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La Izquierda Diario
29 de novembre de 2016 Twitter Faceboock

Présidentielles 2017
Valls, candidat d’un jour ? La crise continue au Parti Socialiste

Dans une interview au Journal Du Dimanche ce 27 novembre, jour du deuxième round pour la droite, Manuel Valls a laissé entendre sa candidature à la primaire de la gauche, ce qui à nouveau, laisse à penser que le Premier ministre pourrait démissionner afin de se consacrer pleinement aux présidentielles. Mais dès le lendemain, revirement de situation : un communiqué de Matignon affirme que Valls « écarte une démission » et sa candidature, suite à son déjeuner hebdomadaire avec le président Hollande. L’entretien qui a eu lieu ce midi-là a clairement eu pour but de recadrer les rapports qu’ont les deux hommes, craignant que la crise traversant le PS s’approfondisse de plus belle. Ces derniers jours mouvementés pour la « gauche » commencent à nous montrer le profil que prendront ses primaires au mois de janvier.

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Manon Véret

L’interview accordée au JDD révèle la posture de Valls face à la primaire de la gauche qui approche : la date butoir pour s’y porter candidat est le 15 décembre, et le président sortant ne s’est pas encore déclaré. C’est dans ce contexte que Valls s’affirme comme candidat potentiel, n’excluant plus de se présenter aux primaires, en tenant le profil de l’homme de « gauche » responsable face à la crise, et se démarque ainsi de ses compères de la droite Juppé et Fillon. « Je m’y prépare, je suis prêt », dit-il. Un coup de pression de la part du Premier ministre sur le silence de François Hollande ?

La méthode faire-barrage-au-FN, version Valls : valeurs républicaines et pseudo-justice sociale

 
D’entrée de jeu, le Premier ministre détermine sa position politique par rapport aux présidentielles d’avril-mai 2017 : faire barrage au Front National. Cette logique semble prédominer dans la course aux présidentielles, étant déjà omniprésente dans les discours des candidats aux primaires de la droite. Mais plus qu’un « danger », Valls présente la probabilité que Marine Le Pen passe au second tour des élections en mai prochain comme un « big-bang politique » auquel il faut absolument faire barrage. Face au FN, face à la « montée du populisme et de la menace terroriste », il propose de « rassembler les Français autour des valeurs de la République  », en se démarquant sur la gauche par rapport à Fillon.

En effet, Valls se démarque de Fillon en lui faisant la critique qu’il « rassemblera la droite et uniquement la droite  », et de manière plus générale, des candidats ayant participé à la primaire de la droite, et de son côté en voulant rassembler la gauche sur les bases politiques qui font accord au sein du PS. C’est ainsi qu’il l’exprime : « Ce qui nous sépare, avec Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Emmanuel Macron, est moins important que ce qui nous rassemble. Je le rappelle : nous pouvons être pulvérisés au soir du premier tour.  » Bien conscient de la faiblesse de la gauche traditionnelle face à la droite dure de Fillon et la montée du FN, il est « prêt » à s’efforcer de rassembler le PS fracturé, et encore plus profondément depuis la mobilisation contre la loi Travail, jusqu’à passer outre ses divergences avec Hamon et Montebourg, le tout sous le mot d’ordre du faire barrage au FN. Hamon et Montebourg, les frondeurs du printemps dernier, pourraient-ils se rallier à Valls, celui qui a employé le 49-3 à trois reprises et avec qui ils ont exprimé leur rupture ?

Valls se saisit de cette interview pour avancer les prémices d’un programme, ou du moins le profil d’une supposée campagne : « Voulez-vous la suppression de 500 000 fonctionnaires, la retraite à taux plein à 70 ans, les médicaments dé remboursés, le mépris des syndicats ? La France n’a pas besoin d’un électrochoc conservateur et libéral. » Quelle hypocrisie, de la part de celui qui a fait passer en force la réforme typiquement néolibérale qu’est la loi Travail ! On voit par là sa volonté à renouer avec sa base sociale qui a rompu, et pour certaines franges très profondément, avec le PS lors des derniers mois et notamment avec Valls, devenu la figure de celui qui utilise le 49-3 et réprime férocement les manifestants dans la rue. Le Premier ministre parle alors de la « belle alliance entre l’autorité républicaine et la justice sociale, que seule la gauche peut offrir », où l’autorité républicaine viendrait justifier ses actes autoritaires lors du printemps de lutte sociale, et ce qu’il appellerait justice sociale… seraient les « bienfaits » de sa loi Travail qu’il a tant défendu ? En terme de début de programme, il entend «  [parler] aux Français de l’avenir, en leur proposant une vision pour le pays : la nation éducative et culturelle, la mondialisation au service du peuple, le revenu universel garanti, la République ferme et bienveillante, l’Europe, la transition écologique. » Voilà à quoi s’attendre avec Valls au pouvoir : la continuité et le renforcement de la politique antisociale qu’il a mené jusque-là en tant que chef du gouvernement.

Déjeuner avec Hollande : Valls contraint de faire demi-tour

 
Mais au lendemain de ce discours a eu lieu le déjeuner en tête à tête de Valls et Hollande. Un long repas, qui a permis à Hollande de recadrer son Premier ministre et le faire rentrer dans le rang. En effet, ce même lundi en fin d’après-midi, Matignon sort un communiqué très politique : « Manuel Valls écarte une démission en soulignant être « chef du gouvernement » et avoir « le sens de l’État » ». Clairement, la crise du PS, pour Hollande, ne pourra pas trouver sa résolution dans le candidat Valls aux primaires de gauche. Mais ce recadrage d’Hollande est clair : si le Premier ministre se déclare candidat avant lui, sa succession à son poste actuel est toujours plus menacée (alors que sa côte de popularité est toujours au plus bas), mais surtout, cela révèlerait au grand jour la profondeur de la crise que traverse le gouvernement. Jamais il ne s’est (encore) produit sous la Ve République, qu’un Président sortant ne se représente pas, ou qu’un Premier ministre du même bord politique se mette dans la course aux présidentielles face à son Président.

Ce virage à 180 degrés, Valls le justifie au-delà de sa position de chef du gouvernement. Suite au communiqué de Matignon, il confirme qu’il ne peut y avoir « aucune confrontation au sein d’une primaire entre le président de la République et le premier ministre  », et invoque même la menace terroriste pour justifier son acte : « Il est hors de question qu’il y ait la moindre crise institutionnelle, […] [au] moment précis où la France fait face à la menace terroriste  ». Or nous ne sommes pas dupes. Lorsque plusieurs franges de la population disent ne plus faire confiance aux gouvernants, lorsque se renforce la polarisation sociale, tant sur la gauche au printemps dernier que sur la droite ces derniers temps, l’Etat français est bien en crise de représentativité, de légitimité. Ce dont les politiques ont peur aujourd’hui, c’est bien de la rendre encore plus visible, et pour Valls, d’en payer les frais.

Quelle place pour le PS en 2017 ?

 
Cette situation, en apparence retombée, montre bien la crise du PS mais plus largement, la crise dans laquelle est plongé le gouvernement Valls-Hollande, qui tous deux cherchent une issue à cette gauche-PS fragmentée, en prônant le « rassemblement de la gauche ». Ils sont d’autant plus dans le même bateau, qu’un sondage, paru le soir même de l’interview de Valls au JDD, attribue 9% aux deux au premier tour des présidentielles, dépassés de loin par Fillon à 26%, puis Le Pen, Macron et Mélenchon (sondage Harris Interactive pour Public Sénat et LCP). Il ne reste maintenant plus que quinze jours aux derniers pour déclarer leur candidatures à la primaire de la gauche. Hollande et Valls sortiront-ils pour de bon du silence ?

 
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