Alors que plusieurs universités de France ont appelé à des Assemblée Générales dans le cadre de la mobilisation des raffineurs, les étudiants de l’Université Bordeaux Montaigne se sont à leur tour réunis en Assemblée Générale à 10h ce mardi 18 octobre, à l’initiative de Le Poing Levé. Ainsi, près d’une centaine d’étudiant se sont réunis après les derniers débrayages d’amphithéâtre de la matinée qui ont notamment conduit à l’annulation d’un cours magistral de L1 philo, l’enseignant ayant lui-même annulé le cours pour venir à l’AG et permettre à ses étudiants de s’y rendre également.
Composé majoritairement d’étudiants en première année, tous partageaient la nécessité de soutenir et rejoindre le mouvement de grève initié par les raffineurs. Les interventions ont rappelé l’impact de l’inflation sur la jeunesse et mis en avant en avant le soutien aux revendications portées par les raffineurs : Arturo, étudiant et militant au Poing Levé, est intervenu en réaffirmant que « Nos intérêts à nous ne sont pas ceux des grands patrons. Nos intérêts à nous par contre sont les mêmes que ceux des ouvriers qui sont actuellement en grève ! Il ne faut pas faire de distinction, ils se battent aussi pour nous, il faut donc les soutenir ! ».
C’est dans ce sens que l’Assemblée Générale a voté plusieurs revendications qui rejoignent celles des travailleurs en grève, parmi lesquelles l’augmentation de tous les salaires de 400 euros, leurs indexation sur l’inflation ainsi qu’un revenu étudiant à hauteur du SMIC financé par un impôt sur les grandes fortunes.
Alors que la sélection sociale est renforcée dans un contexte de crise économique qui frappe la jeunesse forcée de travailler ou de faire la queue pour des distributions alimentaires, contre le modèle d’une université élitiste et payante, l’AG a revendiqué le retrait des politiques de sélection afin de lutter pour une université véritablement ouverte et gratuite pour tous et toutes.
Enfin, alors que le mouvement étudiant a été plutôt absent des dernières grandes mobilisations sociales et que la fermeture des facs durant le Covid a été un obstacle important à l’organisation de la jeunesse, « il s’agit de renouer avec le meilleur de la tradition étudiante qui a su mettre sa pierre à l’édifice dans les grands mouvements sociaux en France, notamment Mai 68 ! Après les fermetures de facs durant la covid, le pression méritocratique et l’individualisme promus par le néolibéralisme sont plus que jamais un obstacle important. Il faut renouer avec les traditions du mouvement étudiant afin de convaincre la jeunesse de s’organiser collectivement à l’université afin que nous n’ayons pas à payer les crises comme le voudrait le gouvernement », affirme Yann, militant à Révolution Permanente et Le Poing Levé.
Enfin l’Assemblée Générale a voté un départ collectif à la manifestation bordelaise qui se tenait à 12h devant la Préfecture. Si la mobilisation étudiante en est à ses débuts, celle-ci marque néanmoins les velléités d’une frange de la jeunesse à s’organiser sur son lieu d’étude et de renouer avec des traditions militantes. Alors que la jeunesse est en première ligne des crises et que le gouvernement prépare ses attaques contre l’université pour son quinquennat, c’est une perspective plus que nécessaire. Dans cette perspective les débats politiques et stratégiques doivent resurgir à l’université : alors que les temps à venir s’annonce bouillants, il est plus que temps de faire revivre la mémoire collective des expériences et des bilans du passé afin de s’armer pour les mobilisations à venir que nous devons construire.
C’est dans ce sens que nous tiendrons une réunion plénière de Le Poing Levé ce vendredi à 19 heures afin d’en discuter et de donner des suites à cette première expérience prometteuse. | 
