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« Le processus de mobilisation du 93 doit être discuté partout ». Interview de deux enseignants de Blaise Cendrars

Après six semaines de mobilisation dans le 93, le 22 avril a été marqué par une nouvelle journée de grève. Nous avons interviewé deux grévistes du lycée Blaise Cendrars à Sevran, qui reviennent sur leur expérience et tirent les bilans.

RP Éducation

28 avril

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« Le processus de mobilisation du 93 doit être discuté partout ». Interview de deux enseignants de Blaise Cendrars

Après six semaines d’une mobilisation profonde dans le 93, alors que le ministère n’a rien lâché, cette semaine de rentrée a été marquée par une nouvelle journée de grève. Nous réalisons un entretien avec deux grévistes du lycée Blaise Cendrars à Sevran, Léon, prof de philosophie, et Guillaume, prof de sciences économiques et sociales et militant à Révolution Permanente. A l’avant-garde de la première phase de la mobilisation, ils reviennent sur leur expérience et tirent les bilans de celle-ci.

RP : Dans la première phase de la mobilisation, Blaise Cendrars a été à l’avant-garde, avec beaucoup de détermination et de radicalité. Qu’est-ce que cette dynamique dit de l’état d’esprit actuel ?

Guillaume : La détermination avec laquelle on s’est battu ces dernières semaines montre la profondeur de la colère. Ça fait un moment qu’il y a un ras le bol, mais ces derniers mois ça s’est approfondi. Notamment avec l’arrivée d’Amélie Oudéa Castéra et l’annonce du choc de savoir. On l’a manifesté lors de la grève du 1er février. Puis on a entendu parler du plan d’urgence. Le niveau d’attaque, combiné à des perspectives concrètes de mobilisation, a créé une radicalité chez les collègues. Mais on s’est dit qu’on était prêt à rejoindre la dynamique seulement s’il y avait une reconductible. Les années précédentes on a eu trop de grèves perlées imposées par le haut qui n’ont pas fonctionné. L’année dernière, lors du mouvement des retraites, le plan proposé par l’intersyndicale n’a pas marché et a démoralisé des collègues. On a compris que les grèves perlées ne fonctionnaient pas. C’est ça qui explique la radicalité et le fait qu’on était prêt à partir seulement en cas de reconductible. On s’est alors mis en grève le 26 février, avec 60% de grévistes. A l’AG de bassin d’Aulnay, on s’est aperçu que ça prenait énormément et que tout le monde partait sur une logique de reconductible. Ça a commencé comme ça.

Léon : En effet, la nomination d’Amélie Oudéa Castera a cristallisé beaucoup de colère. Médiatiquement, ça a fait péter un plomb à tout le monde. Ça a mis la lumière sur le financement du privé et l’injustice d’une école à deux vitesses. Ce n’est pas nouveau, on en a conscience, mais là ça a été affiché de manière décomplexée, avec une ministre assumant qu’elle mettait ses enfants dans le privé pour qu’ils aient des profs remplacés. Dans cette situation, se battre en faveur d’un plan d’urgence pour le 93 c’est une manière de revendiquer un minimum de dignité. On fait face à une dégradation très importante des conditions d’enseignement. Tout le monde ici avait le sentiment que c’était la merde. Mais l’enquête menée par l’intersyndicale 93 a aidé, en dévoilant cette réalité de manière précise et chiffrée. En revendiquant un plan d’urgence de 365 millions d’euros comme mesure immédiate. Cette revendication chiffrée a été importante pour nous puisqu’elle nous a donné une base objective pour convaincre les autres collègues, et une revendication en positif. C’est pour ça aussi qu’on s’est lancé dans la mobilisation avec détermination. Pour une fois on est pas juste dans la plainte et la volonté de retirer telle ou telle réforme, mais on se bat pour obtenir quelque chose en positif.

RP : Vous avez construit votre mobilisation en mettant au cœur l’auto-organisation : AG, les piquets et la grève marchante. Qu’est-ce que ça a apporté ?

Guillaume : En effet, dès la première semaine on s’est organisé en AG. Elles nous ont permis d’organiser notre lutte. On y votait la reconductible, au jour le jour, ainsi que les initiatives qui rythmaient la grève. Afin de pouvoir arracher quoi que ce soit, il nous a semblé primordial de massifier le plus possible. C’est pour ça qu’on a organisé des tournées d’établissement, principalement à destination des collègues du premier degré. Bien souvent, on organisait un piquet devant le lycée le matin afin de discuter avec les collègues mais aussi avec les élèves et les familles, puis on se réunissait pour effectuer les tournées dans les établissements alentour.

Je trouve que cette auto-organisation par la base a beaucoup d’aspects positifs. Ça a permis de radicaliser des collègues. Ça a donné envie à des collègues qui n’étaient pas encore mobilisés de rejoindre la lutte. Parce que ça a créé une vraie effervescence : ça a montré que tout le monde était acteur et avait un rôle à jouer. De plus, ça a permis de forger des militants actifs de la grève. Avec des collègues qui ont été intégrés dans les prises de décision et qui se sont mis au cœur de la lutte. Et on se disait que les actions qu’on menait allaient influencer les décisions en AG et permettre de mobiliser d’autres collègues.

Léon : La grève active a été un échec en termes de massification de la reconductible, qui elle, a toujours été minoritaire. Mais elle a été une réussite en termes de construction de réseau et de structure militante. Nos tournées d’établissements et nos AG ont joué un rôle positif en convaincant des collègues de se mettre en grève et d’autres, minoritaires dans leurs établissements, de rejoindre le noyau dur de la grève. Faire des piquets, des AG, des grèves marchantes a redonné du sens au fait de militer pour pleins de collègues, qui faisaient des grèves canapés du fait de la politique des temps forts menées pendant des années. Cette stratégie ne laisse pas beaucoup de place à ce qu’on prenne en main nos grèves : soit tu fais la manif et tu marches dans Paris, en attendant ensuite la prochaine date posée, soit tu restes chez toi. Là avoir été en reconductible nous a poussé à la construire en permanence. Blaise Cendrars a été à l’avant-garde mais nos premiers piquets, les blocus des élèves, n’étaient pas flamboyants. Mais on a construit la mobilisation, en cherchant à s’entourer, à massifier, et ça a pris.

RP : Votre grève a été marquée par une jonction subversive avec vos élèves. Comment s’est-elle construite ?

Léon : Elles, la grande majorité sont des lycéennes, s’y sont mises rapidement. Le premier jour, on a proposé aux élèves de nous accompagner au rassemblement devant Stanislas. Le lendemain, elles ont tenté un premier blocus, qui n’a pas trop pris. Elles ont réitéré l’initiative en fin de semaine, c’était plus réussi et ça a marqué le début de leur mobilisation. Quant à la jonction, on a effectué, dès le deuxième jour, une AG commune réunissant profs et élèves, des cadres d’auto-organisation communs que nous avons maintenus tout au long de la mobilisation.

Les élèves ont rapidement appris à s’auto organiser. L’année dernière, durant la réforme des retraites, il y avait déjà eu des tentatives de blocus, mais qui avaient été réprimées, avec des comparutions immédiates. Ça a généré de la colère mais aussi une réflexion sur la nécessité d’une mobilisation qui s’entoure et s’adresse à l’extérieur. Elles ont donc fait des tournées de classe pour expliquer leurs revendications et convaincre les autres élèves de les rejoindre, utilisé les réseaux sociaux et Tiktok qui ont joué un rôle important dans la médiatisation.

RP : Pourquoi est-ce important de vous battre à leurs côtés ?

Léon : C’est important parce qu’on ne se bat pas pour des revendications corporatistes, mais avant tout pour nos élèves, afin qu’ils aient de meilleures conditions d’apprentissage. Cette jonction permet de casser l’idée et le cliché que le problème des profs du 93 serait leur élève, le fait de se retrouver ici alors qu’on voudrait partir. J’ai suffisamment d’ancienneté, je pourrais partir. Mais on veut rester, on est attaché à ce territoire, à ces élèves, on n’est pas en conflit. Quand on se met en grève, on ne dit pas qu’on ne veut pas du 93, on dit qu’on veut une amélioration de nos conditions de travail et d’apprentissage de nos élèves. De plus, construire cette alliance a été une réponse à la culpabilité qu’on peut ressentir à l’égard de nos élèves lorsqu’on se met en grève, qui est un frein aux mobilisations dans l’éducation.

Guillaume : Pour compléter sur le corporatisme, on se bat en effet pour améliorer nos conditions de travail mais aussi les conditions d’apprentissage de nos élèves. C’est important de faire ce lien, et de le matérialiser concrètement, en luttant à leurs côtés. Sinon, on aurait raté la portée de nos revendications, on aurait pas réussi à faire comprendre leur importance. Et le fait que ça ait marché, qu’il y ait eu une jonction, nous a confortés dans l’idée qu’on se battait pour quelque chose de juste pour tous.

RP : Que pensez-vous de la politisation de vos élèves ?

Guillaume : J’ai été très touché par ça. En réalité, j’avais des à priori, l’impression qu’une bonne partie des jeunes n’étaient pas politisé Et j’ai été ému de voir qu’il y avait en fait une frange très consciente, de les voir prendre confiance en eux, en leur discours politique, de voir leur politisation se développer tout au long de la mobilisation. Nos élèves sont nés et ont grandi dans le 93 et c’est le constat des inégalités, par rapport à un lycée comme Louis Le Grand, qui les a frappés et qui a été le point de départ de leur mobilisation.

Léon : Effectivement y a une aspiration à la justice sociale, qui est au cœur de leur politisation et de leur lutte. Dernièrement j’ai l’impression, notamment avec la polémique sur le financement du privé, la figure d’Amélie Oudéa Castéra, que le discours néolibéral et méritocratique visant à dire « vous pouvez y arrivez, même si vous venez du 93 », s’est fragilisé. C’est une illusion qui s’effrite et on l’a vu auprès de nos élèves, qui revendiquent d’avoir les mêmes chances qu’ailleurs.

Cette politisation, leur discours et leur lutte permettent de casser l’image des élèves du 93, qui seraient dépolitisés, qui ne seraient pas conscients de leurs conditions matérielles d’existence et d’étude. Un discours qui s’est exprimé à nouveau dans la mobilisation, avec James Chéron, vice-président du conseil régional, qui a déployé plein d’efforts pour dire que les élèves mobilisés étaient des sauvages, des racailles, qu’ils étaient instrumentalisés par une figure comme Louis Boyard, comme s’ils n’étaient pas capables d’avoir une réflexion personnelle et un avis critique. Or, toute leur lutte, leur détermination et leur auto-organisation, témoignent du contraire.

Chez nous, les élèves les moins mobilisés étaient les terminales. Mais non parce qu’ils ne comprennent pas les enjeux, ou qu’ils ne sont pas d’accord. En réalité, l’absence de mobilisation s’explique largement par l’effet des réformes et la manière dont évolue l’éducation nationale. Avec Parcoursup, la réforme du bac, chaque contrôle compte pour le bac et la pression s’accentue face à un accès à la fac qui devient de plus en plus sélectif et difficile. Les terminales ont une épée de Damoclès en permanence. On le voit, les élèves sont en permanence mis sous pression, avec une mise en concurrence très tôt entre eux. Cet effet pervers, parmi d’autres, de réformes brisent les possibilités de s’organiser collectivement.

RP : Ces réformes accentuant le tri social sont accompagnées d’un resserrement autoritaire et idéologique, à travers le SNU, l’uniforme, le discours sur le “réarmement civique”. Est-ce que ça a été l’objet de discussions, de prises de positions ?

Guillaume : L’uniforme et le SNU sont effectivement des attaques importantes vis-à-vis de la jeunesse. Dans le contexte, j’ai l’impression que ce qui fait réagir à ce niveau, c’est davantage l’argent alloué à ces réformes, à l’heure où il y a des coupes budgétaires importantes. Et ce décalage entre les discours médiatiques et gouvernementaux affirmant que l’argent magique n’existe pas, alors qu’il y en a quand il s’agit d’imposer des costumes à nos élèves ou de leur faire chanter la marseillaise…

Léon : En AG, il y a eu beaucoup de débat sur l’élargissement des revendications, incluant le retrait de ces mesures… Moi je suis d’accord avec ça. Parce que le SNU, l’uniforme, ce n’est pas juste inutile, c’est nocif. Ça montre où l’on va, vers une militarisation des élèves, et c’est flippant.

Guillaume : C’est vrai, de plus en plus de signes vont dans ce sens. Le gouvernement nous parle de réarmement démographique, adopte des discours de plus en plus belliqueux. Dans ce contexte, il y a une volonté de militariser la jeunesse, d’où les réformes en cours. L’uniforme, le SNU, c’est préparer les élèves à s’engager dans l’armée. Et avec le collège à deux vitesses c’est ça aussi : conformer les élèves à être docile, à ne pas questionner les perspectives d’avenir sombres qu’on leur propose. Et pour ça, on accentue le tri social, la mise au pas et la répression. Les dernières mesures annoncées par Attal sont de nouvelles attaques importantes, auxquelles on doit apporter une réponse.

RP : Au-delà des élèves, vous avez également tissé des liens avec les parents. Pouvez-vous revenir là-dessus ?

Guillaume : Lors de la première réunion commune, on craignait de faire face au refus des parents. Mais on a, au contraire, eu un soutien franc et massif. C’était assez fort. Au-delà du soutien, de nombreux parents ont cherché à entrer dans l’action. On a donc organisé des tractages au marché, des actions et des rassemblements en commun. Il y a aujourd’hui un soutien de l’ensemble de la communauté éducative, parce que nos revendications concernent tout le monde. Les parents ont à cœur de se joindre à notre combat par souci de justice sociale. La jonction a permis de lancer des débats politiques plus profonds sur cette question. Les parents lient la casse de l’éducation à celle de l’ensemble des services publics, aux inégalités et violences sociales qu’ils subissent dans les autres pans de leur vie : logement, travail.. ce dans un contexte d’inflation.

Léon : Dans le fonctionnement actuel de l’école, tout est fait pour qu’on ne voit les parents qu’en cas de problème avec leurs enfants. Sinon on n’a pas de lien. On a souhaité renouer ce lien, faire de la sensibilisation sur les réformes en cours, répondre aux craintes. Et on s’est aperçu que faire ça marchait et permettait d’avoir le soutien des parents. Il y a également un enjeu d’information important. Les réformes et leurs enjeux ne sont pas toujours clairs, en premier lieu pour nous. On apprend leur instauration par voie de presse, avec des textes techniques, des attaques éparses, par ci par là. Ça rend difficile aux parents d’avoir une vision d’ensemble. Se réunir dans la même pièce, élèves, parents, personnels, tout degré confondu, permet d’avoir cette vision d’ensemble. On devrait avoir ces échanges de manière régulière.

RP : L’institution a tenté l’intimidation et la répression en convoquant 4 grévistes. Pouvez-vous revenir sur cet épisode ?

Guillaume : A la fois, ça nous a affecté mais ça a également exacerbé notre colère. Parce qu’ils ont clairement cherché à nous intimider. Et c’est la seule réponse qu’ils nous ont apportée depuis le début : une réponse répressive, avec la volonté de nous faire taire. Là c’était nous, mais ils ont par la suite tenté de réprimer des lycéens mobilisés, notamment à Jean Jaurès à Montreuil.

On s’est réuni avec les collègues convoqués pour adopter une stratégie collective. On s’est dit qu’il fallait adopter une réponse offensive, ne pas baisser la tête, c’était important pour le moral du secteur. Parce qu’à travers ces convocations, leur but est d’envoyer un message d’avertissement à tous les autres collègues : si vous l’ouvrez trop, vous risquez d’être réprimé. Pour envoyer un message fort, remobiliser les collègues, on a appelé à un rassemblement de soutien. C’était la meilleure réponse. La solidarité a été très forte, ça nous a redonné du moral et a fait reculer l’administration. Réaliser à quel point c’était soutenu, médiatisé, leur a fait peur et nous a permis d’obtenir une victoire. Le jour même, l’intersyndicale locale rencontrait un représentant du rectorat affirmant qu’il n’y aurait pas de sanction disciplinaire.

RP : Après 6 semaines de lutte, le ministère a reçu l’intersyndicale 93 et n’a rien lâché. Parallèlement à ça, le choc des savoirs est passé par décret, et Gabriel Attal a annoncé de nouvelles mesures avec une surenchère autoritaire à l’égard de la jeunesse. Quels bilans et comment voyez-vous les suites ?

Léon : Il y a un réel mépris de la région et de l’Etat, qui ne nous apportent aucune réponse alors qu’on a montré beaucoup de détermination. Malgré une colère et une mobilisation profonde, des AG massives, une médiatisation importante avec les tiktok des élèves, le soutien des familles, on est face à un mur. Ça montre que l’attitude de l’Etat est intransigeante. Et on l’a déjà vu dernièrement avec les retraites. Face à cette situation, je pense que ce qui aurait pu changer la donne c’est que notre conflit se généralise au-delà du 93. J’ai ressenti cette nécessité dès les premiers signes de reflux de la mobilisation. Jusqu’à présent, ça n’a pu se faire. J’avais placé beaucoup d’espoir dans la mobilisation du 19 mars, en pensant qu’on allait nous rejoindre, mais ça n’a pas été le cas. Mais cet élargissement est une donnée importante. Nos revendications sont valables partout et touchent des collègues dans toute la France. Le manque de moyens, de personnels, est le résultat de politiques d’austérité nationales, mais la situation est accrue dans le 93 car c’est le département le plus pauvre de France métropolitaine. Le lien avec les autres secteurs est aussi important à construire. On a vu, avec les liens tissés avec les parents, que cet élargissement avait du sens. Ces derniers sont aussi travailleurs, dans différents secteurs, et subissent le même type d’attaques subis par leurs enfants, mais en tant que travailleurs.

Guillaume : Face à l’intransigeance du gouvernement, je suis d’accord que le durcissement du rapport de force et la nationalisation de notre conflit est un enjeu clé. Très vite, ça m’a semblé important que ça prenne ailleurs, je sentais qu’on avait besoin de ça pour obtenir des victoires. En ce sens, je pense qu’on aurait dû, dès le début, se doter de revendications nationales permettant d’entraîner les autres départements avec nous : retrait du SNU, du choc des savoirs.. Ce qu’on a pas revendiqué de suite dans les communiqués.

On regrette aussi beaucoup que les directions syndicales nationales ne se soient pas appuyées sur notre mobilisation pour appeler à une grève nationale massive dans le secteur, surtout au vu des attaques récentes. On a décidé de ne pas faire notre rentrée ce 22 avril et de se mettre en grève. En AG départementale, on a voté une nouvelle journée de grève la semaine prochaine, ainsi que d’autres initiatives : des réunions de quartier avec les parents, un cortège éducation le 1er mai… Mais le mouvement ne pourra tenir si on reste isolés. Aujourd’hui, on voit que la colère et la politisation dans le secteur sont profondes et loin d’avoir disparu. Après six semaines de mobilisation locale forte, on a vu des phénomènes émerger ailleurs, à Nantes, avec le soutien également des parents, à Toulouse, dans le 91 ou encore le 94. Ceci montre que ce qui traverse l’éducation aujourd’hui est profond. Mais pour aller jusqu’au bout et obtenir une victoire, il faut que le processus qu’on a connu dans le 93 et à Cendrars soit discuté partout : l’auto-organisation, la jonction avec les élèves, les familles. Un des bilans très positif que je tire de ces dernières semaines de lutte, c’est justement cette auto-organisation et les liens tissés avec les élèves et les familles. C’est important qu’on construise ces liens partout. Je pense que c’est déterminant si on veut imposer aux directions syndicales nationales un plan à la hauteur qui réponde à l’ampleur des attaques : pour une hausse des moyens, le retrait du choc des savoirs, mais aussi de toutes les attaques réactionnaires contre la jeunesse. En plus du SNU et de l’uniforme, les dernières mesures répressives annoncées par Attal sont hyper brutales et annoncent un renforcement de violence et de stigmatisation à l’encontre de nos élèves issus des quartiers populaires et de leurs familles. Alors qu’on s’est battu à leurs côtés pendant six semaines, on doit répondre à ces nouvelles attaques et lutter pour leur retrait. C’est pour cela qu’en AG départementale, on a discuté de l’importance de réactiver, partout où c’est possible, les réunions de quartier. Tous ces acquis sont des points d’appuis importants, à conserver et à généraliser si on veut justement mener une vraie mobilisation de fond, impliquant tous les membres du système éducatif et qui lutte contre l’ensemble de leur projet d’éducation réactionnaire.


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