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La Izquierda Diario
30 de juin de 2016 Twitter Faceboock

« Moi candidat »
Interview de Hollande dans Les Echos. Un discours aux allures présidentielles ?

Dans un long entretien paru dans Les Echos, François Hollande a clairement endossé le costume du « président candidat ». Défense de son bilan, proposition pour l’après 2017 et réaffirmation de l’autorité du chef de l’Etat sont au cœur du discours d’Hollande, se lançant à corps perdu dans une bataille, qui s’annonce désespérée, pour garder son trône à l’Elysée.

Julian Vadis

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Pour Hollande, le bilan est positif !

« La trahison, c’eût été de laisser le pays dans l’état où je l’ai trouvé » a ainsi déclaré François Hollande pour défendre son bilan et les attaques répétées à sa gauche, notamment sur l’épineux dossier de la loi travail. « Sur la loi travail, je n’ai manqué à aucun de mes principes [...] La conception que j’ai du progrès, ce n’est pas de figer des acquis mais de donner des droits et des libertés supplémentaires aux salariés. » a-t-il ainsi assuré pour se défendre d’avoir trahi ses promesses de 2012 ... et plus en général les « principes de gauche ». Conscient du poids que représente son discours du Bourget lors de la campagne 2012, où Hollande avait fait de la finance son ennemi, le président-candidat assure avoir bel et bien tenu ses engagements : « Après, est-ce que j’aurais pu faire davantage contre les excès de la finance ? Ce serait oublier que c’est à l’initiative de la France que l’Union bancaire a été mise en place au niveau européen et que nous avons marqué des points décisifs contre la fraude fiscale. » Pour sur, les multiples concessions au patronat qui ont jalonné le quinquennat, de la loi Macron à la loi travail, en passant par la loi Sapin 2 qui est une mascarade de transparence de la vie publique et de lutte contre les cas de corruption et de fraude fiscale ; avec l’explosion du chômage et les quelques 8 millions de travailleurs vivant sous le seuil de pauvreté, ce sont autant de faits mettant à mal l’image d’un Hollande vent debout contre l’ennemi financier. Et cette affirmation relève d’un véritable affront pour les masses laborieuses.


La question de l’autorité d’Etat. Hollande envoie un message à la bourgeoisie.

En ces temps de crises sociales aigües et face à un Front National et une droite en embuscade, la contestation de l’autorité étatique –notamment envers la figure du président– est un enjeu majeur pour la campagne 2017. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que François Hollande est extrêmement lucide sur ce point. Le président - candidat a ainsi affirmé que « nos institutions sont solides. Je considère qu’il serait extrêmement dangereux de les affaiblir ». Le message est donc on ne peut plus clair. En ce sens, Hollande a directement menacé les zadistes de Notre Dame des Landes, s’appuyant sur le résultat de son référendum pour entreprendre l’expulsion, malgré la mascarade de ce scrutin. Sur la question de la loi travail, Hollande a par ailleurs affirmé qu’il ne toucherait pas à l’article 2, mais aussi qu’en cas de blocage à l’Assemblée, il n’hésiterait pas à réutiliser l’article 49.3, ce à quoi 73% de la population est pourtant opposée. De quoi rassurer Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, mais aussi (et surtout) le camp du patronat qui a beau décrier la nouvelle mouture du texte, se réjouit en sous-main des facilités que cette loi devrait lui procurer.

Face au nationalisme du Brexit, Hollande réaffirme la puissance hexagonale

Mais Hollande n’a pas restreint son discours au territoire hexagonal. La posture est également ferme à échelle européenne, et sur le Brexit en particulier. « Le choc a été d’autant plus fort qu’il n’avait pas vraiment été anticipé. (...) La première victime du divorce, ce n’est pas l’Europe, c’est le Royaume-Uni. (...) Le mensonge a pu abuser le peuple britannique. Il lui appartiendra d’en tirer le moment venu les conclusions envers les dirigeants qui l’ont fourvoyé. Mais son choix est irrévocable. La démocratie n’est pas une partie de poker (...) La décision [du Royaume-Uni de quitter l’UE] doit être mise en œuvre. Il n’y a pas de temps à perdre. (...) Il n’y aura de négociation avec le Royaume-Uni que dans le cadre de la séparation prévue par l’article 50 des traités. » Le message est là aussi limpide. Le Royaume-Uni doit assumer sa décision et sortir de l’Union Européenne. Même si ce n’est pas le scénario voulu par la bourgeoisie, il faut prendre acte, d’autant que cela va se traduire par l’ouverture de nouveaux marchés pour la France et l’Allemagne. En promettant de « rendre la place financière de Paris plus attractive », Hollande cherche à se satisfaire d’un compétiteur de moins. En effet, la France et l’Allemagne lorgnent sur les parts de marché britannique, prêtes à tout pour d’une part réaffirmer leurs puissance auprès des autres pays membres mais aussi de tirer profit de la nouvelle situation économique.

En ce sens, Hollande quitte le terrain nationale, pour prendre de la hauteur en reprenant son costume de VRP pour le patronat français. Ainsi, le président - candidat s’est dit ouvert à l’investissement d’entreprises britanniques en France et à ce que de grandes multinationales françaises puissent investir en sol britannique. Quant à la question du maintien de la France dans l’UE ? Le débat aura lieu lors de l’élection présidentielle en 2017. Un terrain plus propice à une réélection que sur les questions sociales.


En difficulté dans les sondages, Hollande part de loin.

Président le plus impopulaire de l’histoire, Hollande sait que le chemin sera long. En ce sens, il défend son bilan en argumentant sur l’état déplorable du pays à son arrivée au pouvoir, et implicitement donc qu’il faudra bien 5 ans de plus pour appliquer ses promesses. Il n’est donc pas étonnant de voir ses quelques propositions comme des versions 2017 du programme de 2012. Hollande mise donc sur une politique visant à poursuivre le chemin, lui qui se serait sacrifié pendant 5 ans de travail « ingrat » mais « nécessaire », afin d’inverser la courbe du chômage par le biais d’une croissance économique soit disant retrouvée.

En pleine crise du bipartisme, et alors que les Républicains vont bientôt se déchirer pour trouver leur candidat, Hollande prend les devants pour apparaitre à l’orée de l’élection ne serait-ce qu’un candidat crédible, la primaire à gauche étant une tentative desespérée de rassembler à gauche, dans sa propre opposition. Pour cela, la contestation contre la loi travail doit cesser au plus vite afin de couper l’herbe sous le pied à un Mélenchon en hausse à sa gauche, tout en promulguant la loi et ainsi limiter le champ d’action de la droite sur le thème d’un discrédit de l’autorité d’Etat. Mais dans ce vaste cirque politicien, l’intérêt des travailleurs est quant à lui aux antipodes des différents pontes politiques. A savoir faire plier le gouvernement sur la loi travail mais aussi (et surtout) préparer les batailles qui ne manqueront pas de venir.

 
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