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La Izquierda Diario
31 de mars de 2017 Twitter Faceboock

Masculinisme
« La fin du patriarcat » ...selon David Pujadas
Sarah Brunel

Mercredi soir, au journal télévisé de France 2, le présentateur David Pujadas a présenté un reportage sur des « stages de virilité » où plusieurs centaines d’hommes apprennent « ce qu’est un homme ». On pouvait y apprendre, entre autres, que la fin du patriarcat était arrivée il y a « un demi-siècle », pendant « les années 60 ». ...Vraiment ?

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Masculinisme en « prime time »

La polémique a enflé sur les réseaux sociaux ces derniers jours autour de ce reportage de France 2. Au menu, une immersion dans un stage de virilité organisé par les milieux catholiques, présenté par David Pujadas comme une solution pour les hommes face à « la fin du patriarcat ». Comme l’a remarqué très justement le site Konbini, c’est à « un bon gros cours de sexisme bien lourd et gratos en "prime time" » que les téléspectateurs du journal de 20h ont eu droit. Car pour « être un homme », selon les organisateurs de ce stage, il faut...pousser des voitures, faire des « haka », crier comme des bœufs et comprendre que l’on doit jouer « le rôle de guide » « qui indique la route », face à des femmes décidément si sensibles. Sans aucune critique, le journal de France 2 retranscrit ces « solutions ».

Ce que ne dit pas France 2, c’est que l’idéologie dispensée lors de ces stages porte un nom : le masculinisme. Un courant de pensée réactionnaire qui, au-delà de réunir des centaines d’hommes pour discuter de leur virilité comme on le voit dans le reportage, peut aller jusqu’à des formes extrêmes de « rassemblements pro-viols » et de revendication de légalisation du viol. Pire encore, en expliquant que ces stages sont une réponse à « la fin du patriarcat », France 2 reprend les arguments de ce courant de pensée, selon lequel le développement du féminisme et des droits des femmes aurait fragilisé les hommes dans leur « identité », les obligeant à devoir se rassembler entre homme pour y remédier.

Par ailleurs, il n’est pas anodin de noter que, ni David Pujadas, ni les journalistes du reportage, ne remarquent la communauté religieuse qui organise cet événement. On imagine bien que le même événement organisé par la communauté musulmane aurait déclenché les foudres. Décidément, il y a des communautarismes « acceptables », et d’autres qui le sont moins...

Non, Monsieur Pujadas, le patriarcat n’est pas mort

Mais de quel « fin du patriarcat » parle-t-on ? Pendant les années 60 et 70, les femmes ont en effet gagné le droit à disposer de leur corps et de leur sexualité, à décider de l’ouverture d’un compte en banque ou bien du travail qu’elle souhaite faire. Autant de mesures qui sont des revendications d’égalité... peut-être est-ce cela qui inquiète les participants aux stages de virilité ?

Mais rassurons ces messieurs : aujourd’hui encore, les femmes sont payées 26% de moins que les hommes et elles effectuent la grande majorité des tâches ménagères. Elles sont victimes de harcèlement sexuel, dans la rue, dans les études, au travail. Tous les deux jours, l’une d’entre elle est assassinée sous les coups de son conjoint. Et lorsqu’elles osent se réunir en non-mixité comme ces messieurs le font au journal de 20h, elles sont critiquées pour leur sectarisme.

Alors non, Monsieur Pujadas, le patriarcat n’est pas mort, et votre reportage l’exprime de la manière la plus limpide qui soit. Il exprime aussi une chose capitale : qu’importe le nombre de journalistes femmes, de ministres femmes, de cheffes d’entreprises, qu’importe la parité formelle dont notre « démocratie » se félicite, c’est bien sur nos propres forces que nous devrons compter !

 
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