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28 de janvier de 2023 Twitter Faceboock

Elections étudiantes
Fac du Mirail. Face à l’anti-démocratie des conseils, il faut voter pour une liste de lutte !
Le Poing Levé Mirail

Du 30 janvier au 1er février les étudiant.e.s du Mirail sont appelés à voter pour les conseils centraux de l’université. Le Poing Levé y porte une liste pour des élus au service des luttes. Mais à quoi servent ces conseils ? On vous explique tout en détail !

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Du 30 janvier au 1er février, les étudiant.es du Mirail sont appelés à voter pour élire leurs représentant.es dans les conseils centraux de l’université. Ces conseils universitaires ne sont qu’une mascarade de démocratie et sont des courroies de transmission des politiques austéritaires du gouvernement. Pourtant, il est essentiel d’y envoyer des élu.es au service des luttes pour alerter sur les attaques à venir, et appuyer les mobilisations étudiantes et des travailleur.euses de la fac. C’est l’objectif que se fixe Le Poing Levé qui présente une liste lors de ces élections.

Conseils centraux, anti-démocratie universitaire, on vous explique en détail

Ces élections vont renouveler l’ensemble des élu.es du Conseil d’Administration (CA) et de la Commission Formation et Vie Universitaire (CFVU), chez les enseignant.es, chez les personnels et chez les étudiant.es. A l’issue de ces élections, la présidence de l’université sera réélue.

« Si vous voulez enterrer un problème, nommez une commission  » Georges Clemenceau

Ces conseils ont pour vocation de diriger l’université. La CFVU s’occupe en particulier des décisions concernant les cours et la vie étudiante, tandis que le Conseil d’Administration gère l’ensemble des affaires relatives à l’université (le budget et le recrutement entre autres).

Historiquement ces conseils ont été le moyen utilisé par l’État français pour essayer de désamorcer la colère étudiante de Mai 68. Face à la révolte étudiante qui se liait aux millions de grévistes de 1968, le gouvernement a fait le pari d’attacher des représentant.es des étudiant.es, du personnel et des enseignant.es à ces conseils, afin que la colère s’exprime dans le cadre feutré d’un conseil universitaire loin des Assemblées Générales ou des manifestations. La cogestion universitaire est née.

En 2007, Valérie Pécresse, alors ministre de l’Enseignement Supérieur de Sarkozy, faisait le pari de « réparer les dégâts de 1968 » et de porter un premier coup brutal à l’université publique et (quasi) gratuite. Cette réforme prévoyait « d’autonomiser » les universités, c’est-à-dire de désengager financièrement l’État et de pousser les facs à se tourner vers des financements privés. Pourtant, sa réforme n’a pas supprimé la cogestion, preuve de son efficacité pour domestiquer la colère et coopter les organisations étudiantes (à grand renfort de commissions en tout genre, de subventions, de vice-présidence étudiante etc.). En revanche, elle a diminué la représentativité des étudiant.es et des personnels et augmenté celle des enseignants (celle des plus hauts grades de la corporation, pas des tâcherons précaires de l’enseignement supérieur).

Par exemple pour le CA du Mirail, 200 professeurs d’université élisent 8 représentants, 500 maîtres de conférences MDC en élisent 8 également, tandis que les environ 800 BIATSS et 34.000 étudiants n’ont que 6 représentants BIATSS et 6 représentants étudiants. La liste enseignante qui arrive première reçoit également une prime majoritaire qui lui permet de dominer largement le conseil. A cela, il faut ajouter la nomination par l’État, le CNRS et la région de trois « personnalités extérieures ». Enfin, pour compléter ce conseil cinq autres « personnalités extérieures » (notamment des représentants d’entreprise) sont élues dans le secret du conseil : ainsi 8 personnalités ont plus de poids que les étudiants ou les BIATSS.

Mais le problème ne s’arrête pas à la composition des conseils, car élargir la représentation étudiante ne changerait même pas le problème. En cas de vote qui ne convienne pas à la présidence ou au rectorat, on nous a systématiquement ressorti que la décision était illégale et serait attaquée au tribunal. La présidente peut également refuser de mettre au vote ou à la discussion certaines questions. Lorsque des votes ont pu être gagnés à la CFVU, où il y a une plus forte proportion d’étudiants, il y a eu « séance de rattrapage » en CA où les rapports de force sont totalement défavorables aux étudiant.es.

Le but des différentes contre-réformes à l’université a été de resserrer toujours plus la direction des universités en donnant tout pouvoir à la présidence qui reçoit la mission d’appliquer les cures austéritaires de l’État et de rendre son université « attractive » pour le patronat qui doit y voir une opportunité d’investissement, et donc de profit.

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L’austérité, la meilleure arme pour discipliner les conseils et les élu.es

Entre 2008 et 2018, le nombre d’étudiant.es a augmenté de 20 %, tandis que les budgets n’ont augmenté que de 10 %. Le budget par étudiant.e ne cesse de baisser et applique une sélection qui ne dit pas son nom (rendue encore plus brutale par ParcourSup). Dans ce contexte, le rôle premier des conseils centraux de l’université est d’administrer la misère. Il faut choisir quel service devra être amputé de ses financements pour en sauver un autre. Au Mirail par exemple, face à la crise des services de santé, débordés par les cas de détresse psychologique et d’isolement dans la jeunesse, la présidence a ainsi appuyé le fait de prendre davantage sur la CVEC, les frais d’inscription déguisés payés par les étudiant.es non-boursier en chaque début d’année, donc de réduire le budget d’autres fonctions, notamment des fonds d’aides sociales, qui en dépendent.

Mettre le doigt dans ces mécanismes de cogestion, c’est se retrouver happé dans un engrenage de compromissions et d’administration de la misère étudiante et universitaire. C’est pourtant ainsi qu’ont été modelées les principales organisations étudiantes. L’UNEF, en plus d’avoir été historiquement la pouponnière des carriéristes du PS, a joué ce rôle à plein jusqu’à soutenir des contre-réformes tant qu’elles étaient portées par des gouvernements socialistes.

Proche de la disparition ou déjà disparue dans de nombreuses facs, l’UNEF existe encore à l’échelle nationale par son ancrage d’abord et avant tout dans les institutions de cogestion universitaire. Nationalement, c’est la FAGE (liste AGEMP au Mirail), plus à droite et philo-macroniste, qui lui a damé le pion pour jouer son rôle historique : accompagner les mesures, en atténuer les effets à la marge. Ce qui compte réellement pour ces organisations, c’est d’obtenir des places dans le plus de conseil possible, car ces élu.es votent ensuite pour les élu.es des élu.es au Conseil National de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (CNESER), arène ultime de la cogestion.

La présence dans ce conseil assure des subventions étatiques très importantes qui permettent l’entretien de tous les bureaucrates étudiant.es passé.es experts en cogestion. Ainsi, l’AGEMP, qui n’apparaît au Mirail que les jours d’élections, a obtenu en 2021 une élue au CA. Elle n’a siégé que les deux premiers mois puis a disparu, mais soyez sûrs que la FAGE n’a pas laissé s’évaporer une voix de grande électrice pour le CNESER ! Les élections aux conseils centraux sont un investissement financier pour certaines organisations, qui peut rapporter gros.

Au Mirail, la présence d’organisations étudiantes combatives et d’un mouvement étudiant remuant a partiellement limité les tendances à la cogestion. Pourtant, l’Union des Etudiants Communistes (UEC) joue à plein ce rôle d’administration de la misère, notamment par la figure du vice-pésident étudiant. Un rôle remarqué dans le rapport du HCERES en 2020 (conseil d’évaluation des universités introduit par les lois LRU et Fioraso dans une logique néo-libérale) qui souligne la « participation du Vice-Président Étudiant à l’équipe politique ». Puis plus loin : « Le VPE est également présent à la Maison des Initiatives Étudiantes et il est en charge du pilotage de la plupart des dispositifs étudiants. À ce titre, il a une réelle place dans la gouvernance de l’établissement. » Le vice-président étudiant « communiste » s’affiche en effet comme membre de la gouvernance de la fac aux côtés de la présidente qui a pourtant multiplié les attaques contre les BIATSS et les étudiant.es depuis 2018.

Cette intégration totale à la présidence a pour résultat de ne chercher qu’à accompagner les reculs plutôt de que de construire le rapport de force contre les mesures de sélection sociale : mieux administrer la CVEC par exemple, frais d’inscriptions déguisés instaurés par la loi ORE, qui installait ParcourSup. Là aussi le rapport cité plus haut distribue les bons et les mauvais points : « La présence étudiante dans les conseils est marquée par une politisation importante d’au moins une partie de la communauté étudiante de l’UT2J. [...] Par ailleurs, il ressort des entretiens que les élus étudiants représentent souvent une force d’opposition destinée à provoquer le débat, sur des problématiques locales ou nationales, moins une force de proposition dans ces instances. Ceci semble avoir plusieurs conséquences parmi lesquelles la difficulté in fine d’assurer la cogestion étudiante de l’établissement. »

En 2021, aucune autre organisation étudiante que l’UEC n’avait voté pour élire (pour une troisième fois depuis 2016) ce vice-président étudiant, précisément parce qu’il représente une force d’accompagnement. L’établissement d’une liste unitaire avec l’UET (anciennement un syndicat combatif, désormais quasiment disparu) derrière le programme de l’UEC s’est fait par l’abandon de toute délimitation, aussi minime soit-elle de la cogestion.

Élire des élu.es au service des luttes

Le rôle essentiel des conseils est donc de tenir la grande masse des étudiants et des personnels à l’écart de la prise de décisions concernant leurs conditions d’étude et de travail. C’est pour rompre avec l’opacité des conseils, pour tout dévoiler sur la place publique et pour en faire un point d’appui des luttes que nous nous y présentons.

Dans ce sens, depuis que nous sommes y sommes élu.es, nous nous sommes battu.es pour dénoncer les conditions de travail des salarié.es du nettoyage en sous-traitance, le manque de moyens des services de santé de la fac, ou encore les différentes formes de sélection étudiante imposée par l’université comme les modalités d’examens pendant le confinement et le tri raciste des étudiants réfugiés de la guerre en Ukraine. Lors de la dernière CFVU du 26 janvier, nous avons d’ailleurs été à l’initiative d’une motion adoptée à l’unanimité contre la mise en place de la plateforme Trouve Ton Master.

Mais pour être victorieux, tous ces combats ne peuvent pas se limiter aux cadres des conseils, et doivent être portés dans les mobilisations.

D’autant que sur fond de crise du système capitaliste qui touche particulièrement les étudiants, l’extrême droite la plus réactionnaire essaye de s’incruster à la fac à coups de promesses démagogiques (quand ce n’est pas à coup de matraques). Au Mirail, l’UNI présente ainsi une liste pour ces élections : derrière ses airs consensuels, nous la dénonçons partout pour ce qu’elle est, une liste d’extrême droite raciste et anti-sociale. Si ces organisations peuvent se développer c’est grâce à la misère provoquée par les différents gouvernements, grâce aux discours xénophobes vomis sur tous les plateaux de télé, mais aussi parce que les organisations étudiantes, empêtrées dans la cogestion n’ont pas mis leur force dans la construction d’un puissant mouvement étudiant, seule voie pour arracher de nouveaux droits pour les étudiants et l’ensemble de la jeunesse.

Face à la précarité étudiante aggravée par l’inflation, face aux attaques du gouvernement, et en ce moment à la réforme des retraites, il faut des élu.es au service des luttes, qui se mobilise au quotidien pour construire un mouvement étudiant conscient que les moyens nécessaires pour l’université et contre la précarité s’arracheront par les luttes sociales, aux côtés des travailleuses et des travailleurs, pas dans les conseils de l’université. Alors du 30 janvier au 1 février, je vote et je fais voter Le Poing Levé !

 
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