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15 de novembre de 2022 Twitter Faceboock

Éducation Nationale
« Plan laïcité » : Pap N’Diaye veut toujours plus de répression contre les élèves musulman·e·s
Gabriella Manouchki

Dans une nouvelle circulaire, publiée le 10 novembre, le gouvernement appelle à « sanctionner systématiquement (...) le comportement des élèves portant atteinte à la laïcité ». Un texte qui entérine l’offensive islamophobe en cours dans l’Éducation nationale, rappelant aux chefs d’établissements qu’ils ont toute légitimité pour punir les élèves dont la tenue manifesterait, « par intention », le caractère religieux.

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Une nouvelle circulaire, annoncée par Pap N’Diaye, a été publiée le 10 novembre dans le Bulletin officiel de l’Éducation nationale. La circulaire « relative au plan laïcité dans les écoles et les établissements scolaires  » s’articule autour de quatre axes : « sanctionner systématiquement et de façon graduée le comportement des élèves portant atteinte à la laïcité lorsqu’il persiste après une phase de dialogue ; renforcer la protection et le soutien aux personnels ; appuyer les chefs d’établissement en cas d’atteinte à la laïcité ; renforcer la formation des personnels et en premier lieu celle des chefs d’établissement ». Elle est appuyée par cinq fiches pratiques qui précisent les consignes que le personnel doit suivre en cas de « menaces » ou « d’atteinte à la laïcité ».

Comme le souligne Marianne, ce nouveau texte ne vise pas à « révolutionner les directives déjà en place » mais à « marquer le soutien de l’institution aux chefs d’établissement » qui seraient « confrontés à une augmentation des signes religieux ». En effet, la circulaire ne formule pas de nouvelle norme réglementaire : elle s’appuie principalement sur la loi de 2004, qui interdit le port de signes ou de tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse. Elle fait suite au premier courrier sur les abayas et les qamis, envoyé aux recteurs le 16 septembre dernier, qui avait suscité de nombreuses interrogations du côté des chefs d’établissement. Attendue pour apporter des précisions à ce courrier, la circulaire n’apporte pas d’éléments supplémentaires à la loi, mais se veut une réponse politique, comme le souligne Le Café Pédagogique

Cette circulaire vise avant tout à installer l’idée d’une « montée des phénomènes d’atteinte à la laïcité, en particulier par le biais du port de tenues signifiant une appartenance religieuse », à laquelle il faudrait répondre par un renforcement de la répression. Pour légitimer le recours à la « sanction systématique » et au « durcissement » vis-à-vis des élèves, y compris par le biais des services de police et de gendarmerie, le Ministère s’appuie sur son relevé désormais mensuel des « faits d’atteintes au principe de laïcité qui remontent des écoles et des établissements scolaires », que Pap N’Diaye a annoncé vouloir utiliser comme « un véritable outil de suivi et de pilotage. Selon ce relevé, 720 signalements ont été recensés au mois d’octobre, soit une hausse de 130% par rapport à septembre.

Mais en plus d’être très minoritaire, ce phénomène s’explique largement par la politique du gouvernement, qui mène une véritable campagne d’incitation aux signalements. Dans la continuité de la loi séparatisme, après l’intervention de Macron sur une prétendue « épidémie de tenues islamiques » en juin dernier et les premiers chiffres de signalements « records » annoncés par Pap N’Diaye en septembre, la nouvelle circulaire vient en effet entériner une offensive sécuritaire islamophobe du gouvernement dans l’Éducation nationale. Comme nous l’écrivions, celle-ci se traduit déjà par un véritable profilage racial, par un harcèlement et par un contrôle vestimentaire répressif des élèves par l’institution.

Une politique qui ne fait que renforcer les tensions au sein des établissements scolaires, et conduit à renforcer la répression - y compris policière - au sein de l’institution. À Montauban, une lycéenne a ainsi publié sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle on entend une enseignante la réprimander à propos de l’abaya qu’elle porte, avant de faire l’objet d’un signalement, puis d’être visée par une procédure disciplinaire pour « atteinte à la laïcité ». L’élève a, depuis, quitté l’établissement, tandis qu’un dispositif policier a été déployé autour du lycée aux heures d’entrée et de sortie. Alors que l’extrême-droite s’empare de l’affaire, William Goldanel ayant prétexté vouloir défendre « l’enseignante menacée » sur le plateau de CNews, il s’agit d’un premier exemple de la manière dont, se prétendant pédagogue et inclusif, le gouvernement met en danger les personnels et les élèves et renforce la mise au pas de l’école.

Ainsi, la nouvelle circulaire de Pap N’Diaye aura pour conséquence le renforcement de la répression islamophobe des lycéens, et en particulier des lycéennes musulmanes, stigmatisées par la loi de 2004 dans la continuité des différentes polémiques sur le voile ayant rythmé l’actualité politique depuis l’affaire Creil. Cette offensive sécuritaire islamophobe se fait au service du projet xénophobe et raciste plus large que porte le gouvernement, notamment à travers son projet de loi Immigration. Elle vise également à augmenter le contrôle des élèves et du personnel de l’éducation, en réaction aux mobilisations qui ont traversé ce secteur ces dernières années.

Face à l’offensive sécuritaire et islamophobe que mène le gouvernement dans l’Éducation nationale, le silence des organisations syndicales est assourdissant. Alors que les personnels sont incités à traquer les élèves sur la base de leur appartenance religieuse réelle ou supposée, moyennant le contrôle de la tenue vestimentaire des jeunes filles en particulier, la surenchère répressive du gouvernement doit être fermement dénoncée. L’ensemble des lois sécuritaires et islamophobes du gouvernement doivent être abrogées, à commencer par la loi de 2004 qui sert de base au renforcement de la répression. Nous devons exiger des augmentations de salaires et l’amélioration de nos conditions de travail et d’études, en arrachant des moyens massifs pour l’Éducation, pas pour la police ni pour l’armée qui veulent encadrer la jeunesse !

 
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