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La Izquierda Diario
31 de mai de 2017 Twitter Faceboock

Première circonscription de Seine-Saint-Denis
Elise Lecoq : prof, révolutionnaire et… candidate
Corinne Rozenn
Elise Lecoq, enseignante

Le 93, elle y vit, elle y travaille, elle y milite. Elise Lecoq a 31 ans et c’est la candidate du NPA sur la première circonscription du 93 qui couvre les villes d’Epinay, L’Ile-Saint-Denis, Saint Ouen et le sud de Saint-Denis.

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Normande de naissance, Elise a commencé à militer au NPA « peu après les élections de 2012, après la première candidature de Philippe Poutou ». Mais le militantisme, elle l’a comme chevillé au corps, depuis ses années de fac d’histoire, à Caen, où elle était active au sein de la FSE, aujourd’hui Solidaires Etudiant-e-s. Elle a fait tous les mouvements : « c’était un peu comme passer les partiels, presque tous les ans, dit-elle en rigolant. CPE, LRU1, LRU2 et puis le mouvement des retraites, contre Sarkozy, en 2010 ». C’est donc assez naturellement qu’en 2014, elle accepte le défi proposé par ses camarades de Saint-Ouen, où elle réside alors : se présenter aux élections municipales sous la bannière du NPA. A l’époque, la mairie dirigée par le Parti Communiste puis le Front de Gauche depuis 1945 est en passe d’être gagnée par la droite. Pour autant, les politiques de gentrification de cette ancienne ville ouvrière sont déjà bien engagées et les luttes sont alors nombreuses, notamment contre le mal-logement, l’expulsion d’un camp de rroms et d’un foyer de jeunes travailleurs. Le NPA et sa candidate s’en font alors l’écho, c’est la première expérience d’Elise comme candidate à une élection.

Nous tou-te-s

Dans sa famille, pourtant, on ne parle pas tant que ça de politique, mais « souvent elle s’est imposée à moi, depuis que je suis ado ». Son père, à la retraite, a commencé ouvrier-miroitier, avant de finir chauffeur livreur. Sa mère, dont elle dit le courage et la combativité, est assistante maternelle. « Quand on parle de classe ouvrière c’est nous tous, les salariés », souligne-t-elle. « C’est pour nous tous que je me bats, pour notre camp social, pour nos aînés comme pour les jeunes ».

Prof dans le 93

Cela fait quatre ans qu’elle est en poste dans le 93 et elle enseigne l’histoire-géo au Collège Barbara, de Stains, depuis septembre 2014. « Je ne suis pas militante parce que je suis prof. J’ai commencé à militer à la fac. Mais le fait d’être prof, c’est aussi une raison de plus, pour moi, d’être militante révolutionnaire, pas seulement parce que je me bats avec mes collègues, contre la casse de l’éducation et pour une école de qualité, pour toutes et tous, dans tous les quartiers. Travailler, tous les jours, avec des ados qui sont confrontés dès leur plus jeune âge à la précarité, quand ce n’est pas le chômage dans les familles, à la grande pauvreté parfois, qui sont stigmatisés, ça fait prendre encore plus conscience que, cette société-là, il faut la renverser ».

Dans le sillage de Philippe

Quand on lui demande si sa candidature ne contribue pas à « diviser la gauche », elle sourit. « Il y a 21 listes sur la circonscription. Ce n’est pas le NPA qui divise. Ma candidature, en revanche, on l’entend avec toutes et tous les camarades qui la portent, comme un moyen de dire des choses que d’autres, à gauche, ne disent pas ou taisent. En partie parce que cela fait des dizaines d’années que la gauche de gouvernement cogère ou a cogéré les villes, ici, sans que rien ne change. On mène ce combat dans le sillage de la candidature de Philippe d’ailleurs. Qui aurait dit ses quatre vérités à Fillon et à Le Pen, sinon ? Et pas seulement ».

Parmi ces choses à dire, « il y a le fait, par exemple, que pour nous, le chômage n’est ni une fatalité, ni une question à résoudre par l’auto-entreprenariat ou uber, c’est-à-dire l’auto-exploitation. C’est le programme de la droite locale et du candidat d’En Marche, un ancien des ministères Sarkozy. Niveau renouvellement, ça se pose là. Du travail, pourtant, il y en a. Il y en a qui crèvent à la tâche, à PSA Saint-Ouen, dans le BTP, dans les bureaux, alors que d’autres en cherchent. Il faut le partager entre tous et toutes. Et il faudra imposer cela par nos luttes ».

Légalisation du cannabis

« Au niveau de la sécurité, par ailleurs, nous sommes les seuls à dire que la plus grande insécurité, c’est celle de la police, municipale ou nationale, qui harcèle les jeunes, de la BAC qui les frappe, de ces Zones de Sécurité Prioritaire qui devraient soi-disant permettre de résoudre la question du trafic mais exacerbe les tensions. La seule réponse, réelle et non hypocrite, passerait par la légalisation des stupéfiants, à commencer par le cannabis, sous contrôle de l’Etat, comme pour l’alcool. Ce serait la seule façon pour casser les mafias et leurs complices, qui ne sont parfois pas ceux que l’on croit ».

Il n’y a pas de « bonne police » comme le voudrait une certaine gauche

« Face à nous, sur la circonscription, il y a la candidature d’Eric Coquerel, le bras-droit de Mélenchon. ‘Les jours heureux’, on ne les obtiendra pas juste en votant, mais en luttant. Mais cette question, la France Insoumise l’évacue systématiquement ». Et « ’les jours heureux’, ce sera tous ensemble qu’on les imposera. Trop souvent Mélenchon l’oublie. C’est le cas à nouveau au sujet des jeunes des quartiers qui, selon Mélenchon, n’auraient qu’à bien se comporter face aux caméras pour ne pas passer pour « des sauvages ou des barbares ». Je suis bien placée pour savoir que les jeunes, parfois, ne sont pas des enfants de chœur. Mais si on ne dénonce pas la stigmatisation dont ils sont l’objet, y compris à gauche, les violences qu’ils subissent, les contrôles au faciès, on n’arrivera à rien. C’est pour cela aussi que je veux porter leur voix. Car ils souffrent. Il n’y a pas de bonne police, de proximité ou municipale, comme le dit France Insoumise ou le PS, qui se présente à travers Yannick Trigance, l’ex bras-droit de Bruno Leroux, le député qui payait ses filles 50.000 euros pour un job d’été. L’argent, il faut le consacrer à l’éducation, à des logements de qualité, pas aux matraques ».

Combats à venir

Le 93 en trois mots, pour Elise ? C’est un « territoire populaire, de partage et de luttes. C’est un territoire populaire aussi parce que l’on sait y partager. Mais il y a trop d’injustices, et c’est la raison pour laquelle on y lutte, et il faudra que l’on s’organise plus encore qu’auparavant, pour résister aux attaques par ordonnances que nous promet ce gouvernement de banquier et de pourris. Qu’ils viennent dans le 93, Ferrand, de Sarnez et les autres, pour expliquer leurs petites magouilles. Ils seraient bien reçus », dit-elle avec amertume.

Les luttes, il y a eu celle du printemps dernier. Une lutte pendant laquelle étudiants et travailleurs ont marché côte à côte contre la casse du code du travail et "le monde" de la Loi El Khomri. C’est cette fois au côté de Simon Assoun, étudiant à Paris 8 et son suppléant, qu’Elise fera cette élection. « La voix du monde du travail, de la jeunesse et des classes populaires, en alternative radicale à ce système et à la caste, de droite comme de gauche, qui le gouverne depuis trop d’années à tous les niveaux, local comme national, c’est le sens de cette candidature ». Une candidature « Poutou renverser », dit-elle pour finir.

 
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