Sauver le Parti Socialiste, ou du moins ce qu’il en reste : voilà l’objectif qui était donné aux primaires de la gauche. Émissions en prime time sur de grandes chaînes, interviews dans tous les médias, mise en scène d’un débat entre ceux qui revendiquent le quinquennat désastreux de Hollande et ceux qui le revendiquent mais pas trop, tout l’appareil du parti avait été utilisé pour tenter l’impossible. Le peu d’enthousiasme suscité par les débats aura été le spectateur de cette offensive. Mais le grand show, une fois n’est pas coutume, avait lieu en réalité ni sur les plateaux télé, ni dans les meetings des différents candidats, mais bien dans les couloirs de Solférino où le PS, après avoir fait disparaître des statistiques quelques centaines de milliers de chômeurs, s’est amusé à jouer avec quelques centaines de milliers de bulletin de vote. OuPS...
Sarah Macna |
La Belle Arnaque Populaire
Pendant l’après-midi d’hier déjà, les commentaires allaient bon train sur les réseaux sociaux : bizarrement, on ne voyait personne dans les bureaux de vote, mais les chiffres de participation allaient grandissant. Les suspicions ne faisaient que croître à mesure que des journalistes, notamment du Monde, expliquaient avoir pu voter deux fois, car les listes des électeurs ayant changé de domicile récemment ne seront définitivement validées pour les élections de 2017 que fin mars. Plus troublant encore, les journalistes de Marianne ont remarqué que le compteur de participation a disparu soudainement du site de la Primaire, vers 21h30, alors qu’il affichait moins d’un million de votants, pour ne réapparaître que le lendemain matin. Entre temps, le compte twitter de la campagne affichait néanmoins, à 22h43, que 1,3 millions d’électeurs avaient participé.
Cette situation n’a néanmoins pas empêché le président de la Haute Autorité de la primaire, Thomas Clay, d’affirmer avec assurance à l’annonce des résultats que le chiffre se situait « entre 1, 5 et 2 millions », « sans doute plus proche des 2 millions ». Un chiffre qui rentrait parfaitement dans les cordes de ce que pouvait accepter le Parti Socialiste pour éviter l’humiliation, puisque comme le disait Claude Bartolone, président PS de l’Assemblée Nationale, « Moins d’ 1,5 million et on n’a plus qu’à vendre le fond de commerce ». Ouf, l’honneur est sauf.
Mais c’était sans compter le « bug » du lundi matin. En effet, alors que tous les journalistes demandent les résultats définitifs, le site fait apparaître un chiffre augmenté de 350 000 électeurs, mais sans que cela ne joue sur les pourcentages de chaque candidat donnés la veille ! Interrogé sur cette aberration mathématique, le député Christophe Borgel donne alors une réponse on ne peut plus symptomatique : « Il y avait beaucoup de pression autour du niveau de participation, j’ai demandé à ce que les résultats soient actualisés au plus vite. Et effectivement, on a appliqué au nouveau total de votants les pourcentages de la veille. » Autrement dit, au PS, on n’hésite pas à jouer avec les chiffres pour sauvegarder son image...
Ce soir, le Parti Socialiste et le président de la Haute Autorité explique haut et fort que « tout va très bien, Madame la Marquise ». Pour Thomas Clay, « Tout a très bien fonctionné ». Après tout, 350 000 électeurs en plus ou en moins, qui disparaissent et réapparaissent, quelle importance ? A l’heure actuelle, et même si le PS cherche à afficher le retour à la normal, difficile pour eux d’enterrer le scandale dont le parfum ressemble de plus en plus à celui d’une vieille rose fanée...
Le dernier mensonge du PS ?
Car, en réalité, ce dont témoigne ce « bug » ayant entraîné la disparition de 350 000 bulletins de vote (ou l’apparition mystérieuse de 350 000 euros, puisque chaque participants devait donner 1 euro), c’est la déchéance du Parti de Solférino. Comment comprendre, sinon, cette « pression » aux chiffres de participation ? Comment comprendre aussi la nette défiance des médias envers le Parti Socialiste, pourtant encore – il semble bon de le rappeler – aux commandes de l’Etat français ?
Le quinquennat de Hollande aura décidément marqué une profonde rupture du PS avec son assise et sa base sociale. Ce nouveau mensonge, ou cette nouvelle arnaque, ne constitue finalement que le dernier mensonge d’une longue série, avec Hollande « ennemi de la finance », Cahuzac en lutte contre la fraude fiscale, le « ça va mieux » du président, la défense de la liberté d’expression à coup de 49.3 et de gaz lacrymo, et, en définitive, la promesse d’une gestion « progressiste » du capitalisme.
Ce scandale risque bien de marquer la suite du candidat élu (au moins officiellement, si ce n’est mathématiquement) par la primaire. Pas sûr que les deux finalistes aient besoin de ça, mais cela réjouira au moins les réseaux sociaux :
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