Crédits photo : Capture d’écran YouTube, France Inter
L’humoriste Guillaume Meurice a annoncé ce 2 avril avoir été suspendu par la direction de Radio France et bientôt convoqué à « un entretien préalable en vue d’une éventuelle sanction disciplinaire pouvant aller jusqu’au licenciement ». En attendant cet entretien, Guillaume Meurice a été interdit d’antenne dans les prochaines émissions du Grand dimanche soir. Pour rappel, le 29 octobre dernier, l’humoriste avait fait une blague où il comparait le président israélien Benyamin Netanyahou à une « sorte de nazi mais sans prépuce ». Ces mots qui visaient à dénoncer dénonçait le génocide mené par l’Etat d’Israël avaient provoqué la colèree des responsables politiques allant de Renaissance au Rassemblement National, appuyée par les grands médias. L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) avait adressé une mise en garde à Radio France pour ce sketch. De son côté, la présidente de Radio France, Sibyle Veil, avait donné à Guillaume Meurice un avertissement disciplinaire, qu’il avait décidé de contester. Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, s’était quant à elle désolidarisée de ce dernier.
Les associations Avocats sans frontières et l’Organisation juive européenne (OJE) avaient quant à elles déposé plainte pour « provocation à la haine » et « injure publique aggravée ». Ces plaintes furent classées sans suite le 22 avril par le parquet de Nanterre, jugeant que les motifs visées par la plainte « n’apparaissent pas caractérisées ». Guillaume Meurice vient de publier un livre Dans l’oreille du cyclone, où l’humoriste revient sur les flots d’insultes et de menaces de morts suite à sa blague. Dans sa chronique du 28 avril, Guillaume Meurice évoque le classement sans suite des plaintes et répète sa blague sur Netanyahou : « Si je dis : Nétanyahou, c’est une sorte de nazi, mais sans prépuce, c’est bon, le procureur l’a dit cette semaine. Allez-y, faites-en des mugs, des tee-shirts, c’est ma première blague autorisée par la loi française ». La suspension de l’humoriste et la menace de licenciement semblent donc être directement liées à cette blague. Face à cette convocation, Guillaume Meurice a reçu le soutien de ses collègues du Grand dimanche soir comme Waly Dia ou Charline Vanhoenacker, de députés mais aussi de nombreux militants politiques.
Tu partageras tes indemnités aux prud'hommes ?
En attendant tu peux me filer ta carte de cantine stp.
Courage @GMeurice https://t.co/JQIocGzSER
— Waly Dia (@WalyDIA) May 2, 2024
Soutien Guillaume Meurice https://t.co/T6PP48ge4m
— Médine (@Medinrecords) May 2, 2024
Soutien à toi @GMeurice ! Bienvenue dans le pays où les représentants politiques sont convoqués pour apologie du terrorisme, les humoristes menacés de licenciement, les syndicalistes licenciés pour défendre leurs collègues et les étudiants réprimés au milieu de leur fac. https://t.co/PRwyBV01ny
— Anasse Kazib (@AnasseKazib) May 3, 2024
Cette nouvelle offensive de la direction de Radio France, sous contrôle de l’Etat, illustre bien la volonté du gouvernement d’empêcher toute critique à l’Etat d’Israël et au génocide. La radio publique n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai dans ses attaques et les censures contre des humoristes. La radio s’était séparée de Nicole Ferroni par exemple, qui n’hésitait pas dans ses chroniques à s’en prendre directement aux politiques. Une chronique d’Audrey Vernon avait par exemple été censurée par France Inter car elle dénonçait le suicide d’un cheminot suite à la répression de la SNCF. Autre exemple, l’émission de Charline Vanhoenacker était originellement diffusée de manière hebdomadaire mais suite à une décision d’Adèle Van Reeth de la diffuser uniquement le dimanche soir à la rentrée 2023, beaucoup y ont vu une volonté de censurer l’émission connue pour sa satire politique.
L’acharnement de France Inter s’inscrit dans la continuité du saut répressif en cours qui vise tout ceux qui soutiennent la Palestine. Les récentes convocations de la présidente du groupe La France Insoumise à l’Assemblée nationale Mathilde Panot et de la candidate à l’élection européenne Rima Hassan, ou encore d’Anasse Kazib, porte-parole de Révolution Permanente en sont l’illustration. On peut également citer la condamnation du secrétaire de l’UD CGT 59 Jean-Paul Delescaut, et les convocations de la journaliste Sihame Assbague, ainsi que des centaines d’anonymes. La multiplication de convocations pour « apologie du terrorisme », ou l’interdiction de conférence sur la Palestine, ou encore la répression qui s’abat contre les étudiants mobilisés de Sciences Po ainsi que de plusieurs autres universités, symbolise un climat extrêmement répressif qui ne cesse de s’accentuer depuis plusieurs semaines. Que ce soit à la radio, dans les facs ou dans la rue, ceux qui dénoncent le massacre en cours se font criminaliser, fondant ainsi un délit d’opinion et remettant en question le droit à critiquer le soutien inconditionnel à l’Etat d’Israël et à son génocide.
Face à la censure d’Etat, nous apportons notre soutien à Guillaume Meurice ainsi qu’à tous celles et ceux qui sont réprimés et attaqués pour avoir été solidaires du peuple palestinien. Face à la criminalisation du soutien à la Palestine, il est impératif de faire front.