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Violences policières

Hedi, 22 ans, touché par un tir de LBD et tabassé par la police

Victime d’un tir de LBD à la tête et tabassé par la police début juillet à Marseille, Hedi témoignait auprès de Konbini cette semaine, à l'heure où des policiers se mobilisent pour l'impunité de ses agresseurs.

Natacha Lubin

27 juillet 2023

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Hedi, 22 ans, touché par un tir de LBD et tabassé par la police

C’est dans la nuit du 1er au 2 juillet dernier à Marseille, en plein soulèvement des quartiers populaires suite au meurtre policier de Nahel, que Hedi, un jeune homme de 22 ans, est victime d’un tir de LBD dans la tempe puis d’un violent lynchage par des policiers de la BAC.

Interrogé par le média Konbini, Hedi, dont une partie du crâne a dû être retirée afin de décomprimer son cerveau, revient sur cette violente agression et son état de santé actuel. Il raconte que cette nuit-là, il se rendait accompagné d’un ami à une fête, lorsque leur chemin ont croisé celui d’un groupe de 4 à 5 policiers de la BAC. Après les avoir salué, Hedi a soudainement reçu un tir de LBD à la tempe, avant d’être traîné dans une ruelle à l’abri des regards et passé à tabac par les policiers : « Il y en a un qui était allongé sur moi donc je ne pouvais pas bouger. Et les autres m’ont frappé avec les poings, d’autres avec les matraques » témoigne-t-il.

Les séquelles de ce lynchage policier, qui s’apparente à une volonté de mise à mort, sont sévères : « J’ai été opéré de la tête : d’après les médecins, ils ont opéré un mort. Je suis resté une semaine en réanimation, et ensuite je suis resté deux semaines dans le service neurochirurgical [...] Ils ont été obligés de m’enlever un bout de crâne, tant que ça ne dégonfle pas ils ne peuvent pas me remettre mon volet crânien ». Selon son avocat, le jeune homme risque également de perdre son œil gauche.

Un témoignage qui vient mettre la lumière sur les faits pour lesquels se mobilisent depuis une semaine les policiers défendant l’impunité de leur collègue. En effet le 20 juillet dernier, les quatre policiers auteurs des faits sont mis en examen pour violences en réunion, et l’un d’eux est placé en détention provisoire. Cette décision a alors provoqué la colère de centaines de policiers à Marseille qui se sont réunis devant le palais de justice pour soutenir les agresseurs d’Hedi. A la sortie des quatre policiers des bureaux de l’IGPN, une vingtaine de policiers les ont applaudi et ont formé une haie d’honneur.

Depuis, plusieurs centaines de policiers partout en France se sont mis en arrêt maladie ou ont invoqué le code “562”, procédure permettant de faire une grève du zèle afin de demander la libération des quatre agresseurs Tout comme pour le policier auteur du meurtre de Nahel, une cagnotte a été mise en place afin de « soutenir » les policiers , et s’élève actuellement à plus de 50 000 euros

Dans leur volonté de renforcer toujours plus leur droit à tabasser et à tuer en toute impunité, les policiers et leurs syndicats peuvent évidemment compter sur le soutien de leur hiérarchie, comme en témoigne les déclarations du Directeur Général de la Police Nationale (DGPN), Frédéric Veaux, qui affirme à propos du policier incarcéré : « Le savoir en prison m’empêche de dormir ».

Quant au gouvernement Macron, ses membres et proches de la majorité passent de média en média pour réaffirmer leur solidarité à la police. Ainsi, interrogée par BFMTV sur l’affaire, la première ministre Elisabeth Borne a déclaré vouloir « rendre hommage pour le travail, l’engagement exceptionnel qu’ils ont montré à l’occasion des violences urbaines » Sylvain Maillard, récemment élu président du groupe Renaissance à l’Assemblée Nationale, a également affirmé avoir toujours soutenu et continuera de soutenir « les policiers et gendarmes qui font un travail extrêmement difficile ».

Interrogés sur le tabassage d’Hedi et son témoignage, les membres du gouvernement ont une nouvelle fois montré de quel côté ils se trouvent et ont littéralement craché à la figure du jeune homme. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement a laissé entendre qu’il pourrait y avoir une justification possible au lynchage brutal qu’a subi Hedi : [ « Quel que soit la vidéo ou le témoigne, ...) on est pas des magistrats ou des juges. Je ne suis pas celui qui doit rendre la justice et déterminer dans quelles conditions, dans quelles circonstances, pourquoi et qui a réalisé ça. ». Depuis un commissariat du XIXème arrondissement et alors qu’il doit recevoir les représentants des syndicats de police, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a quant à lui balayé d’un revers de la main la question du journaliste sur le visage défiguré d’Hedi : « je ne commente pas les affaires judiciaires en cours »

La police est le bras armé de l’État sur lequel ce dernier s’est appuyé pour imposer ses attaques anti-sociales successives Face au mouvement de policiers demandant toujours plus de droit à tabasser et tuer en toute impunité, il est clair que le gouvernement fera tout pour choyer son appareil policier. Dans la lutte contre les violences policières, il n’y a donc rien à attendre des institutions étatiques qui, en réalité, légitiment ces pratiques et participent activement à la criminalisation des victimes : à rebours des interpellations au gouvernement et à la croyance d’une possible réforme de la police, il y a urgence à construire une réponse indépendante et de classe du mouvement ouvrier et du mouvement antiraciste pour pouvoir imposer la vérité et la justice pour Hedi, Nahel et tous les autres.


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