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La Izquierda Diario
27 de septembre de 2022 Twitter Faceboock

Inflation de militarisme
Budget 2023. Dépenses record pour l’armée, Macron et Le Maire préparent la guerre (sociale)
Joël Malo

Le budget de Macron annonce la couleur des cinq ans à venir : budget record pour l’armée, hausse historique pour les flics et les prisons, cadeaux pour le patronat. Et le discours en boucle du gouvernement : il va falloir travailler plus et gagner moins !

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Crédits photo : STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Lundi, Bruno Le Maire et Gabriel Attal ont présenté le Projet de loi de Finances pour 2023 qui sera examiné à l’Assemblée dès début octobre. Le même jour, le gouvernement a dévoilé son Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale, qui a suscité tant d’attention, puisque Macron a laissé fuiter l’info selon laquelle il pourrait y glisser sa réforme des retraites par voie d’amendement.

Ces deux dernières années, les profits des capitalistes ont explosé ! Pourtant Bruno Le Maire annonce la couleur : « la France est à l’euro près ». Tandis que les profits de Total ou de la famille Saadé à la tête de la CMA-CGM en sont plutôt à se compter à la dizaine de milliards près en ce début d’année, le gouvernement dévoile un budget qui fait la part belle aux organes de répression et prépare les classes populaires à casquer.

Un budget historique pour l’armée et un renforcement des forces de répression

Le début de ce second quinquennat s’inscrit dans la droite ligne militariste du précédent durant lequel le budget de l’armée avait été rehaussé chaque année de 1,7 milliard. Cette année, c’est à une augmentation de 3 milliards auxquels auront droit les généraux, pour un budget total record de 43,9 milliards d’euros !

Depuis 2017, le budget de l’armée a donc augmenté de 11,5 milliards, et Macron voudrait le porter à 50 milliards d’ici à 2050. Une dynamique qui s’inscrit dans la course à l’armement des puissances impérialistes. L’armée reçoit donc des rallonges pour enrichir les marchands de canons, refaire le plein de Rafale, de blindés, et de canons César.

En parallèle du renforcement de l’armée, l’État réarme encore son appareil répressif pour faire face à une période socialement agitée. 10 % d’augmentation pour l’Intérieur (+1,05 milliard), 8 % pour la Justice (+790 millions). Macron met les moyens pour déployer près de 3 000 flics en plus et 11 nouvelles unités mobiles (CRS et gendarmeries mobiles) et leur permettre d’emprisonner encore plus en ouvrant 15.000 nouvelles places de prison.

À côté de cela, la hausse du budget de l’Éducation Nationale (de 6,5 % pour une inflation à 6 %) acte la relative revalorisation des enseignants après des années de baisse de leur salaire réel. Mais si les enseignants seront mieux rémunérés, le nombre de postes a bel et bien baissé. La rentrée catastrophique de cette année montre que Macron a bien commencé à dynamiter l’éducation : derrière l’annonce de la création de 2000 postes dans l’Éducation nationale se cache la création de 4 000 AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap, travaillant avec des contrats précaires) et la suppression de 2000 postes d’enseignants.

Les cadeaux aux patrons continuent, l’inflation sera payée par les travailleurs

Bruno Le Maire a rappelé être « convaincu que la politique de l’offre est la mieux à même de donner des résultats en matière de prospérité et de création d’emplois ». Cela, pour justifier de continuer à arroser les patrons d’aides, de subventions, de crédits d’impôt en tout genre. Ce budget contient un nouveau cadeau de 8 milliards aux capitalistes avec la suppression de la Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE).

Le salaire réel des travailleurs, pendant ce temps, est en chute libre face à la hausse des prix. C’est le résultat de la politique du gouvernement et du patronat qui mettent tout en œuvre pour éviter les augmentations de salaires : chèque énergie, primes... C’est cela que signifie la « politique de l’offre » du gouvernement : une baisse des salaires, baisse des coûts pour les entreprises. Baisse à l’origine du recul de la consommation, qui pourrait mener à échelle de quelques mois à une dynamique de récession.

Mais Bruno Le Maire continue de jouer l’optimiste et prévoit une croissance de 1 % l’année prochaine, en pariant sur... une hausse de la consommation. Ses comparses économistes et analystes bourgeois tablent plutôt sur une stagnation de l’économie française en 2023, là où l’Allemagne passerait carrément dans une phase récessive.

De son côté, la droite se met en ordre de bataille pour taper sur un gouvernement qu’elle juge trop dépensier, alors qu’elle tente de remettre le paiement de la dette et « l’assainissement » des comptes publics au centre du débat. Le MEDEF a ainsi publié un communiqué bien peu reconnaissant de tous les cadeaux faits par le gouvernement, demandant encore plus d’austérité budgétaire, et la baisse du nombre de fonctionnaires.

La droite cherche une raison d’être pour justifier une forme d’opposition à Macron lors de la rentrée à l’Assemblée nationale et peser de tout son poids face à un qui gouvernement n’est pas assuré de trouver une majorité pour son budget. Le recours au 49.3 pourrait être la seule solution. Mais sur le fond, les Républicains et le MEDEF sont absolument d’accord avec Bruno Le Maire lorsqu’il dit à propos de la réforme des retraites : « Nous n’avons pas de marges de manœuvre pour augmenter les impôts, nous n’avons pas de marges de manœuvre pour dépenser, notre vraie marge de manœuvre, c’est le travail, encore et toujours le travail ».

Inflation, réforme des retraites : construire une réelle journée de grève interprofessionnelle pour y mettre un stop

Ce sont donc les classes populaires qui vont payer l’addition. La ligne du gouvernement est claire : indexation du tabac sur l’inflation (sous couvert de prévention anti-tabac), flicage et déremboursement des arrêts maladie, à côté des énormes offensives contre notre classe que sont les attaques contre le RSA et les chômeurs, de même que la réforme des retraites.

Pour payer la crise des capitalistes, et les cadeaux que leur fait le gouvernement, il faudra travailler plus, plus dur... pour gagner moins. Et si les prévisions économiques de Le Maire s’avèrent erronées, et la situation plus sombre ? Alors il faudra travailler encore plus !

Ces attaques sont éparpillées entre le projet de loi et de financement de la sécurité sociale et d’autres lois à venir dans les prochaines semaines, mais elles forment un programme global. Face à ce plan de guerre sociale que veulent nous mener les capitalistes et leur gouvernement, notre classe a besoin d’un plan de bataille à la hauteur de la gravité de la situation. La solution ne peut être que dans une lutte frontale d’ensemble, pour faire payer les capitalistes, en augmentant immédiatement tous les salaires de 400 € et en indexant les salaires et les minimas sociaux (plutôt que le prix du paquet de clopes) sur l’inflation !

Pour cela, les journées isolées et divisées ne suffiront clairement pas : il nous faut une réelle grève interprofessionnelle qui puisse donner le signal pour une grève reconductible. Une telle réaction serait la meilleure manière de montrer au gouvernement ce que pourrait lui coûter l’envie de faire passer sa réforme des retraites. A savoir bien plus cher que tous les budgets qu’il ne pourra jamais voter !

 
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