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La Izquierda Diario
4 de octobre de 2022 Twitter Faceboock

Guerre sociale
Rentrée parlementaire. La saison de la chasse aux chômeurs est ouverte !
Joachim Bertin

Les députés ne chôment pas… quand il s’agit de s’en prendre aux chômeurs ! Renforcement des contrôles, durcissement des conditions d’accès, obligation d’accepter des offres de CDI, tout est fait pour obliger les travailleurs à accepter n’importe quel boulot !

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Crédits photos : B. Guay / AFP

La rentrée parlementaire s’est ouverte avec la discussion sur la nouvelle attaque anti-sociale sur l’assurance-chômage. L’objectif du gouvernement et de la droite est clair : les travailleuses et les travailleurs doivent être de la main-d’œuvre corvéable à merci, contrainte d’accepter n’importe quel boulot, à n’importe quelle condition. Un projet pour lequel la (presque) majorité présidentielle et la droite des Républicains marchent main dans la main et rivalisent d’inventivité pour nous faire les poches.

Cette attaque en règle contre nos droits, sobrement intitulée « mesures d’urgence relatives au fonctionnement du marché du travail en vue du plein-emploi », prévoit de laisser les coudées franches au gouvernement pour décider par décret de la manière dont vont être durcies les conditions d’accès à l’allocation chômage. Ce durcissement devra être « concerté » avec les directions syndicales et le patronat.

Comment atteindre le plein-emploi ? Facile, selon le gouvernement et la bourgeoise : le problème du chômage, ce sont les travailleurs qui ne veulent pas travailler ! Il faut donc les forcer. Ce n’est pas parce que les capitalistes nous font toujours travailler plus, plus longtemps (jusqu’à 65 ans comme ils en rêvent), accélèrent les cadences, licencient à tour de bras, que tout le monde ne peut pas travailler. C’est parce que les pauvres sont fainéants ! C’est le sens de cette nouvelle attaque, après la première réforme de l’assurance chômage en 2019 qui a notamment durci les conditions d’ouverture des droits. Certaines mesures de cette réforme, qui augmentait notamment de quatre à six mois le temps de travail nécessaire pour ouvrir des droits, arrivent à échéance en novembre. Elles vont donc être renouvelées… et empirées !

Le gouvernement pourra décider par décret comment rendre la vie plus dure aux chômeurs

Macron souhaite ainsi moduler les conditions d’accès au chômage, selon la conjoncture du marché du travail, et légiférera par décret pour en préciser les conditions. La communication du gouvernement répétée en boucle est la suivante : « quand les choses vont très bien, il faut que les règles soient plus incitatives et quand les choses vont moins bien, il faut qu’elles soient plus protectrices » Pas de chance, en ce moment le gouvernement estime que les choses vont très bien côté emploi, et les médias bourgeois nous répètent à longueur de journée que l’on manque de bras. Ils ne disent évidemment pas qu’en France il y a actuellement au moins 10 fois plus de chômeurs que d’emplois non pourvus (3,6 millions de chômeurs pour environ 300.000 emplois vacants).

Le gouvernement pourrait décider comme il le veut du critère à prendre en compte pour estimer que « les choses vont très bien ». Car, les choses vont toujours très bien quand il s’agit de parler du chômage. Les gouvernements n’hésitent pas à prendre les chiffres de telle ou telle catégorie Pôle emploi ou n’importe quel autre indicateur (quand ils ne radient pas simplement des milliers de personnes) pour nous annoncer des embellies économiques, alors que tout montre que leur système malade ne tient pas la route. Ainsi, Macron pourrait décider que selon le nombre d’emplois créés en une année, ou selon l’évolution du nombre de chômeurs, on pourra rendre la vie plus dure aux personnes qui cherchent du boulot.

Sur les plateaux télé, Marc Ferracci, le rapporteur du projet de loi, intime de Macron et conseiller pour les ordonnances Loi Travail XXL de 2017, donne le ton : si après l’attaque de Macron, il faut travailler 6 mois sur les 24 derniers mois pour ouvrir des droits, cela « pourrait passer à 7 ou 8 mois, je ne sais pas ». Il réfléchit aussi à réduire la durée d’indemnisation parce que ce’ qu’ « on constate c’est que lorsque la fin des droits approche, le taux de retour à l’emploi des gens a tendance à augmenter ».

Dussopt et Ferraci poussent le mépris jusqu’à dire que la réforme n’impactera pas le montant de l’allocation, sous prétexte de « protéger le pouvoir d’achat des Français ». Facile à dire puisqu’ils se sont déjà occupés de baisser de fait le montant perçu par des centaines de milliers d’allocataires grâce aux mécanismes pervers du premier volet de la réforme passé en 2019.

Les Républicains et le Modem surenchérissent

Sur ce texte, trouver une majorité à l’assemblée ne devrait pas poser trop de problèmes au gouvernement qui peut compter sur Les Républicains pour le durcir encore un peu davantage. Ceux-ci ont d’ailleurs déposé plusieurs amendements pour radier plus facilement les chômeurs de Pôle Emploi (en cas de refus d’une seule offre, considérée comme raisonnable), ou pour considérer les abandons de poste comme des démissions, et donc empêcher l’ouverture de droits au chômage.

Au Modem et à Horizons, des amendements ont été déposés pour contraindre les travailleurs en CDD ou en intérim à accepter les offres de CDI. Le fait de refuser serait transmis à Pôle Emploi et pourrait conduire à une suspension des droits.

Ces mesures sont soutenues par le gouvernement et devraient être intégrées au dispositif. La bourgeoisie s’organise pour faire face à un phénomène comme celui de la « Grande Démission » qui a touché les Etats-Unis après la pandémie. Elle cherche à nous enchaîner à notre patron, à ne pas pouvoir quitter un boulot de merde, sous peine de nous couper les vivres. Si vous n’êtes pas content de vos conditions de travail, vous pouvez toujours aller crever de faim.

Une attaque historique, à quand la riposte ?

Cette contre-réforme est une attaque historique contre l’ensemble de la classe travailleuse. Le chômage est une des plus horribles irrationalités du système capitaliste qui condamne une partie des travailleurs à la misère quand d’autres se tuent au travail. Le mouvement ouvrier s’est toujours battu pour s’en protéger. Macron et les patrons s’en prennent aujourd’hui à ce qu’il reste d’acquis majeurs des luttes ouvrières de ce pays.

La réponse devrait être à la hauteur de cette attaque. Pourtant, les directions syndicales continuent à aller s’asseoir à la table de Dussopt, pour discuter et « se concerter ». La manœuvre de Macron est habile, puisqu’il fait voter un article qui ne prévoit rien, mais laisse tout à des négociations. Les directions syndicales n’attendent rien d’autre que des invitations à venir discuter pour ne rien obtenir plutôt que de construire la mobilisation et seront ainsi tout à fait satisfaites.

Du côté de la NUPES, la « guérilla parlementaire » a du plomb dans l’aile. Le groupe insoumis a déposé hier une motion de rejet préalable au texte de loi, auquel le Rassemblement National s’est rallié, mais qui a été rejetée. La victoire parlementaire de ce texte est assurée par la majorité Renaissance/LR, il n’y a donc que la rue qui pourrait faire reculer sur l’ensemble de ses attaques en cours : contre les allocataires du RSA, contre les allocataires de l’assurance-chômage, pour faire reculer l’âge de la retraite à 65 ans !

Actuellement, une réelle colère s’exprime dans le pays à travers plusieurs grèves pour les salaires. La mobilisation qui paralyse les raffineries de Total et d’ExxonMobil depuis plus de deux semaines pourrait être le point d’appui pour élargir la grève à l’ensemble du pays. Pour obtenir une augmentation immédiate de 400 euros de tous les salaires, leur indexation sur l’inflation et pour mettre un stop à toutes ces attaques, il faudra une mobilisation générale des appareils syndicaux, dont les directions sont plutôt occupées en ce moment à répondre à toutes les propositions de négociation/concertation du gouvernement. Il faut imposer aux dirigeants de la CGT, de la CFDT, de FO, de Solidaires et des autres syndicats de rompre avec le dialogue social et de mettre toute la puissance des appareils syndicaux pour la construction d’un plan de bataille d’ensemble. Il est temps de passer à l’action, et pour gagner !

 
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