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Aulnay

Grève dans la sous-traitance automobile : « on a gagné 126€ d’augmentation après trois jours de grève »

Chez l’équipementier automobile MA France, sous-traitant de Stellantis, une grève pour les salaires de trois jours vient de s’achever sur une victoire : 6% d’augmentation, une prime de 2 000€ et le paiement des jours de grève.

Augustin Tagèl

21 février 2023

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Crédits photos : L’Humanité

« La plus grande victoire c’est du respect de la part de la direction », c’est ainsi que commence Houari Selhaoui, délégué syndical CGT de l’entreprise M.A. France (Magneto Automotive) d’Aulnay-sous-Bois, pour revenir sur la lutte que lui et ses collègues viennent de mener.

En grève depuis jeudi 16 février, à l’occasion des Négociations annuelles obligatoires (NAO), pour exiger des augmentations de salaires, les travailleurs se heurtaient à leur direction, qui refusait toute augmentation substantielle. « On a une direction qui ne dialogue pas. Ils nous proposaient trop peu dans un contexte de crise et d’inflation comme aujourd’hui. Seulement 54€ net d’augmentation lors des premières réunions, et 1 000€ de prime. C’était évidemment trop peu, on a décidé de lancer la grève, qui a été massivement suivie, avec au moins 90% de participation », nous explique-t-il. La victoire est arrivée lundi en fin d’après-midi, après trois jours de grève : « nous avons signé un accord avec la direction qui prévoit 126€ d’augmentation brut, c’est-à-dire 6%, une prime de partage de la valeur de 2 000€ et une prise en charge intégrale de l’augmentation de la mutuelle d’entreprise et le paiement des jours de grève ».

Ce n’est ni la première grève, ni la première victoire des ouvriers et des ouvrières de MA France, comme le détaille le syndicaliste : « en mars dernier on avait obtenu 2,5% d’augmentation, avec une grève d’une journée. Vu l’inflation qui empirait, on ne pouvait pas exiger moins. C’est très dur pour les ouvriers, même ce que nous avons obtenu là, on estime que c’est un minimum dans la situation ».

Les salariés restent également vigilants sur les agissements de la direction, dénonçant un « climat social exécrable », avec la peur de voir un plan de licenciements arriver. Leurs observations les alertent : « ça fait deux trois ans qu’on a l’impression qu’ils préparent une fermeture. Tous les seniors qui partent en retraite ne sont pas remplacés, aucun nouveau projet ne nous est présenté, et la direction licencie dès qu’elle peut. Au moindre problème, moindre anicroche, elle s’en sert pour licencier. On parle d’une entreprise de 300 salariés et 120 intérimaires ».

Une situation salariale et sociale particulièrement d’autant plus révoltante pour une société de sous-traitance du groupe PSA, et plus précisément de l’usine SevelNord / Hordain, l’une des plus rentables du groupe. Les véhicules utilitaires qui y sont produit font partie de ceux sur lesquels le groupe automobile réalise ses plus grosses marges, à la sueur des salariés de la sous-traitance et du groupe, soumis aux travaux pénibles et aux bas-salaires. Dans tout le secteur de l’automobile, et particulièrement chez les sous-traitants, les grèves se multiplient : chez Plastic Omnium et Faurecia, sous-traitants de PSA Rennes, qui ont vu deux grèves gagnantes au début du mois. Chez CAT, en Gironde, entreprise qui transporte les véhicules finis, une grève vient aussi de se déclarer pour des augmentations de salaires.

Les salaires ne sont évidemment pas la seule préoccupation dans la boite : la question des retraites est dans toutes les têtes. « La journée du 7 mars qui arrive est très importante : il va vraiment falloir bloquer le pays, et on en discute dans l’entreprise, nous explique Houari Selhaoui. Il faut que le gouvernement nous entende. On va droit dans le mur avec leur réforme des retraites, il faut leur faire faire demi-tour ! » Et le syndicaliste prévient : « si le 7 ne suffit pas, il faudra faire comme en 1995, comme en 2006, avec les retraites Juppé et le Contrat première embauche, quand on les avait fait reculer ! ». Bloquer le pays : voilà l’idée qui revient ici, malgré les bas salaires et les conditions de travail.


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