Crédits Photo : Ocupa FPUL
Alors que les mobilisations étudiantes en soutien au peuple palestinien se poursuivent dans toute l’Europe et à travers le monde, les étudiants de l’Université de Psychologie de Lisbonne ont emboité le pas en occupant leur campus depuis le 7 mai dernier afin d’exiger la fin du génocide et un « cessez-le-feu immédiat et inconditionnel » en Palestine. Néanmoins, après trois jours d’occupation, la police est violemment intervenue, marquant un saut répressif sans précédent.
Selon le témoignage de Joana Fraga, porte-parole de la mobilisation, rapporté par l’agence de presse portugaise Lusa, la police est arrivée sur le site à 22 heures et a annoncé que « sur les instructions de la direction [de la faculté], elle avait reçu l’ordre de faire sortir » les participants à l’occupation. Dès lors, selon Catarina Bio, également porte-parole du mouvement, « certaines personnes ont été contraintes de partir et huit personnes ont été arrêtées, menottées et emmenées par la police ». Si les 8 étudiants arrêtés ont été libérés après avoir passé la nuit au poste de police, ils seront jugés fin mai pour « désobéissance civile ».
Selon Joana, lorsque les forces de l’ordre sont arrivées, une manifestation a eu lieu devant le bâtiment occupé, en soutien aux étudiants se trouvant à l’intérieur. Néanmoins, celle-ci précise que cette mobilisation a été violemment réprimée, affirmant : « À notre arrivée, il y a eu beaucoup de violences policières. Je parle de fortes bousculades et de coups de matraque, laissant même les parents d’étudiants, qui soutenaient la protestation, par terre ».
O acampamento estudantil na Faculdade de Psicologia da Universidade de Lisboa começou esta noite a ser dispersado por agentes da PSP, tendo sido registada a detenção de 8 pessoas. Estudantes queixam-se de violência policial
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— Expresso (@expresso) May 10, 2024
En dépit de cette répression et de la criminalisation qui l’accompagne, les étudiants lisboètes ne comptent pour autant se taire et appellent à continuer les mobilisations en solidarité avec la Palestine. Le soir même de l’intervention policière, Joana affirmait au journal Público que le campement se maintiendrait à l’extérieur de l’Université : « Nous camperons devant la faculté et nous allons continuer ». De la même manière, sur un communiqué publié sur Instagram, les étudiants mobilisés déclarent : « Nous ne pouvons pas accepter que la police soit appelée dans nos propres facultés. Nous continuerons à résister et à occuper à nouveau, ensemble ! »
Dans ce sens, 120 étudiants de la faculté de psychologie se sont réunis en Assemblée Générale ce vendredi, ont décidé d’occuper à nouveau l’université dès lundi, et appellent à élargir la mobilisation : « Il est temps de nous unir et de montrer haut et fort que nous ne nous tairons pas face au génocide, et que nous combattons ceux qui nous volent notre avenir et ce système qui place le profit au-dessus de la vie ».
Par ailleurs, au Portugal, ce mouvement étudiant de solidarité avec la Palestine s’étend au-delà de la capitale. À Porto, le 8 mai dernier plusieurs dizaines d’étudiants, travailleurs et habitants se sont réunis devant l’Université de Porto pour exiger la « coupure des relations entre cette université et toutes les entreprises, universités ou institutions publiques et privées israéliennes » et demander à l’Université de « prendre une position ferme en condamnant le génocide en Palestine ». Une lettre signée par plus de 500 personnes a été présentée au recteur qui l’a alors balayé d’un revers de la main en affirmant que « le rectorat n’a pas le pouvoir de décision d’exiger la coupure des relations » et que l’Université « n’a pas de lien officiel avec Israël ».
Dans un communiqué publié ce vendredi sur Instagram, plusieurs collectifs portugais de soutien à la Palestine réitèrent leur demande de « condamnation officielle du génocide par [l’Université de Porto], la création de nouveaux protocoles et la promotion des protocoles existant entre les universités portugaises et palestiniennes », dans le but « faire pression sur les directeurs d’université et continuer à déraciner toutes les relations avec Israël ».
Malgré une répression accrue des mobilisations dans les universités en réponse à un élan inédit de soutien estudiantin et internationaliste, les étudiants portugais appellent à poursuivre et élargir le mouvement pour exiger la libération du peuple palestinien, la reconnaissance du génocide et la cessation de tout partenariat avec l’État d’Israël.
À l’heure où Israël poursuit son offensive à Rafah, au Portugal et partout ailleurs, la jeunesse solidaire de la Palestine montre la voie à suivre, et affirme qu’elle ne se laissera pas faire face aux tentatives de musellement.
