Du 22 au 24 novembre 2022 se déroulaient les élections pour les conseils centraux (Conseil d’Administration et Commission Formation et Vie Universitaire) à l’Université Savoie Mont Blanc (USMB).
En plus de la traditionnelle liste ’Bouge ton campus’, regroupant les associations, BDE et corporations, trois listes avaient été déposées, ce qui montre un regain de vie syndicale et politique à l’USMB. Le Poing Levé s’est ainsi retrouvé confronté à une liste parachutée par le bureau national de l’UNEF, une organisation absente du campus depuis une dizaine d’années, ainsi qu’à La Cocarde étudiante, groupuscule d’extrême-droite présent depuis quelques années sur le campus. Derrière une profession de foi lissée visant la dédiabolisation, La Cocarde étudiante porte des idées profondément réactionnaires et racistes : elle a notamment revendiqué, sur les réseaux sociaux, avoir réalisé un collage raciste sur le campus de Jacob Bellecombette après le meurtre de Lola, et affichent régulièrement pour Zemmour et Marine Le Pen. Pour autant, Le Poing Levé a su, depuis plus d’un an, jouer un rôle qui a permis de le démarquer d’un point de vue idéologique, et qui s’est affirmé dans les urnes.
Les élections se sont déroulées dans une actualité assez vive pour l’Université Savoie Mont Blanc. Des tags sexistes et promouvant la culture du viol avaient en effet été découverts lundi 14 novembre sur le campus de Jacob Bellecombette. Le Poing Levé avait évidemment réagi immédiatement, tandis que la presse et la télévision locales relayaient l’information. Le lendemain, des recherches menées par Le Poing Levé avaient permis de comprendre que cette action avait été réalisée par un collectif féministe voulant dénoncer le harcèlement en ligne. A la veille des mobilisations des 19 et 25 novembre contre les violences sexistes et sexuelles, le Poing Levé avait appelé à rejoindre la manifestation programmée pour le soir du 25 novembre à Chambéry.
Le Poing Levé Chambéry a mené une campagne dynamique, multipliant les interventions dans les amphis et salles de cours, ainsi que les vidéos sur les réseaux sociaux. Ces efforts ont payé puisque le siège déjà occupé au Conseil d’Administration (CA) a été renouvelé, avec 298 voix soit 19 % des suffrages – une progression de 11 % par rapport au vote de 2020. Au CA encore, l’UNEF devance la liste Le Poing Levé de 4 voix seulement, ce qui lui permet d’obtenir deux sièges. Pour sa part, la Cocarde obtient un siège in extremis.
À la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire (CFVU), le Poing Levé obtient deux sièges et arrive en tête du collège Lettres, Langues et Sciences Humaines (LLSH), avec 36 % des suffrages : un résultat d’autant plus impressionnant que c’est dans ce collège que le taux de participation a été le plus élevé, avec 14,5 % de votants là où la participation générale plafonne à 10 %. Bouge ton Campus et l’UNEF obtiennent tous deux un siège. En Droit, Économie et Gestion, où Le Poing Levé se présentait également, les sièges ont été emportés par ’Bouge ton campus’, l’UNEF et La Cocarde, avec respectivement deux élus ’Bouge ton campus’, un élu UNEF et un élu Cocarde.
Pour conclure, ces élections ont été marquées par une progression des idées anticapitalistes et révolutionnaires au sein de l’Université Savoie Mont Blanc, et ce malgré les tentatives d’obstructions de la part de la Présidence.
En effet, en pleine période de campagne électorale, les affiches du Poing Levé posées sur les panneaux d’affichages libres du campus de Jacob ont été systématiquement arrachées par le service d’exploitation du patrimoine, sur consigne de la présidence. Alors que rien ne distingue les panneaux des uns des autres et que le règlement électoral permet l’affichage pendant la campagne, la présidence, qui fait depuis environ un an la chasse aux affichages politiques, prétendait réduire à peau de chagrin les panneaux sur lesquels il était possible de faire campagne. Interrogée à ce sujet en CA, l’équipe présidentielle s’est emportée face à la détermination du Poing Levé à faire respecter la liberté d’expression sur le campus. En pleines élections, le président de l’université a en outre annoncé par mail avoir porté plainte contre les personnes ayant « tenu ou relayé des propos diffamatoires à son encontre sur les réseaux sociaux », laissant planer une menace sur l’ensemble des étudiants qui oseraient critiquer la politique de l’USMB.
Si les résultats du Poing Levé sont à saluer, l’entrée de la Cocarde étudiante dans les conseils centraux de l’USMB est un symptôme de la percée, dans les universités, de l’extrême droite et de ses idées réactionnaires et xénophobes. Ses récentes agressions contre des militants dans des universités, à Bordeaux et à Montpellier par exemple, ou encore les intimidations visant à faire annuler des échéances à Chambéry, Aix-en-Provence, Lille ou encore Toulouse, témoignent de l’urgence de se mobiliser pour la combattre. Dans les facs, cela passe entre autres par la défense d’une université libre, gratuite et ouverte à toutes et tous, au service des travailleurs et des travailleuses et de l’émancipation. Après ces élections, le Poing Levé est bien décidé à mener cette lutte. Il le fera résolument dans les conseils où il a été élu, mais aussi et surtout bien au-delà : comme en attestent les mesures antidémocratiques qui ont marqué cette campagne, ni les présidences d’université, ni l’État ne sont véritablement des alliés dans cette bataille. Le Poing Levé appelle donc toutes les étudiantes et tous les étudiants qui défendent cette perspective à prendre contact et à s’organiser.
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