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La Izquierda Diario
8 de novembre de 2022 Twitter Faceboock

Ils polluent et nous répriment
« Eco-séparatisme ». La secrétaire d’Etat à la citoyenneté s’en prend aux militants écologistes
Seb Nanzhel

Dans une tribune parue samedi, la secrétaire d’État à la citoyenneté désigne la désobéissance civile comme « l’antichambre sournoise d’un authentique séparatisme. » Une surenchère réactionnaire et sécuritaire après les propos de Darmanin sur « l’écoterrorisme » qui accompagne un durcissement répressif contre le mouvement climat. 

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Crédits photo : EMMANUEL DUNAND / AFP

Dans une tribune parue le samedi 5 octobre dans le Journal Du Dimanche, Sonia Backès, secrétaire d’État chargée de la citoyenneté s’attaque aux luttes écologistes et plus particulièrement à la stratégie de désobéissance civile, qu’elle qualifie « [d’]antichambre sournoise d’un authentique séparatisme ». Cette tribune participe de la volonté du gouvernement de construire un discours de mise au ban des militants écologistes, pour légitimer la répression de futures mobilisations écologistes, craintes par le gouvernement.

« Ecoterrorisme », « éco-séparatisme », ces nouveaux éléments de langage utilisés par le gouvernement constituent un saut dans la criminalisation des luttes pour le climat. Ce langage n’est pas sans rappeler celui utilisé par ce même gouvernement contre les musulmans et la justification des lois sécuritaires et islamophobes mises en place par Macron pendant son dernier quinquennat. Ce sont ces lois qui permettent au gouvernement de renforcer la répression des mouvements sociaux, d’où l’utilisation de cette rhétorique pour s’attaquer aux militants anti-bassines de Sainte-Soline.

Sonia Backès en croisade contre la désobéissance civile

Dans cette tribune, Sonia Backès pointe des « extrémistes », des « exactions toujours plus radicales » ainsi que des « actions de terrain ultra-violentes » pour dénoncer la mobilisation contre la méga-bassine de Sainte-Soline des 29 et 30 octobre. Une manière de justifier la répression policière commandée par son gouvernement pour faire face au mouvement. Pour rappel, les 1700 gendarmes et les plusieurs hélicoptères déployés pour l’occasion ont blessé plus de 50 manifestants à coups de grenades de désencerclements, lacrymos, LBD et matraques. Une répression qui a même franchi les portes de l’hôpital de Poitiers, où un manifestant hospitalisé à la suite d’un tir de LBD en pleine tête a été arrêté et mis en garde à vue par la police.

Loin de s’en tenir aux seuls « extrémistes » de la mobilisation de Sainte-Soline, la secrétaire chargée de la citoyenneté élargit son attaque à tout le mouvement climat, et plus particulièrement aux secteurs qui pratiquent la désobéissance civile. 
Après avoir ainsi menacé et criminalisé les militants, Sonia Backès, fidèle à sa mission de chargée à la Citoyenneté, tente de les ramener dans le droit chemin : celui du vote et de l’engagement politique institutionnel. Rien ne ferait en effet plus plaisir à cette digne représentante de l’ordre que de voir l’envie de changement exprimée par le mouvement climat entièrement canalisée dans les processus électoraux. 

Conclusion de son propos : « Les violences inadmissibles de Sainte-Soline font enfin apparaître ce qu’est la désobéissance civile des partisans d’une nouvelle radicalité performative : l’antichambre sournoise d’un authentique séparatisme. »

Une tribune qui s’inscrit dans une offensive plus large

En qualifiant la désobéissance civile d’« antichambre d’un authentique séparatisme », Sonia Backès s’inscrit dans la droite lignée de Darmanin, qui désignait la mobilisation de Sainte-Soline d’« éco-terrorisme ». De même Didier Lallement, l’ancien préfet éborgneur de Gilets Jaunes, dénonçait dans une interview publiée dimanche 6 novembre le « radicalisme écologique ». En septembre, le préfet macroniste de la Vienne, soutenu par Darmanin, menaçait par ailleurs de couper les financements d’Alternatiba en mobilisant la loi séparatisme au motif que l’association avait organisé une formation à la désobéissance civile. La tribune de Sonia Beckès s’ancre dès lors dans une offensive plus large du gouvernement à l’encontre du mouvement écologiste, nourrie par le tournant répressif et sécuritaire de ces dernières années.

Cette offensive dépasse également les frontières françaises. Face à une multiplication des actions de désobéissances civiles, plusieurs gouvernements ont en effet décidé de durcir le ton. Aux Pays-Bas, les deux militants écologistes qui s’étaient collés sur le tableau « La jeune fille à la perle » ont ainsi été condamnés à un mois de prison ferme. En Allemagne, des militants ont été placés en détention pendant 30 jours, sans procès cette fois-ci. Un syndicat policier allemand appelle également à une répression plus dure du mouvement, alors que la dissolution de l’organisation écologiste Letzte Generation doit être examinée. Au Royaume-Uni, c’est un projet de loi qui vise à étendre la répression contre les manifestants et notamment à créer une nouvelle infraction permettant de poursuivre toute personne qui se collerait ou s’attacherait à un objet, technique particulièrement utilisée dans la désobéissance civile.

Les propos de Sonia Backès, ainsi que l’offensive sécuritaire et répressive à l’encontre du mouvement climat, reposent en partie sur la Loi Séparatisme et sa rhétorique. Un fait qui illustre clairement que ces lois, en plus de légitimer les attaques racistes du gouvernement, sont des outils mobilisables pour réprimer toute contestation. C’est dans ce sens et pour ces deux raisons que toutes les organisations de gauche et du mouvement social doivent s’unir pour les combattre. La répression des militants écologistes, au même titre que toutes les répressions policières, doivent être unanimement condamnées et combattues. 

Enfin, ces attaques du gouvernement montrent la nécessité de construire des alliances face à la répression policière et aux lois sécuritaires. Ce sont les mêmes flics, sous les ordres du même gouvernement, qui tuent dans les quartiers populaires, réquisitionnent les grévistes et répriment le mouvement climat. 

Par ailleurs, lorsque le gouvernement dissout des collectifs contre l’islamophobie et menace des militants pro-Palestine, il ne fait que préparer de futures attaques contre le reste du mouvement social. D’où l’importance de construire des réponses collectives face à la répression. Des réponses collectives essentielles au-delà, pour imposer une véritable transition écologique face à des États et des entreprises qui continueront à polluer tant qu’il y aura quelque chose à polluer pour faire des profits.

 
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