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Criminalisation

Paris-Cité : la fac demande l’avis de la DGSI pour une réunion étudiante anti-raciste

Jugeant « sensible » la tenue d'une réunion du Poing Levé sur les questions anti-racistes, l'Université Paris Cité a demandé avis à la DGSI et à la police. Une politique qui s'attaque au droit d'organisation dans les facs.

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Paris-Cité : la fac demande l'avis de la DGSI pour une réunion étudiante anti-raciste

La politique de répression de l’organisation des étudiant·es sur les facs se poursuit, même en dehors des grandes mobilisations nationales. Ce lundi, alors que devait se tenir à l’Université Paris-Cité une réunion du Poing Levé, l’organisation a appris que sa tenue dépendrait... de l’avis donné par la Préfecture de police et la DGSI.

Dans le cadre de l’organisation de cette réunion sur les questions anti-racistes et contre la loi immigration, le Poing Levé a réalisé les démarches habituelles pour obtenir une salle sur le campus des Saints-Pères de l’Université Paris-Cité, situé dans le 6ème arrondissement de Paris. Après plusieurs allers-retours entre différents services et des réponses contradictoires, l’organisation a finalement reçu un avis favorable, mercredi 24 janvier, quant à la tenue de la réunion.

Mais ce jeudi, soit un jour après avoir reçu cet avis favorable, le fonctionnaire de sécurité et de défense adjoint, responsable de la sécurité de la fac, et le vice-président étudiant, ont finalement sonné l’alerte et appelé à la « vigilance » à avoir quant à la tenue de cet évènement jugé « sensible ». Dans ce cadre, la sécurité a expliqué vouloir soumettre la tenue de la réunion à la police et aux services de renseignement français :

« Je vais en référer au HFDS [Haut Fonctionnaire de Défense et de Sécurité] et à mon contact à la PP [préfecture de police] et DGSI [Direction Générale de la Sécurité Interne], pour avis motivé » explique le responsable sécurité dans un mail que nous avons pu consulter. Un contrôle autoritaire aussi grave qu’absurde, qui témoigne du niveau de répression de toute volonté de réunion étudiante pour discuter des lois racistes du gouvernement.

Mail de la sécurité de l’UPC - Consulté par RP

Pour justifier la méfiance à l’égard de la réunion, le directeur de la sécurité évoque le plan Vigipirate, qui les « oblige à être vigilants », ainsi que les « mouvements étudiants [qui] ont commencé cette semaine en marge des différentes contestations qui ont lieu dans le pays ». Le plan Vigipirate sert donc une nouvelle fois d’argument pour museler toute mobilisation politique sur les universités.

Une manière d’intimider les étudiants et de les empêcher de se mobiliser, qui s’inscrit dans la droite lignée de la criminalisation de tout soutien du peuple palestinien dans les facs ces derniers mois. Si le plus scandaleux est demander la confirmation de la DGSI pour autoriser une réunion, le fait même que le président de l’université ait un droit de censure sur les réunions syndicales ou politiques est déjà une atteinte énorme à la liberté d’expression et d’organisation.

En outre, ces échanges témoignent de l’hypocrisie totale de la présidence de l’université, qui affiche publiquement son désaccord envers la loi immigration, le vice-président et la vice-doyenne de l’université ayant en effet participé à une journée d’information sur cette loi organisée par le département des sciences sociales et ont signé la pétition des président·es d’université dénonçant les conséquences de la loi. La présidence ne manque donc pas de s’afficher publiquement contre la loi immigration lorsque ça l’arrange, tout en criminalisant toute mobilisation étudiante visant à dénoncer cette loi raciste.

Cette réunion a finalement été autorisée par l’université ce vendredi 26 janvier, en exigeant cependant ,de la part des organisateurs, l’inscription des participants ainsi que la transmission de cette liste à la présidence, un véritable fichage des étudiants mobilisés. Mais aussi une grande première puisqu’une telle demande n’avait jamais été formulée auprès du Poing Levé.

Ces mails et ces impératifs témoignent du niveau d’atteinte au droit des étudiant·es à s’organiser dans leurs lieux d’études. La criminalisation de toute mobilisation étudiante va jusqu’à ce que les services de renseignements généraux français puissent être mis au courant de cette réunion. Une répression scandaleuse mais pas tout à fait surprenante dans une université où la précédente présidence avait envisagé de faire déclarer les réunions… à la préfecture de police, avant de reculer face à la contestation.

Nous dénonçons ces attaques envers nos droits, ces offensives autoritaires au sein de nos universités et exigeons un droit d’organisation plein et entier sans regard de la présidence sur le contenu, ainsi que le retrait de la loi immigration dans sa totalité.


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