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La Izquierda Diario
22 de novembre de 2022 Twitter Faceboock

Cinquante nuances de vide
COP27 : un nouvel accord catastrophique pour le climat et les pays dominés
James Draoust

Ce dimanche 20 novembre s’achevait la COP27. Sans surprise, l’accord résultant de l’édition 2022 particulièrement discréditée est une catastrophe pour la planète, qui montre l’impossibilité de laisser entre les mains des Etats et des capitalistes les questions climatiques.

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Crédits photo : AHMAD GHARABLI / AFP
 
Ce dimanche 20 novembre marquait la fin de la COP27 à Charm El-Cheikh et l’adoption par les 196 États participants d’un texte qui guidera leurs politiques climatiques jusqu’à la prochaine COP. Comme chaque année, l’échéance a plus marqué les esprits par ses défilés de jets privés, de sponsors douteux et de lobbyistes que par la pertinence des mesures prises. 
 
Coca-Cola, sponsor principal et premier pollueur plastique au monde, ou encore Microsoft et IBM et les transporteurs EgyptAir et General Motors ont ainsi côtoyé quelques 636 lobbyistes du pétrole, dont le PDG de Total Patrick Pouyanné en personne. Un cadre particulièrement approprié pour signer de nouveaux contrats. Mediapart rapporte ainsi que « durant les deux semaines de la COP27, quatorze accords gaziers internationaux ont été scellés ou annoncés. »
 
Du côté de l’écologie en revanche, le bilan est bien différent. Alors que l’objectif de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle, semble de plus en plus lointain, la COP27 devait notamment redonner un peu de crédibilité à l’engagement écologique des Etats. En outre, cette COP affichait la volonté d’inclure plus profondément les pays du Sud dans les discussions via le financement de leur transition énergétique et la compensation face aux pertes causées par les catastrophes climatiques, présentes et futures. Or, sur les deux tableaux, c’est raté.
 

Fonds pour les pertes et préjudices : un accord « symbolique » aux airs d’insulte

 
Parmi les bilans de la COP27 mis en avant, la création « historique » d’un fonds contre les pertes et préjudices engendrés par les catastrophes climatiques. En effet, une dizaine de pays se sont engagés à fournir ce fonds d’une somme totale de… 300 millions d’euros. A titre de comparaison, les estimations des pertes engendrées par les seules inondations meurtrières au Pakistan cet été sont de 30 milliards : il faudrait alors 100 fois la somme de ce fonds pour combler une seule catastrophe naturelle de grande ampleur. Par ailleurs, la majorité de ces financements proviennent de redirection de fonds déjà prévus à cet effet, tandis que le statut des pays pouvant contribuer ainsi que les conditions d’attribution du fonds (prêt, subvention, promesse d’investissement) n’ont pas été réglés.
 
Une mesure totalement cosmétique donc, alors que, comme le rapporte Le Monde « [Ces coûts] ont été évalués, par des scientifiques, entre 290 milliards et 580 milliards de dollars par an jusqu’en 2030, et jusqu’à 1 700 milliards de dollars en 2050, pour les seules conséquences économiques dans les pays en développement » . Le patronat des pays impérialistes est responsable de l’écrasante majorité des émissions de gaz à effet de serre dont les conséquences ravagent aujourd’hui les pays sous domination.
 
D’autant que, peu importe le montant de ces sommes, elles ne sauraient réparer les destructions écologiques et les morts causés par cette destruction de l’environnement pour les profits de quelques-uns. Du côté des autres mesures cyniques mises en avant par les impérialistes, l’enjeu de réformer le FMI et les institutions bancaires pour prendre en compte les enjeux de transition énergétique a été « souligné » dans les accords finaux de la COP27…
 
Des paroles en l’air, qui se gardent bien de soulever la responsabilité de ces institutions dans le maintien des pays dominés sous des pressions austéritaires à travers la dette, qui décuple les effets des catastrophes écologiques, comme cela a pu être constaté dans les inondations au Pakistan..
 

Baisser les émissions de CO2 … sans s’en prendre aux hydrocarbures

 
Par rapport à la COP26 de Glasgow, la responsabilité des hydrocarbures a été laissée de côté dans les discussions. La transition pour sortir du charbon a été évoquée pour bon nombre de pays, mais pas sur le pétrole et le gaz. Le rôle des lobbys est bien sûr important mais les États n’ont rien fait pour limiter leur influence non plus. La COP27 réussit ainsi l’exploit de poser des perspectives de réductions des émissions de CO2 sans aborder la question de l’utilisation du gaz et du pétrole.
 
Alors que la question avait été mise en avant lors de la précédente échéance - il avait fallu attendre 26 années de négociations internationales pour que la question des hydrocarbures, responsables de 90% des émissions de CO2 mondiales, ne soit ne serait-ce qu’abordée - la COP 27 garde le silence à ce sujet, à l’exception de plans pour diminuer la dépendance de certains pays au charbon.
 
Dans ces conditions, l’objectif déjà remis en cause des accords de Paris, n’apparaît plus du tout atteignable. L’ONU elle-même ne cachait pas que les trajectoires adoptées lors des COP nous entraînent vers un futur catastrophique, affirmant en octobre qu’il « n’y a pas de chemin crédible vers les 1.5°C en place » et que les mesures des Etats, si elles étaient tenues, pourraient nous entraîner vers un réchauffement climatique à +2.8°C d’ici à 2100. Si cette réalité avait déjà été soulevée lors de la précédente COP, une conscience que la limitation du réchauffement à 1.5°C est définitivement abandonnée infuse de plus en plus largement. Dans le même temps, les COP apparaissent de plus en plus décriées à mesure que la crise s’approfondit et que la complicité des États avec les patrons pollueurs pour nous la faire payer devient flagrante pour une grande partie de la population.
 

La France au premier rang des hypocrites

 
Dans ce festival de greenwashing, la France a tenté d’occuper une place centrale dans les discussions. Dès le début de la COP 27, Macron s’est érigé en le fer de lance de la politique écologique européenne en matière de neutralité carbone. Le lendemain, il recevait les dirigeants de 27 entreprises parmi les plus polluantes de France pour augmenter leurs subventions.
 
Le gouvernement s’est aussi montré actif dans le financement du « développement » de l’Afrique du Sud et de l’Indonésie. Deux pays dans lesquels Total compte lancer de nouveaux projets (gazier en Afrique du Sud, gazier et solaire décentralisé en Indonésie). C’est de manière plus terre à terre ce que sont ces aides au développement : des investissements extérieurs des impérialistes.

 Une manière pour Macron de donner un nouveau souffle à son écologie pro-patronale, alors que son gouvernement s’est largement ridiculisé dans la dernière période sur le sujet et que des germes de radicalité recommencent à émerger dans les mobilisations climat.
 
En plus de consolider son écologie pro-patronale, ces engagements sont également au service de la préservation des intérêts des principales puissances impérialistes. Dans ce sens, Macron s’est battu aux côtés des Etats Unis contre la création du fonds pertes et préjudices, le critiquant par la suite : « L’idée d’un fonds seul est au pire inappropriée, au mieux largement insuffisante ». Pour faire pare-feu il a multiplié les accords et cadres de discussion parallèles. Une manière aussi de faire peser les intérêts de la France dans les politiques de transition des Etats sous domination.
 
Les bilans de cette nouvelle COP viennent une fois de plus montrer qu’il n’y a rien à attendre de ces grandes messes internationales. Ces cadres sont en effet taillés sur mesure par et pour les intérêts des puissances impérialistes et de leurs entreprises, tout en leur permettant de se présenter en grands sauveurs du climat. Face à cette nouvelle démonstration que les Etats et le patronat sont bel et bien prêts à nous envoyer dans le mur pour préserver les profits, il est nécessaire de s’organiser et de leur opposer une force à même de modifier radicalement toute l’organisation de la production. Une force qui ne pourra émerger qu’autour des travailleurs et de leur place centrale et stratégique dans la production.

 
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