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La Izquierda Diario
29 de novembre de 2022 Twitter Faceboock

Plus youtubeur qu’écologiste
« 10 nouveaux RER » : derrière la comm’ écolo, Macron détruit les transports publics
James Draoust

Dans une nouvelle vidéo de question/réponse sur l’écologie Macron annonce vouloir créer des lignes de RER dans 10 métropoles et vante son bilan sur les transports. Macron a pourtant largement détruit le service public ferroviaire et à ce titre, sa politique est un cataclysme pour le climat. Pourtant, une vraie politique écologique est possible : les travailleurs des transports et les usagers doivent en prendre les manettes !

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En France, les transports représentent près d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre, dont la moitié provient des émissions de voitures thermiques. Ainsi, le développement des transports en commun pour permettre à l’immense majorité de la population de ne plus avoir à utiliser sa voiture est un enjeu climatique central. Pourtant, force est de constater que ceux-ci ont tendance à se dégrader, leur prix augmente, ce qui inquiète l’ensemble des usagers. Dans son nouvel exercice de com’ à l’attention des jeunes, le youtubeur Emmanuel Macron a choisi une question pour mettre en avant son bilan sur cette question. Alors que le Pass Navigo augmente drastiquement et que les billets de la SNCF sont de plus en plus chers, une internaute a interrogé le Président son action pour les transports en commun. Dans sa réponse, il réussit l’exploit de se faire passer pour un sauveteur du rail : sauvetage de petites lignes, réouverture des trains de nuit et annonce d’un projet de RER dans 10 métropoles.

Cela n’est possible qu’en mettant sous le tapis les politiques destructrices du rail qu’il a menées de son entrée dans le gouvernement Hollande jusqu’à aujourd’hui. C’est bien la loi Macron de 2015 qui a permis le dumping social et écologique des bus « Macron » (à l’image des Flixbus), amplifiant la concurrence envers la SNCF et développant le transport routier au détriment du ferroviaire. En 2018, avec le Pacte Ferroviaire (mené par Elisabeth Borne alors ministre des Transports) puis en 2019 avec la Loi Orientation Mobilités, il a décidé de s’attaquer frontalement au service public ferroviaire en permettant l’ouverture à la concurrence, tout en s’attaquant aux conditions de travail et au statut des cheminots.

Conséquence ? Ce qui n’est pas assez rentable financièrement est bradé ou supprimé pour que la SNCF soit compétitive face aux entreprises qui vont arriver sur le marché, ce qui impacte directement certains postes comme les guichetiers et l’entretien des petites lignes. Alors que Macron se vante dans sa vidéo d’avoir sauvé ou rouvert 9000 kilomètres de lignes, Le Monde rappelle qu’il s’agit d’un plan sur 10 ans, mobilisant les régions « volontaires » qui est bien loin d’être réalisé. Médiapart va plus loin et précise que « sur les vingt dernières années, la longueur des lignes ferroviaires a diminué de 13,4 % en France. Cela représente près de la moitié de la fermeture de lignes pour toute l’Union européenne ». Et comme disent les cheminots, ce qui sort du rail finit sur la route.

 

L’état des transports en commun parisiens : un avant-goût des RER dans les autres métropoles ? 

A la vue des bouchons à l’heure de la sortie du travail dans de nombreuses villes, développer massivement des nouvelles infrastructures pour les transports en commun apparaît comme une simple mesure de bon sens, qui n’est pourtant pas une priorité pour nos dirigeants qui volent en Falcon. Mais l’état du RER et des transports en Île-de-France dit quelque chose de ce que risque d’être un développement des transports à la sauce Macron (si elle existe).

La recherche perpétuelle de réduction des coûts dictée par l’ouverture à la concurrence ne peut se traduire que par le délabrement du réseau et des conditions de travail. Au mois de mai, Arnaud Moinet, conducteur sur le RER A, témoignait dans nos colonnes d’ « un ras-le-bol général contre la casse de nos conditions de travail, le management, le manque d’effectif, les rapports à-tout-va et les sanctions qui pleuvent ! ». A l’heure actuelle, de nombreux travailleurs des transports préfèrent démissionner que de travailler dans des conditions toujours plus précaires.

De la même manière, l’ouverture à la concurrence et cette logique de compression des coûts incitent au sous-investissement dont les conséquences vont des pannes régulières aux accidents. Une problématique qui touche déjà l’existant. C’est ainsi que réagissait un dirigeant d’association d’usagers de la région PACA auprès de France 3 : « Sur la Côte d’Azur, on vous supprime des trains, on n’arrive déjà pas à fournir une offre TER suffisante, c’est utopique de penser avoir un RER ».

L’ouverture à la concurrence revient à privatiser les bénéfices (l’exploitation du réseau) mais à socialiser les pertes et les coûts (entretien du réseau, investissements). Les parties les plus profitables sont achetées par des acteurs privés : ainsi le patrimoine immobilier de la SNCF a été vendu par partie bout, à l’image de la Gare du Nord transformée en centre commercial. Pour le reste, les coûts reposent sur les collectivités. Comme le détaille Mediapart : « Île-de-France Mobilités a dû racheter à la RATP des bus, des dépôts et des lieux de maintenance, afin, plus tard, de les confier, moyennant finances, aux entreprises qui obtiendront des contrats ». De là résulte un endettement qui justifie en retour aux yeux de Pécresse de faire payer (90€ par mois désormais) les pots cassés aux usagers et aux travailleurs.

Se battre pour une autre politique de transports : les écologistes doivent lutter aux côtés des travailleurs des transports

Changer fondamentalement nos modes de déplacement en permettant à toutes et tous de se déplacer en transport impose la gratuité des transports au premier rang des revendications. Il s’agit d’une revendication écologique et sociale centrale. Mais rendre gratuits des réseaux défectueux et rongés par le sous-investissement n’est pas une solution permettant de se passer au maximum des véhicules individuels.
La logique qui gouverne la politique des transports est aujourd’hui celle de la rentabilité, qui conduit à n’offrir un accès de qualité qu’aux catégories les plus privilégiées de la population. Les TER et les intercités, moins chers et plus accessibles, sont délaissés au profit des TGV. Il en va de même pour les transports dans les périphéries des villes et les centre-villes : le délabrement du RER, qui transporte tous les jours les travailleurs des quartiers populaires en est la meilleure illustration.

A l’envers de l’œuvre de Macron et de ses prédécesseurs, il faut donc réinvestir massivement dans les transports en commun pour désengorger les grandes artères de circulation routière. Cela signifie renforcer significativement l’offre existante, notamment un élargissement des horaires afin de permettre à tous les salariés travaillant tard la nuit ou tôt le matin de pouvoir utiliser les services publics, et lancer de grands chantiers pour créer de nouvelles lignes, de nouvelles infrastructures. Cela demandera des embauches et donc des conditions de travail à la hauteur, et une hausse importante des rémunérations.

Comme l’ont exprimé les militants du transport de Révolution Permanente dans un article-programme : « Cela devient évident que l’on ne peut pas se reposer sur les différents gouvernements pour résoudre ce véritable problème qui touche des millions d’usagers chaque jour. […] Il est donc nécessaire de lutter pour la nationalisation sans indemnité ni rachat de l’ensemble des entreprises de transports en commun, pour en faire une seule entreprise unique sur l’ensemble du territoire, sous contrôle des travailleurs des transports et des usagers, c’est-à-dire les principaux concernés par le fait que les transports fonctionnent correctement et soient planifiés et développés en toute sécurité. Un monopole public du transport permettrait d’organiser le transport de passagers et de marchandises en fonction des besoins du plus grand nombre et de la protection de la planète, et non pas pour enrichir une poignée. C’est cette perspective que nous voulons défendre, et que seule une mobilisation commune, des travailleurs des transports et des usagers, peut mettre sur la table du débat public. »

Tous les militants écologistes devraient s’emparer de ces revendications aux côtés des travailleurs des transports pour imposer une véritable transition écologique, dans une lutte commune pour renverser les plus gros pollueurs : les capitalistes et leurs agents aux manettes de l’État et des services publics.

 
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