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La Izquierda Diario
22 de mars de 2017 Twitter Faceboock

Scandale sanitaire
Brésil : De la viande avariée pour le premier exportateur mondial
Muriel Radler

La "plus importante opération de son histoire", voilà comment la police Brésilienne qualifie le démantèlement d’un vaste réseau de commercialisation de viande avariée sous de fausses étiquettes. Cette entreprise criminelle a prospéré avec la complicité de personnels dans l’administration brésilienne. Selon les enquêteurs, « une partie des pots-de-vin était reversée à des partis politiques », plus particulièrement le PP (centre) et le PMDB (centre-droit), formation politique du président Michel Temer. L’enquête suit son cours et les restrictions ont été mises en place.

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Quand on veut gagner de l’argent, le profit avant tout

Des viandes vendues après la date de péremption, de l’acide sorbique, un produit cancérigène, injecté dans les morceaux afin d’améliorer l’apparence d’une viande pourrie, des morceaux contaminés à la salmonellose envoyés sur le marché de l’exportation, ce sont là des exemples de pratiques installées dans l’industrie agroalimentaire brésilienne.

« Un désastre. »

Blairo Maggi, le ministre brésilien de l’Agriculture, lui-même gros producteur de soja, ne mâche pas ses mots lorsqu’il parle des conséquences que pourraient avoir ce scandale sanitaire.
Si l’UE a demandé au Brésil de retirer immédiatement de la liste tous les établissements impliqués dans la fraude, le Chili, Hong Kong et la chine - qui est le deuxième importateur de viande bovine et de volaille - ont totalement suspendu les importations de ces produits.
C’est un coup dur pour le Brésil qui comptait négocier les quotas d’exportation dans le cadre d’une relance des négociations entre l’Union Européenne (UE) et le Mercosur, le marché commun sud-américain (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay).

Le Brésil frémit car il a basé tout une partie de sa production sur l’agriculture pour l’exportation (sur l’élevage et sur la production de céréales, notamment de soja). Il a ainsi exporté pour 6,4 milliards d’euros de volailles et 5,5 milliards d’euros de boeuf l’an dernier selon les chiffres de la profession.
Ainsi, une chute de 10 % des exportations de viande pourrait entraîner la suppression de plus de 400.000 emplois au Brésil.

Cela fait une dizaine d’année que le Brésil a réussi a dépasser sa mauvaise réputation sanitaire et à s’imposer solidement sur le marché. C’est pourquoi le président brésilien Michel Temer a organisé dans l’urgence un barbecue avec des ambassadeurs. Un dîner de viande estimé à 14 000 reais (4 240 euros) qui n’a pas suffi à redonner confiance.

Les scandales sanitaires ne sont pas une exclusivité brésilienne et sont loin d’être « incroyables ».

En Europe, mais également en France ont lieu de nombreux scandales sanitaires souvent doublé d’un silence complice des institutions comme dans l’agroalimentaire pour Spanghero, Cooperl, Castel Viandes
Et quand bien même tout serait bien controlé, aucun Etat ne remettrait en cause les moyens de production de cette viande.
Etant donné que la production de bétail est bien plus gourmande en terre que celle de céréales, en dix ans, ce sont dix millions d’hectares de forêts qui sont parties en fumée pour laisser brouter deux cent millions de bovins ou pour les entasser dans des hangars. Selon Greenpeace, l’élevage bovin brésilien, extrêmement industrialisé, serait responsable de 80 % de la déforestation de l’Amazonie.
Cette déforestation, cette extension de l’agriculture industrielle, guidée par la recherche du profit, sans prise en compte de l’environnement et des ressources, s’attaque aux producteurs locaux et pillent les populations locales. Elle se fait au prix de menaces et de meurtres envers les petits paysans et les communautés locales.

Une fois la terre arrachée, pour ceux qui y travaillent cette production se fait au prix d’une forte exploitation. Si le Brésil est aussi concurrentiel, c’est parce que les employeurs brésiliens dépensent environ quatre fois moins que les employeurs français pour un ouvrier agricole et six à huit fois moins pour un employé d’abattoir (avec néanmoins une productivité du travail moindre au Brésil)

Dumping social, concurrence, crimes, déforestation, maltraitance, pollution…
Derrière la viande avariée et la corruption se cachent d’autres fruits pourris qui sont ceux d’un système bien plus large, un système pour lequel le profit sera toujours la seule orientation et la seule politique, un système prêt à vendre de la viande avariée aux salariés qu’il exploite en retour, un système à abattre.

 
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