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Une chanson pour l'apartheid

Eurovision : derrière le strass et les paillettes, les crimes d’Israël

Alors que Netanyahu entame son cinquième mandat à la tête de l’État israélien, la 64ᵉ édition du grand concours de l’Eurovision s’ouvre à Tel-Aviv, sur fond d’agressions sionistes croissantes envers les Palestiniens. Quand la géopolitique s’invite dans le divertissement grand public : strass, paillettes… et lance-roquettes ?

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Les enjeux de la 64ème édition de l’Eurovision dépassent de loin ceux d’un simple concours télévisés de mauvais goût. Alors qu’il y a un an, Donald Trump annonçait que l’ambassade des États-Unis serait déplacée de Tel-Aviv à Jérusalem – reconnaissant de fait cette ville symbolique comme capitale israélienne – ce télé-crochet qui brasse large (200 millions de téléspectateurs en moyenne) est organisé pour la première fois en Israël.

Derrière des discours dégoulinants de bons sentiments, les grands groupes médiatiques organisant l’évènement cherchent à promouvoir la « culture européenne » – en réalité une forme de divertissement globalement centrée sur l’occident, puisque le concours n’a jamais été réservé à des pays membres de l’Europe. Il n’est d’ailleurs pas rare que les États souhaitant intégrer l’Union européenne aient utilisé leur participation à l’Eurovision pour appuyer leur demande d’adhésion, à l’instar de la Turquie, sortie vainqueur en 2003 mais qui se tourne aujourd’hui vers la version asiatique du concours.

Cette année, le spectacle populaire mis en scène et promu par les principaux diffuseurs et chaînes de télévision de l’espace européen (souvent publics, à l’instar de France Télévision concernant l’hexagone) est avant-tout une aubaine pour l’État sioniste qui cherche à détourner le regard de la communauté internationale de ses crimes. Un moyen de faire oublier le temps d’une émission populaire que plus de 250 Palestiniens ont été tués par l’armée israélienne en un an, que le chômage de masse touche plus d’un habitant de Gaza sur deux, le tout derrière une bonne dose de paillettes et de pink washing. Comble de l’hypocrisie, le slogan de cette 64ème édition est « Dare to dream » (« Osez rêver »).

« L’Eurovision est l’opportunité d’avoir une visibilité mondiale incroyable, a déclaré en ce sens Ron Huldai, maire de la ville qui accueille le concours. Tel-Aviv accueillera des milliers de touristes, environ 1 500 journalistes et sera vue par des dizaines de millions de téléspectateurs »

Pourtant, n’en déplaise aux grandes puissances impérialistes qui participent à cet évènement et qui souhaiteraient nous faire croire que l’on doit « séparer la culture de la politique », son organisation à Tel-Aviv est lourde de sens. C’est ce que soulignent les nombreuses personnalités qui ont signé une tribune dénonçant l’Eurovision (dont Imhotep, compositeur du groupe IAM, la chanteuse La Parisienne Libérée ou encore le plasticien Ernest Pignon-Ernest) :

« L’Eurovision, selon l’Union européenne de radio-télévision (UER), prétend être un événement « non politique ». Il est malheureusement impossible de réconcilier ce que dit l’UER avec la réalité. Israël est un État qui considère officiellement la culture comme un instrument de propagande politique : son Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a félicité l’israélienne Netta Barzilai, lauréate de l’Eurovision 2018, pour avoir « accompli un travail exceptionnel en matière de relations extérieures ».

Nous, artistes et travailleur·se·s culturels français qui signons cet appel, n’irons pas à Tel Aviv blanchir le système de discriminations légales et d’exclusion qui y sévit contre les Palestiniens, et nous appelons France Télévisions et la délégation française à ne pas servir de caution au régime qui envoie ses snipers tirer tous les vendredi contre les enfants désarmés de la marche du retour à Gaza. Un divertissement qui se respecte ne se joue pas en terre d’Apartheid. Nous ne l’aurions pas accepté pour l’Afrique du Sud , nous ne l’accepterons pas pour Israël. »

Cette tribune s’inscrit dans une large campagne de boycott de l’Eurovision et de dénonciation des crimes commis par l’État israélien, menée par de nombreux artistes reconnus internationalement. En janvier déjà, le réalisateur Ken Loach et le chanteur Peter Gabriel dénonçaient la « violation systématique par Israël des droits des Palestiniens ». De son côté, Roger Waters, membre des Pink Floyd, a publiquement demandé à Madonna qui doit se produire pour la finale du concours, de boycotter l’évènement.

Une vague d’indignation légitime, qui permet de mettre en lumière la stratégie internationale de justification et de banalisation des exactions commises par un État colonialiste meurtrier et qui prouve que l’art et la culture sont tout à fait conciliables avec des prises de position politiques… de part et d’autres de la barricade.


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