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7 de décembre de 2022 Twitter Faceboock

Inflation
Grève chez Sanofi à Ambarès : « Face aux méthodes antigrèves de la direction : tenir pour nos salaires »
Yann Causs

En grève depuis le 14 novembre, les salariés de Sanofi à Ambarès participent au mouvement national pour l’augmentation de leur salaire et de meilleures conditions de travail. Nous étions ces deux derniers jours sur leur piquet de grève alors que la direction passe à l’offensive pour casser la grève.

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Sur le site d’Ambarès, 80% de la production bloqués

Tous les jours depuis le 22 novembre, début de la reconduite de la grève chez Sanofi Ambarès à côté de Bordeaux, les grévistes plantent leur piquet de grève devant la salle des fêtes de la commune juste en face de l’usine. Un piquet tenu à partir de 8 heures jusqu’à minuit pour les plus motivés, le tout dans une ambiance conviviale et déterminée.

En grève depuis le 14 novembre pour l’augmentation de leur salaire et de meilleures conditions de travail, une cinquantaine de grévistes se réunissent chaque jour pour déjeuner sur le piquet et discuter collectivement des suites. Optant pour des débrayages quotidiens aux heures stratégiques, les grévistes tournent sur le site d’Ambarès. Concrètement, ce sont plus 210 salariés de Sanofi Ambarès qui se sont mis en grève depuis 2 semaines. Laurent, délégué syndical, nous explique que cela « représente plus d’un tiers du site qui emploie 610 travailleurs en CDI, dont 120 sont des cadres et 200 postes concernent directement la production. Ainsi in fine, on bloque quasiment 80% de la production lors de nos débrayages ».

Sur ce site spécialisé dans la production de formules sèches (comprimés, capsules) et injectables pour les maladies cardiovasculaires et du système nerveux central, dédiée principalement à l’exportation, la détermination est palpable. Avec l’ampleur inédite du mouvement à l’échelle nationale et ses 16 sites en grèves, les grévistes imposent un rapport de force historique à leur direction. « Lundi soir, la plus haute direction, le PDG Paul Hudson et le CE stratégique de Sanofi, se sont exprimés en personne sur le conflit. C’est du jamais vu », nous explique Laurent. « Si eux s’en mêlent, c’est qu’on réussit notre coup, on ne va pas rentrer de suite » pouvait-on entendre sur le piquet.

La direction de Sanofi lance l’offensive pour casser le mouvement national

Si les grévistes en profitent pour mettre en avant le rapport de force qu’ils imposent, ils ne sont pas pour autant dupes : la grande direction de Sanofi cherche à casser le mouvement national de grève.

Pour cela, un mail envoyé lundi soir par Paul Hudson et le CE de Sanofi donne le coup d’envoi. Ayant eu accès au document, nous pouvons notamment y lire :« Les représentants syndicaux ont refusé toutes [nos] propositions. En conséquence, nous avons décidé des conditions salariales élevées qui vous ont été communiqués, c’est-à-dire l’allocation d’une enveloppe globale de 8,2% pour l’année 2023. […] La période de négociation annuelle obligatoire est close, un ensemble de mesures salariales fortes pour tous les employés de Sanofi en France ».

Les grévistes d’Ambarès répondent sans ambiguïté et souhaitent démasquer le mensonge de la direction : « ils veulent nous manipuler en avançant ce chiffre. En réalité, l’augmentation collective que chaque salarié du groupe pourra espérer percevoir sera de 4% pour les non-cadres, le reste sera conditionné à notre ancienneté, à l’obtention d’un coefficient ou d’une augmentation individuelle. Surtout, ils effectuent une opération mathématique douteuse en ajoutant à ces 4%, la prime PPV de 2 000€ qui sera perçu qu’une seule fois et ne s’inscrit pas dans la durée. En réalité, on est bien en dessous de l’inflation et ils emploient la même méthode que le patronat de Total. »

L’objectif, côté patronal, est clair. En stigmatisant les grévistes qualifiés de « minoritaire » et « d’irresponsable » la direction de Sanofi cherche à justifier une répression des blocages et à décrédibiliser la mobilisation menée par près de 4 000 travailleurs Sanofi au total.

Très vite, justement, le masque est tombé et l’offensive s’est intensifiée. Depuis ce mercredi matin, la direction cherche à imposer des négociations de fin de conflit, non pas à échelle nationale, mais sur chaque site de Sanofi indépendamment les uns des autres. Ainsi, Sanofi a organisé aujourd’hui pour chacune de ses branches (Recherche et développement, Chimie, Winthrop Industrie notamment) des réunions entre leurs directions et les délégués syndicaux.

À Ambarès, site Sanofi Winthrop Industrie, la réunion se tenait sur le piquet de grève à 15 heures en compagnie d’une dizaine de grévistes restés pour y assister et appliquer la décision prise collectivement 3 heures plus tôt : refuser cette manœuvre de la direction qui cherche à diviser le mouvement. Prenant la parole dès l’entame de celle-ci, Patrick Rojo, délégué syndical CGT, clame d’emblée : « Il n’y aucune négociation de fin de conflit alors qu’aucune véritable négociation de NAO n’a eu lieu. Avec les grévistes nous coupons court à la réunion et continuons la mobilisation pour l’augmentation des salaires et contre la précarisation de nos emplois. Nous n’acceptons plus cette situation ».

Surtout, les grévistes ont pu s’apercevoir du mensonge de la direction. Sur la branche Wintrop Industrie, mais certainement dans l’ensemble du groupe pour les grévistes, la direction met sur la table seulement une garantie d’augmentation annuelle collective de 1 500€. Concrètement pour un salaire moyen à Sanofi, un syndicaliste nous explique que cela représente 75 € d’augmentation par mois, « à peine de quoi se payer un plein d’essence supplémentaire ».

Tenir le mouvement et exiger un plan de bataille pour étendre la mobilisation

A notre micro, Patrick Rojo s’exprime à l’adresse de l’ensemble des grévistes de Sanofi : « Nous devons investir du temps, de l’ardeur, de la sueur et il va falloir résister à ce mastodonte international de Sanofi. C’est dur et ça sera dur, mais il faut résister afin de préserver nos acquis face aux offensives ».

Face à l’offensive de la direction, afin de casser la grève, les grévistes de Sanofi doivent tenir ce mouvement historique dans le groupe. Alors que la crise énergétique se tend et que le gouvernement lance son offensive sur la réforme des retraites, le mois de janvier peut potentiellement être celui de la colère. Pour cela, il est nécessaire que les directions syndicales mettent sur la table un véritable plan de bataille afin de bâtir la mobilisation d’ensemble nécessaire à notre classe afin qu’elle ne paye pas la crise.

 
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