

C’est pour cette raison, mais aussi pour sauver les emplois de demain, que nous devons refuser cette logique et nous battre pour aucunes suppressions d’emploi et aucune baisse de salaire. Ce n’est pas aux salariés de payer cette crise générée par le capitalisme, mais aux patrons qui s’enrichissent sur le travail des salariés et qui continuent à verser des dividendes faramineux à leurs actionnaires, tout en bénéficiant de subventions du gouvernement, et en profitant souvent de la crise pour faire encore plus de bénéfices.


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