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Racisme d'Etat

« J’ai perdu mon œil » : Virgil, 24 ans, éborgné par un tir de LBD lors de la marche pour Nahel

Virgil, 24 ans, a perdu son œil, touché par le tir de LBD d’un policier alors qu’il rejoignait des amis après la marche blanche pour Nahel. Dans une interview pour Blast, il raconte comment il a été victime de cette violence policière.

Cathu Isnard

11 juillet 2023

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« J'ai perdu mon œil » : Virgil, 24 ans, éborgné par un tir de LBD lors de la marche pour Nahel

Jeudi 29 juin, Virgil R., 24 ans et ancien militaire, était à Nanterre pour rendre hommage à Nahel. Au milieu des milliers de personnes présentes, Virgil voulait « apporter le soutien à [la] famille [NDLR : de Nahel] parce que c’est une injustice, et qu’il y en a beaucoup trop en France », confie-t-il dans un entretien de près de 9 minutes à Blast. Après que la marche blanche ait été réprimé par la police, Virgil a rejoint des amis dans Nanterre. En chemin, il a croisé quatre policiers qui l’ont mutilé à vie.

Après lui avoir simplement dit « casse-toi », l’un des policiers a mis en joue Virgil avec son lanceur de balle de défense (LBD) et lui a tiré dessus « en pleine tête à une distance de 10-15 mètres » comme il le raconte lui-même. Il explique avoir « senti que s’il tombait, il pouvait mourir à ce moment-là ». Il a alors « rassemblé ses forces et puis couru ». Les services d’urgence étant coupés à Nanterre lors de cette nuit de révolte, Virgil a eu du mal à rejoindre l’hôpital, dont l’accès lui a été interdit par la police alors qu’il « perdait beaucoup de sang ».

Quand il a enfin finit par rejoindre un service d’urgences, aidé par deux jeunes croisés dans la rue, les soignants ont constaté « la gravité des dégâts sur [son] visage et sur [son] œil. » raconte-t-il. Virgil a donc été directement transféré à l’hôpital Cochin à Paris, au service d’ophtalmologie, mais il était déjà trop tard pour son œil. Il explique ainsi : « J’avais la mâchoire gonflée, le tympan avec des acouphènes, j’ai perdu l’audition, et puis […] j’ai ressenti immédiatement la perte de mon œil. Immédiatement » répète-t-il.

Ce tir de LBD à quelques mètres et au visage va donc laisser des séquelles à vie au jeune homme. En plus de la perte de son œil, il souffre dorénavant de maux de tête, d’une perte d’audition, de problèmes à la mâchoire, etc. La mutilation de la police va entraîner pour Virgil un « long rétablissement, beaucoup de rendez-vous médicaux » comme il le raconte. Pour lui, c’est « une nouvelle vie avec un œil aveugle qui commence ».

Les policiers, au moment de leur tir, ne pouvaient qu’avoir conscience des conséquences que cela aurait sur la vie du jeune homme, comme le fait remarquer Virgil lui-même, ancien militaire : « pour tirer à cette distance là au visage, il faut réellement viser le visage. Ça ne peut pas être un accident, c’est beaucoup plus facile de viser le torse, ou les jambes, que de tirer sur le visage ».

Avant de continuer : « J’aimerais rappeler que si on sort une arme, normalement, c’est dans l’unique but d’être prêt à détruire ou à tuer. J’ai perdu mon œil gratuitement. Il y a des gens qui ont perdu leurs enfants. Peu importe les excuses, peu importe les mots, on ne me ramènera jamais mon œil, on ne ramènera jamais les enfants qui sont partis trop tôt pour rien. On ne revient pas en arrière. Quand on a pressé la détente, c’est définitif. »

Les révoltes dans les quartiers populaires ont fait face à une répression policière sans précédent avec le déploiement de 45 000 policiers, ainsi que des unités quasi-miltaires comme le RAID, le GIGN ou encore la BRI. La présence de ces milliers de policiers dans les quartiers populaires a inexorablement conduit à de nouvelles victimes, comme le meurtre de Mohamed à Marseille ou la mutilation de Virgil à Nanterre.

La seule réponse apportée par le gouvernement à la colère légitime de la jeunesse a donc été la répression judiciaire et policière.De Virgil à Nahel en passant par Alhoussein, il est plus que nécessaire que l’ensemble des organisations politiques et syndicales se solidarisent des victimes de violences policières, et proposent une réponse politique à la hauteur des événements alors que le racisme d’État se déchaine sur la jeunesse des quartiers populaires. Alors que la police tue et mutile impunément, nous devons exiger l’amnistie pour toutes les personnes interpellées durant les révoltes, et soutenir toutes les initiatives appelant à la vérité et la justice et combattant le racisme d’État.


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