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La Izquierda Diario
8 de septembre de 2016 Twitter Faceboock

Entretien avec Donatella Ascoli, déléguée syndicale et militante du PCL
Musées de Venise. ’La bataille contre la précarité du travail est devant nous’

Donatella Ascoli, militante du PCL, Partito Comunista dei Lavoratori (Parti Communiste des Travailleurs) et déléguée de la Confédération Générale du Travail Italien (CGIL) se bat actuellement dans les Musées de la région de Venise contre la précarité qui s’installe et la loi Travail du gouvernement Renzi en passe d’être appliquée. Entretien.

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Donatella est déléguée syndicale de la CGIL et appartient à la section des services du commerce lié au tourisme. Dans la CGIL, on compte des délégués provinciaux, par catégorie et des délégués régionaux, liés à la confédération. Elle, est partie prenante d’une tendance, « le syndicat c’est autre chose – opposition CGL » [Il sindacato è un’altra cosa], courant lutte de classe qui bataille à l’intérieur de la CGIL pour défendre sa politique.

Le gouvernement Renzi cherche à instaurer une loi du travail à l’italienne, le Jobs Act, au travers des réformes du marché du travail.

Concernant la lutte des musées de la Vénitie. Quand a-t-elle débuté et pourquoi ?

Donatella Ascoli : Actuellement, nous soutenons la lutte des travailleurs et travailleuses des musées municipaux vénitiens : on parle d’une lutte concernant 450 travailleurs, qui a débuté il y a presque un an. Nous, nous sommes des travailleurs sous contrat. On ne dépend pas directement de la Fondation du Musée Civique, mais nous travaillons pour des entreprises ou des coopératives qui assurent un service pour ces musées : tenir les cafétérias, les librairies, les services divers comme la vente de ticket d’entrée. A titre personnel, je suis bibliothécaire.

Si nous nous battons, c’est parce qu’au printemps prochain se termine notre contrat et que nous souhaitons avoir des garanties de la part de la Fondation des musées civiques et de la part de la Mairie de Venise, qui est le premier gestionnaire de cette fondation.

Nous réclamons la garantie de réembauche sur notre poste de travail actuel, dan les mêmes conditions économiques et contractuelles. La chose majeure et qui dépasse le simple cadre de la lutte dans les musées, c’est que nous nous battons contre le Jobs Act : la réforme du travail que le gouvernement Renzi a mise en place l’année dernière. Cette réforme est semblable à celle lancée en France par le gouvernement Hollande. Nous demandons également à ce qu’elle ne soit pas mise en place et que soient maintenus les droits actuels de nos contrats.

La grande lutte contre la précarité du monde du travail et devant nous et nous la prenons à bras le corps. Contre l’application des contrats individuels que permet la nouvelle loi, et par exemple, que le travail volontaire dans les musées et dans les autres institutions, qui se présage dans le futur en particulier pour les expositions temporaires, ne soit pas appliqué.

Quelle a été la réponse de la direction des musées et du gouvernement ?

D.A. : Leur première réaction a été très dure. Une hostilité absolue de la part de la mairie comme de la Fondation des Musées Municipaux. Les trois premières grèves que nous avons menées, en dépit de leur succès, n’ont pas permis de les faire plier. En plus de l’hostilité la plus complète, nous avons reçu une réponse très violente : de nombreux salariés ont fait l’objet d’intimidations, ont été envoyés en vacances forcées pour leur participation à la grève. Et durant la grève, l’entreprise a appelé le personnel d’autres sites pour casser le mouvement.

Tout a été fait pour mettre un terme à notre mobilisation, mais sans y parvenir. Une chose très importante a été notre travail pour lier notre conflit avec celui d’autres travailleurs. D’abord avec ceux de la mairie de Venise, qui sont également en conflit avec la mairie, et avec qui nous nous sommes réunis le 31 aout pour faire une action à l’ouverture de la Mostra international du film de Venise. Les luttes isolées sont condamnées à l’échec et doivent se massifier et se réunir. C’est également l’objectif de la politique que nous menons à travers notre tendance dans le syndicat et qui fait de cette politique un axe prioritaire.

Comment le conflit a-t-il été couvert et rapporté dans les médias locaux et nationaux ?

Nous avons été censurés par une partie de la presse. Certaines questions n’y sont pas traitées. Par exemple, en tant que délégués syndicaux, nous avons fait des déclarations publiques qui ne sont pas apparues dans la presse. Mais le frein majeur a été le rôle joué par la bureaucratie syndicale qui ne voulait qu’on apparaisse dans la presse. Il faut dire et souligner que notre lutte est essentiellement conduite par une partie de l’opposition au sein du CGIL. Alors qu’une partie de la bureaucratie a fait obstacle à la popularisation de notre lutte, elle a également tenté d’empêcher notre organisation.

L’auto-organisation a été l’élément fondamental que nous avons cherché à développer dans la lutte en tant que partie et fraction syndicale. Un des principaux objectifs que nous avons atteint a été de construire un comité de lutte, à partir des musées, qui a tenté de se massifier et de se connecter à d’autres secteurs en lutte sur le territoire. Un comité qui puisse décider des instruments concrets pour mener la lutte. Par exemple, et pour soutenir économiquement les grévistes, une caisse de grève a été créée.

Les grévistes viennent de plusieurs musées de la ville ?

D.A. : Nous sommes répartis sur 10 musées dans toute la ville.

Tu as dit que vous vous étiez connectés aux autres luttes locales sur Venise et dans la région. C’était avec d’autres luttes ou avec d’autres travailleurs des musées en Italie ?

D.A. : Ça c’est la principale difficulté. On essaye de nous connecter avec les autres luttes qui ont commencé dans la culture. Mais la clef c’est aussi la lutte contre les bureaucraties syndicales, car ce sont eux qui nous maintiennent séparés, eux qui empêchent les tentatives de coordinations organisées par les délégués syndicaux lorsqu’elles échappent au contrôle de cette même bureaucratie. Mais on essaye malgré tout, et on le fait, dans notre cas, en bataillant de l’intérieur en opposition à la direction de la CGIL.

Quelle est la proportion de femmes dans cette lutte ?

D.A. : Dans notre lieu de travail, il y a une grande majorité de femme, et également parmi les travailleurs en lutte, elles sont très présentes.

Y-a-t-il des revendications spécifiques pour elles ?

D.A. : C’est quelque chose qui reste encore à développer. Pour le moment nous sommes très concentrés sur le conflit, mais nous voulons également avancer sur ce tableau. Ces comités qui sont nés et que nous avons construits dans nos musées doivent devenir un point d’appui pour cela. Non seulement pour développer un discours sur le travail féminin mais aussi sur les questions de genre.

Quelles sont les perspectives de lutte ?

D.A. : La principale est de poursuivre notre bataille contre la direction et nos patrons. On ne s’en cache pas : cette bataille est très complexe. On aimerait arriver à signer un accord qui protège non seulement les travailleurs et travailleuses de Venise, mais qui soit également un appui et un exemple à appliquer pour tout le secteur du commerce du tourisme.

Avez-vous une politique à l’égard des touristes qui arrivent dans les musées ? y-a-t-il un appui de la population et d’autres secteurs de travail ?

D.A. : C’est contradictoire : il y a ceux qui comprennent et nous soutienne et d’autres qui sont influencés par la campagne de dénigrement menée par le gouvernement contre nous. C’est ce qui s’est passé avec les travailleurs du Colisée de Rome et ceux de la galerie des Offices à Florence. On utilise le fait que nous ayons bloqué les musées pour nous accuser d’empêcher les visiteurs de profiter des biens culturels du pays. C’est une des raisons pour lesquelles on doit revendiquer le fait que toutes les institutions culturelles sont des lieux de travail et qu’on ne peut pas dissocier la défense des lieux culturels et la défense des conditions de travail.

 
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