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Grève pour les salaires à Disney : face à la mobilisation massive, la direction menace les grévistes

Les employés de Disneyland Paris ont effectué mardi une première journée de grève pour leurs salaires et leurs conditions de travail, suivie par près de 600 grévistes. Malgré de bons résultats financiers, la direction du parc refuse l'ouverture des négociations avec l'intersyndicale et multiplie les atteintes au droit de grève.

Dorian Maffei

25 mai 2023

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Grève pour les salaires à Disney : face à la mobilisation massive, la direction menace les grévistes

Crédit photo : CGT Disneyland (Facebook)

Tandis que l’inflation en France atteint 7%, dont 16% sur les produits alimentaires sur un an d’après l’INSEE, une troisième vague de grève pour les salaires s’est répandue surtout dans la privé ces derniers mois, en parallèle de la lutte contre la réforme des retraites. Dans ce contexte ce mardi, les travailleurs de Disneyland Paris se sont mis en grève pour exiger des augmentations de salaires mais aussi une amélioration de leurs conditions de travail

Une mobilisation qui fait suite à la constitution d’une intersyndicale locale, réunissant la CGT, l’UNSA et la CFTC pour demander l’ouverture de négociations salariales au plus vite, mais aussi que le relèvement des minima s’applique à tous les employés ainsi que l’anticipation du versement de la « prime Macron » qui est exonérée de cotisations pour l’entreprise. Outre les mesures d’urgence face à l’inflation, 200 d’augmentation nette par mois, le paiement double du dimanche et la revalorisation des indemnités kilométriques, les grévistes demandent également la fin des horaires dits « adaptés » ou « choisis » qui les contraignent à un rythme de travail plus soutenu tout en permettant à la direction d’employer moins de personnes. En 2018, les conditions de travail à Disneyland Paris avaient poussé deux salariés à tenter de mettre fin à leurs jours.

Avant la journée de grève ce mardi, plusieurs travailleurs de la maintenance et des spectacles avaient déjà effectué des débrayages dès la mi-mai. Une mobilisation à laquelle la direction avait répondu par une offensive contre les grévistes. L’intersyndicale avait dénoncé alors dans ses communiqués les « pratiques d’intimidation, de provocation, de menace et de délit d’entrave par rapport au droit de grève » commises à cette occasion contre des grévistes. La CGT indique qu’elle a saisi l’inspection du travail.

Face au refus de la direction d’entendre les revendications des travailleurs de Disney, l’intersyndicale avait lancé un ultimatum à la direction le 19 mai dernier et mis dans la balance la menace de la grève de l’ensemble travailleurs du parc. Le refus de la direction d’ouvrir les négociations est d’autant plus cynique que Disneyland Paris a accueilli 15 millions de touristes l’an dernier et enregistré son meilleur chiffre d’affaires depuis dix ans, permettant la réalisation d’un bénéfice de 47,3 millions d’euros d’après le magazine financier Forbes. Dans son ultimatum, l’intersyndicale dénonce que ces « résultats historiquement bons [...] alimenteront sans aucun doute les bonus de la Direction Générale ».

Cette même direction a continué à balayer l’ensemble des revendications syndicales, au prétexte que certains travailleurs avaient déjà été augmentés et refusé d’ouvrir des négociations avec les syndicats avant les négociations annuelles obligatoires (NAO) qui doivent se tenir dans plus de trois mois. Les syndicats ont donc mis leur menace à exécution et déclenché, le mardi 23 mai 2023 au matin, une grève qui a été suivie par près de 600 grévistes de toutes les divisions (hôtellerie, restauration, sûreté, attractions). Les employés ont marché dans le parc, certains revêtus de gilets jaunes, puis se sont rendus devant la direction pour y faire entendre leur colère.

A nouveau, mardi, la direction a fait le choix de la répression face aux revendications des grévistes. Dans un courrier intitulé "Entrave au droit constitutionnel de grève" envoyé à la PDG Natacha Rafalski dès le lendemain, et transmis en copie à l’inspection du travail, l’UNSA dénonce de la « pure répression syndicale » à travers les brimades et discriminations des responsables hiérarchiques qui ont fait pression sur les grévistes à leur retour au travail. Elle liste de nombreux faits, comme l’offre d’un départ anticipé et d’une rémunération de la pause repas exceptionnellement faite aux salariés non-grévistes en remerciement pour leur « loyauté », et au contraire liste plusieurs exemples de menaces et de paroles stigmatisantes prononcées à l’encontre de ceux qui ont participé à la grève.

Face au mépris de la direction et à ses tentatives d’intimidation, il faut opposer un mouvement massif. L’intersyndicale s’est réunie au lendemain de la grève mais, pour le moment, seule la CGT a publiquement appelé à une nouvelle grève le mardi 30 mai dès 9h. Après une journée de grève massive à Disneyland Paris ce mardi, il faut un plan de bataille à la hauteur de la détermination.

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