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« Pré-requis »

A mots couverts, Macron propose la sélection à l’entrée de l’université

Dans une récente interview au magazine L'Etudiant, le candidat à la présidentielle est revenu sur son programme concernant les universités. Sélection, austérité budgétaire, et élitisme à la clé.

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Dans cette interview, Emmanuel Macron explique s’opposer à la hausse des frais d’inscription, car «  cela aurait aujourd’hui des effets néfastes sur l’accès à l’enseignement supérieur des étudiants issus des milieux moins favorisés ou encore de classes moyennes, lorsqu’ils ne sont pas boursiers. ». Par ailleurs, il explique que « tous les étudiants pourront accéder à une formation supérieure correspondant à leurs orientations. » Pas de sélection pour le candidat ? En réalité, c’est un petit peu plus compliqué que ça.

En effet, malgré ses belles promesses de « révolution », le candidat explique tout d’abord qu’il ne remettra pas en cause la politique « d’autonomie des universités », et plus encore, il souhaite lui faire franchir « une nouvelle étape ». Cette politique, menée depuis la fin des années 1990 dans le cadre du processus de Bologne à l’échelle européenne, a conduit pourtant à des problèmes budgétaires drastiques dans les universités, entraînant une dégradation des conditions d’étude et de travail pour les usagers. Elle a permis par ailleurs à des représentants du MEDEF et des grandes banques et assurances d’entrer dans les conseils d’université, pour agir sur les contenus des diplômes : rien d’étonnant donc à ce que le candidat banquier y soit favorable. Mais surtout, elle aura conduit à la fermeture de nombreuses filières et à la « sélection de fait » de nombreux étudiants, mis dans l’incapacité de réussir leurs études du fait du manque de moyen. En d’autres termes, prétendre « franchir une nouvelle étape » dans l’autonomie des universités et permettre à tous les étudiants d’accéder à la formation de leur choix, rien de plus contradictoire.

Mais les contradictions du candidat ne s’arrêtent pas là. En effet, s’il explique que « le bac doit continuer à donner accès à l’enseignement supérieur », c’est pour mieux nous expliquer quelques phrases plus tard...qu’il ne sera plus suffisant. L’université à la mode Macron supposera en effet l’obtention de « pré-requis » et « chaque filière du supérieur pourra fixer les connaissances indispensables à l’entrée  » ! Autrement dit, la logique déjà instaurée par l’autonomie des universités d’établir une compétition entre « filières d’élites » et « filières poubelles » sera complétée d’une possibilité de choisir ses « bons » et ses « mauvais » élèves, sur des critères qui, on l’imagine, reproduiront les inégalités sociales, car le candidat explique que ces « pré-requis » pourront être acquis « pendant des cours d’été » - donc par des bacheliers qui auront les moyens de financer ces stages. En quelques périphrases, Macron affirme donc ce que la droite décomplexée revendique depuis des années : la sélection à l’entrée de l’université.

Pour finir ce tableau, le candidat estime par ailleurs important de préciser une chose qui n’a rien d’anodin, vu le contexte actuel de montée du nationalisme. En effet, il explique que concernant les frais de scolarité, « ma position est plus ouverte sur les droits d’inscription des étudiants étrangers : il n’y a pas de raison que les contribuables français financent les études de tous les étudiants étrangers qui choisissent de venir chez nous  ». Ainsi, après avoir caressé dans le sens du poil les représentants des banques présents dans les conseils d’université en leur promettant qu’ils resteraient à leur place, le candidat flatte l’électorat frontiste, reprenant ses arguments : chez Macron non plus, « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde » sur le dos du « contribuable français ». Et pourtant, les richesses de ses amis de la finance auraient permis depuis bien longtemps de permettre à tous et à toutes d’étudier correctement, dans des conditions décentes.


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