http://www.revolutionpermanente.fr/ / Voir en ligne
La Izquierda Diario
12 de janvier de 2023 Twitter Faceboock

Témoignage
« Le travail vole notre santé, 64 ans c’est impossible » Fernande, 62 ans, agent de nettoyage
Fernande Bagou

Agent de nettoyage dans les gares de région parisienne, Fernande Bagou est déléguée syndicale CFDT et ancienne gréviste d’Onet. Sur RP, elle témoigne en réaction au report de l’âge de départ à la retraite.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Le-travail-vole-notre-sante-64-ans-c-est-impossible-Fernande-62-ans-agent-de-nettoyage

Témoignage à retrouver dans notre émission ouvrière sur la bataille des retraites.

Quand j’ai appris à la télévision les annonces, ça m’a bouleversé. Notre métier dans le nettoyage est trop difficile, et s’il faut travailler jusqu’à 64 ans ce n’est pas normal.

A notre âge, nous les seniors, le travail que nous faisons est tellement pénible qu’on n’arrive même pas à nettoyer nos gares convenablement. Si tu es un salarié qui travaille dans 3 gares différentes, rester jusqu’à 64 ans je trouve que c’est énorme.

Nous ne pouvons pas rester jusqu’à cet âge. Nous travaillons dehors : quand il fait froid ou quand il neige, on est dans le froid, quand il fait chaud, on est dans la chaleur. C’est terrible et vraiment difficile pour nous.

Le travail a volé notre santé. Ce qui fait qu’aujourd’hui beaucoup d’entre nous ne peuvent pas aller au bout de leur carrière : ils sont obligés de faire des ruptures conventionnelles pour pouvoir partir avant la retraite, pour partir un peu plus tôt. Ils sont déjà épuisés par le travail.

Notre travail est physique : il faut d’abord se lever très tôt le matin, puis il faut rester debout et marcher longtemps, et nous avons beaucoup à faire sur les chantiers. Il faut ramasser les poubelles, on est exposés à tous les microbes.

Le travail est répétitif, on a mal aux coudes, aux poignets, aux articulations, aux genoux, aux chevilles, aux épaules. On souffre mais on a pas le choix, on continue à travailler.

Par exemple, moi je suis senior, mais avec ma situation on ne peut pas me reclasser et je suis obligée de travailler au moins jusqu’à 64 ans. Je pense que je vais devoir prendre une canne pour continuer à travailler sur les quais.

Ma carrière n’est pas continue, il y a eu des interruptions. Je suis arrivée ici tard et je dois donc en réalité travailler jusqu’à 67 ans. Imaginez un peu, comment je peux faire ça ! Je trouve que c’est inadmissible. Aujourd’hui, j’ai 62 ans et je suis déjà fatiguée. Me lever tôt me fatigue : je commence à 7h le matin, mais je suis à la L’Haÿ-les-Roses, je dois donc me lever à 4h pour me préparer, prendre le bus et après prendre deux trains pour aller sur mon lieu de travail. Aujourd’hui, avec les primes, mon salaires est de 1400€.

Pendant le Covid, on a été exposés. Au début, il n’y avait pas de masques et on nous disait qu’on pouvait continuer à travailler car ce n’était que les travailleurs en contact direct avec les malades qui étaient exposés. Mais on a été exposés parce que l’on était dans les gares, et on devait ramasser les masques usagés, parfois sans gants. On avait pas de masques et j’étais obligée d’utiliser de l’essuie tout pour faire des masques pour partir travailler. On a dû faire ça pendant quelques mois avant qu’on nous livre les masques. Beaucoup sont tombés malades, ont dû partir en rupture conventionnelle.

Si on doit continuer à travailler, moi je pense qu’on ne pourra même pas. Les gens qui comme nous travaillent dans des métiers pénibles devraient partir plus tôt à la retraite.

Pour le 19 janvier je pense qu’on va appeler à la grève. J’en parlerai à mes collègues autour de moi et s’ils sont motivés on partira en grève, parce que ça concerne tout le monde !

Vous aussi, témoignez sur Révolution Permanente contre la réforme des retraites. Envoyez nous vos textes à siterevolutionpermanente[at]gmail.com et nous les publierons !

 
Revolution Permanente
Suivez nous sur les réseaux
/ Révolution Permanente
@RevPermanente
[email protected]
www.revolutionpermanente.com