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#NosViesPasLeursProfits

Jamais travailler n’a été aussi dangereux. Témoignage d’un machiniste RATP

Plus un jour ne se passe sans qu'on se demande qui sera le prochain sur la liste des contaminés. La vague de malades qui menace la France fait craindre le pire pour chacun d'entre nous à la RATP. Monter dans notre bus n'est plus une routine comme ce fut le cas il y encore quelques semaines.

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Monter les marches de son bus pour accéder au poste de conduite demande aujourd’hui de puiser au fond de nous-même une force morale et psychologique que personne n’aurait pensé nécessaire un jour pour aller travailler. Serais-je le prochain malade du COVID19 ? Si oui, aurais-je une place dans les urgences si mon cas s’aggrave ? Si oui, est-ce que je pourrais m’en sortir ? Ce sont ces questions qui nous taraudent l’esprit toute la journée au volant de notre bus en espérant tromper la mort malgré le nombre de voyageurs encore trop élevé dans nos bus. On se demande même si ce n’est pas nous qui favorisons la contagion en assurant les rotations de transport en continu.

On se dit qu’aller travailler n’est plus une démarche anodine mais un vrai combat. Un combat d’abord contre soi-même car nous sommes tiraillés entre la nécessité de nous préserver en restant confiné chez nous et notre attachement à servir les travailleurs précaires dont le métier n’est pas transférable à leur domicile. Sauf que cette guerre, comme l’a appelée Emmanuel Macron, ne faisait pas partie des missions pour lesquelles nous nous sommes engagés. Risquer sa vie ou dans une moindre mesure sa santé au travail change complètement la donne. Servir oui mais mourir ? On m’objectera que tout le monde ne meurt pas. Certes mais de plus en plus de gens, jeunes et âgés meurent avec ou sans pathologies. Sortir pour croiser voyageurs, passants, collègues s’apparente à une roulette russe qui mériterait selon le ministre de l’Economie une prime de 1000 malheureux euros. Une insulte ou un mépris ? Peut-être un mélange des deux. Ma vie vaut pourtant bien plus que ça.

On me lançait il y a de cela quelques semaines des grenades de désencerclement et des gaz lacrymogènes parce que je manifestais contre la réforme des retraites et voilà que je suis propulsé au rang de "héros de la nation" selon les termes de Muriel Pénicaud. Une fumisterie intellectuelle dont seule la macronie a le secret. Parmi nous en tout cas personne n’est dupe. Chacun a bien compris qu’il faut à tout prix sauver le soldat Capital qui a vu son stock fondre comme neige au soleil sur les plus grandes places boursières. Alors on se dit que si on est maintenu en poste, ça ne peut pas être pour aider les précaires et toute cette France qui travaille mais bien pour arrêter l’hémorragie financière des grands groupes dont les dirigeants sont bien confinés chez eux dans une ambiance feutrée et bien loin des tourments de ce monde devenu complètement fou.

Nous sommes devenus de la chair à canon pour que ce système économiquement et socialement injuste continue de perdurer après la crise sanitaire. Aujourd’hui nous continuons de travailler car une conscience de classe se réveille pendant que la classe dominante vit son crépuscule. Un crépuscule qu’on espère être le début d’une nouvelle ère où chacun aura droit a sa part de bonheur par son seul mérite et non plus par sa naissance.


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