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Etats-Unis : la mobilisation de la jeunesse étudiante attise les difficultés de Biden

D’université en université, le mouvement étudiant en solidarité avec la Palestine se propage de la côté Ouest à la côte Est des États-Unis. Face à la détermination des étudiants, l’État américain compte sur sa police et son armée pour faire rentrer dans le rang ceux qui menacent la stabilité précaire du régime de Biden.

Benoit Barnett

25 avril

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Etats-Unis : la mobilisation de la jeunesse étudiante attise les difficultés de Biden

Depuis quelques jours, le campement des étudiants de la faculté de Columbia (New-York) est devenu l’épicentre de la mobilisation en soutien à la Palestine aux États-Unis avec des ricochets dans des universités à l’internationale comme en Égypte ou encore en France.

Face à la mobilisation, les présidences d’université, pressurisées par le gouvernement américain, font appel à la police à intervenir sur les campus, procédant à des arrestations par centaines, dans le but d’éviter un embrasement qui pourrait bien rebattre les cartes de la scène politique américaine pour les prochains mois.

Le duel Trump-Biden sur fond d’embrasement des universités pour la Palestine

La mobilisation des étudiants se déroule à un moment où la scène politique américaine est remuée par la course que se mènent Républicains et Démocrates pour les élections présidentielles de fin d’année. Entre les scandales qui éclatent autour de la figure de Trump , notamment sur la falsification de dossiers, et la crise ouverte chez les démocrates par le soutien assumé de Joe Biden à l’État d’Israël et le génocide en cours, l’embrasement universitaire vient rajouter une épine dans le pied du processus électoral.

Selon un sondage réalisé par le centre de recherche Pew, qui a placé récemment Trump en tête avec 49 % des voix (contre 48 % pour Biden) le point commun entre les voix exprimées pour les deux candidats est le peu de confiance accordée sur la capacité à diriger le pays ou à respecter certaines valeurs démocratiques. Sans rappeler que la sénilité de l’actuel président est un des facteurs de méfiance de son électorat.

La mobilisation des étudiants pourrait bien, si elle persiste et continue à s’étendre, être un véritable frein à l’avancée de Biden dans les sondages, déjà bien affaiblie du manque de soutien d’un électorat jeune parmi les populations juives et arabes. Dans des coordonnées différentes, les mouvements anti-guerre du Vietnam en 1968 avaient joué un rôle actif dans la déstabilisation du contrôle des démocrates à l’époque qui avait d’ailleurs permis à Ronald Reagan, alors gouverneur de Californie, d’apparaître comme garant de « la loi et l’ordre » après avoir lâché la garde nationale sur les étudiants mobilisés de Berkeley le 15 mai 1969.

Selon le stratège démocrate et ancien conseiller de Obama, David Axelrod : « Le message des Républicains est ‘Le monde est hors de contrôle et Biden n’est pas aux commandes’. Ils exploiteront toutes les images du désordre pour l’encourager [Trump] et le soutenir  ». Il s’agit d’un pari que pourrait prendre Donald Trump alors qu’il est englué dans divers procès depuis plusieurs semaines. Il a notamment dénoncé le rôle de Joe Biden dans l’embrasement politique dans les universités tout en appelant à réprimer : « Ce qui se passe au niveau des universités — Columbia, NYU et autres — est une honte. Et c’est à cause de Biden. Il envoi des mauvais signaux. Il a le mauvais ton. Il a les mauvais mots. Il ne sait pas qui il soutient. Et c’est le bordel. »

Il y a donc un double-enjeu pour le gouvernement américain à ce que les étudiants arrêtent de se mobiliser. Le premier, celui de permettre à Biden de mener ses relations avec l’État Israélien en paix alors que plus de 34 000 personnes ont succombé sous le coup des opérations génocidaires israéliennes, bien décidé à maintenir la situation d’apartheid contre les Palestiniens. Le deuxième celui d’empêcher une déstabilisation de son mandat dans la course contre Donald Trump.

 Mis en difficulté, l’État appelle les présidences d’université à réprimer

Dans ce contexte, les administrations des universités américaines qui connaissent des mobilisations depuis plusieurs jours sont appelées à agir rapidement pour faire rentrer dans le rang la jeunesse. Lors d’une visite à Columbia, Mike Johnson, président de la chambre des représentants, a expliqué que Nemat Shafik, l’actuelle présidente de Columbia, devrait démissionner si elle n’arrivait pas à «  garder la situation sous contrôle » allant jusqu’à la qualifier de « dirigeante incapable ». Il a ensuite précisé que la garde nationale pourrait être appelée pour réprimer les étudiants et que le Congrès devrait retirer les financements aux universités.

À travers le pays, des centaines d’étudiants ont subi la répression policière pour leur soutien à la Palestine. C’est notamment le cas du Texas où le gouverneur Greg Abott, ouvertement pro-Israël, n’hésite pas à appeler à mettre des étudiants en prison en associant la dénonciation du génocide à une démonstration d’antisémitisme, une rhétorique bien connue de ceux qui veulent discréditer la solidarité envers la lutte du peuple palestinien. Du côté de l’université du Texas, des membres de l’université ont dénoncé dans une déclaration la transformation du campus en « zone militarisée » par l’intervention de la police et des soldats de l’État. Selon leur déclaration, des étudiants ont été brutalisés, traînés sur plusieurs mètres et une quinzaine d’entre eux ont été arrêtés.

La répression des étudiants texans ainsi que la multiplication des arrestations dans les autres universités pourraient bien attiser la radicalité sur la scène politique américaine, déjà marquée par la baisse du niveau de vie et la politisation d’une frange de la population face à la complicité des États-Unis dans la politique génocidaire d’Israël. Les étudiants américains lancent un appel à la jeunesse du monde entier alors que plus de 34.000 Gazaouis sont morts durant les sept derniers mois. Ne détournons pas le regard et continuons à nous mobiliser pour la Palestine.


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