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La Izquierda Diario
2 de février de 2023 Twitter Faceboock

Comment gagner ?
« La jeunesse et les ouvriers c’est un cocktail explosif pour gagner » Lorélia, étudiante, au meeting de RP
Lorélia Fréjo

Au meeting de RP, Lorélia Fréjo, étudiante et militante au Poing Levé a insisté sur la nécessité pour la jeunesse de se mobiliser massivement aux côtés des travailleurs en grève, pour réaliser un cocktail explosif capable de faire plier le gouvernement.

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Je voulais commencer par dire toute ma solidarité avec les luttes des travailleurs et de la jeunesse à l’internationale, en commençant par le retour de grèves massives en Angleterre, notamment dans la fonction publique, pour l’augmentation des salaires.

Mais je pense aussi au soulèvement de la population péruvienne contre le coup d’État de Dina Boluarte, qui revendique la mise en place d’une Assemblée Constituante pour en finir avec cet État libéral, raciste, et répressif. J’ai une pensée particulière pour les 60 personnes tuées par la répression, et les 200 personnes arrêtées lors de l’occupation de l’Université de Lima.

Depuis que je milite, je n’avais jamais vu des manifestations aussi massives que celles qu’on connaît en ce moment contre la réforme des retraites, et ça donne beaucoup d’espoir pour la suite du mouvement. Hier, la mobilisation s’est amplifiée partout, avec des cortèges jeunes encore plus importants. De nombreux lycées ont été bloqués, et nous étions très nombreux à nous joindre aux travailleurs en grève.

Cette dernière semaine, des Assemblées Générales ont été organisées dans de nombreuses universités, réunissant parfois jusque 350 étudiants comme à Paris 8. Lundi, une assemblée inter-facs a également réuni plus de 450 étudiant-e-s de Paris 1, Paris 3, Paris IV, Paris VI, l’université de Paris, Paris 8, Nanterre ou encore Cergy et même Assas.

Ce qui est clair, c’est que la possibilité que la jeunesse se mobilise terrorise le gouvernement. Il n’y a qu’à voir comment ils s’appliquent sur tous les plateaux de télévision à nous infantiliser en expliquant que « la retraite n’intéresse pas les jeunes », qu’il faut être « démoralisé pour réfléchir à sa retraite à 20 ans » ou encore qu’on « ne connaitrait rien car nous n’aurions jamais travaillé ».

Dans le même temps, ils s’acharnent à réprimer toutes les initiatives étudiantes pour rejoindre la mobilisation. A Strasbourg, ce sont les CRS dans les AG, à l’EHESS 29 étudiants sont emmenés en garde à vue et dans les lycées dès 8h c’est lacrymo et coups de matraque.

Ils ont peur et ils ont raison d’avoir peur, car on a tout intérêt à se mobiliser. D’abord, parce que cette réforme est une attaque brutale contre un de nos acquis sociaux, arraché par les luttes. Alors que le marché du travail se referme du fait de la crise économique, et que 18% des jeunes sont déjà au chômage, Macron veut nous obliger à travailler jusqu’après 64 ans.

Pour gagner une pension de misère, il faudra bosser au moins 43 ans. Avec les carrières hachées et les jobs précaires, beaucoup d’entre nous devrons aller jusque 66, 67 ans. En gros, l’avenir qu’on nous promet c’est de travailler jusqu’à la mort, pour des salaires qui ne nous permettent même pas de vivre, alors que le patronat engrange des profits records.

Bernard Arnault a doublé sa fortune depuis le Covid, mais ce serait à nous de payer le coût de la crise ? Ce qui se joue, c’est véritablement une bataille entre deux modèles de société. Est-ce qu’on veut passer nos vies à travailler et user notre santé pour les gains d’une minorité ?

Le mouvement qui commence est l’occasion de faire payer l’addition à Macron et à la bourgeoisie. Depuis la crise Covid, la précarité n’a fait qu’augmenter dans la jeunesse, et avec l’inflation ça n’est pas près de s’améliorer. Beaucoup d’entre nous sont obligés de faire la queue devant les banques alimentaires pour se nourrir et n’ont pas de quoi se chauffer cet hiver.

Ma génération s’est déjà beaucoup mobilisée pour défendre un autre avenir. En 2020, nous étions des milliers dans la rue contre les lois racistes et les violences policière après la mort de George Floyd, aux côtés du comité Adama. Mais nous avons aussi grossi les rangs de toutes les manifestations contre les violences sexistes et sexuelles. Nous avons construit des actions et milité contre la destruction de la planète.

La jeunesse a prouvé toute sa force politique et radicale, et maintenant il est l’heure de la mettre au service du mouvement faire plier Macron sur sa réforme des retraites. Pour ça, les manifestations massives ne suffiront pas. Le cocktail explosif que le gouvernement craint c’est la force de frappe d’une grève reconductible, mêlée à l’enthousiasme d’une jeunesse qui veut tout changer. Lorsque les jeunes s’autoorganisent pour se lier aux travailleurs, ils peuvent jouer un rôle majeur pour faire gagner les mouvements.

Pour ça, il ne suffira pas d’aller dans la rue une fois par semaine ou le samedi, il faut construire un mouvement étudiant d’ampleur, qui bouleverse l’agenda de mobilisation et serve d’étincelle de la colère. Les journées de mobilisation une fois par semaine, décidées par en haut par l’intersyndicale, ne permettront pas de mettre le rapport de force nécessaire à la victoire. Faire pression sur les parlementaires, et espérer que des députés LR cèdent, c’est un plan perdant. Le gouvernement a déjà prévu de faire passer la réforme par 47-1, pour réduire au maximum les débats parlementaires.

Au Poing Levé, nous refusons de faire confiance aux institutions ni à quelconque parlementaire pour gagner, nous savons que nous ne pouvons compter que sur nous-même. Et puis, on refuse de s’arrêter à la seule revendication du retrait de la réforme. Nous voulons la retraite à 60 ans, et 55 ans pour les travaux pénibles. Nous voulons la fin de la précarité dans la jeunesse et des jobs précaires, et un revenu étudiant à hauteur du SMIC financé par les grandes fortunes. Nous voulons en finir avec la sélection dans les universités, qui vire les étudiants des classes populaires.

Pour cela, il faut un mouvement d’ampleur qui bloque l’économie et tape là où ça leur fait mal. Une mobilisation qui montre de quoi la jeunesse est capable, et qui soit dirigé par nous-même. Quand nous on sort, c’est ni Berger, ni Martinez qui nous dira quand rentrer.

Pour que Macron cède, il va falloir s’inspirer du meilleur du mouvement étudiant. Le seul moyen de gagner c’est quand la jeunesse organise des Assemblées Générales massives et décide de reprendre le contrôle sur ses universités et ses lycées. C’était le cas en 2006, quand des milliers de jeunes ont occupé La Sorbonne contre Le Contrat premier embauche et ont fait reculer le gouvernement Villepin. Pour obtenir cette victoire, les jeunes mobilisés ont bloqué des routes et des gares, organisés des journées de mobilisation massive et n’ont jamais reculé dans l’affrontement à la police.

Mais le mouvement étudiant c’est aussi 1986, lorsque des milliers de jeunes se sont coordonnés dans toutes les universités contre la Loi Devaquet ou encore 1968, quant aux côtés des travailleurs, étudiants et lycéens ont voulu repenser l’ensemble de la société. C’est de cette tradition que nous voulons nous inspirer. Nous vous invitons toutes et tous à nous rejoindre, pour défendre partout la construction d’une mobilisation étudiante d’ampleur, outil essentiel pour espérer gagner contre ce gouvernement.

Au Poing Levé, nous défendons cette perspective depuis notre création en 2018. Je le dis souvent, mais si j’ai commencé à militer dans cette organisation c’est parce que c’est la seule qui a ramené les gilets jaunes dans les universités. En 2019, avec mes camarades nous étions sur les piquets de la RATP et dans les gares pour construire l’alliance avec les travailleurs contre la première réforme des retraites de Macron. En 2021, nous étions aux côtés des raffineurs de Grandpuits contre un plan social qui devait financer la fausse transition écologique de Total.

Aujourd’hui, il est essentiel de ramener dans nos facs et nos lycées l’ambiance de la grève, et d’aller renforcer partout les travailleurs qui veulent défendre un plan de bataille plus radical que celui de l’intersyndicale. Hier, les mobilisations étaient remplies de jeunes, mais il faut que tous nous devenions des militants conscients du mouvement. Pas juste marcher, mais discuter d’une stratégie pour obtenir la victoire et militer pour que la mobilisation aille le plus loin possible.

Au Poing Levé, nous avons défendu l’organisation de la coordination des facs mobilisés, et la construction de cortèges jeunes indépendants des organisations syndicales dans les manifestations. Et le 8 février, nous appelons tout l’Enseignement Supérieur et la jeunesse à se mobiliser, pour ne pas s’arrêter à une seule date de mobilisation isolée.

Moi, je suis d’une génération à qui on a toujours expliqué qu’on gagnerait plus rien et qu’il fallait se résigner. Mais, nous ne serons pas la génération des défaites, face à l’avenir qu’ils nous promettent nous répondons en prenant la rue et nos universités !

Alors que la guerre fait son retour en Europe, et que l’urgence climatique fait des ravages partout, il faut leur mettre un coup d’arrêt maintenant. Face à leurs crises, au Poing Levé nous nous battons pour construire une jeunesse militante, qui se bat pour détruire ce système capitaliste et défendre un autre modèle de société !

 
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