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La Izquierda Diario
15 de août de 2022 Twitter Faceboock

Eté de lutte
Bangladesh, Sierra Leone, Panama, Sri Lanka : les révoltes se multiplient face à l’inflation
Philomène Rozan

L’envolée brutale du prix du blé et du carburant a mis le feu aux poudres dans plusieurs pays. L’été voit ainsi se poursuivre une vague de contestations et de révoltes dans les pays les plus touchés. Des symptômes d’une colère qui pourrait s’étendre dans les prochains temps.

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Une vague de révoltes dans de nombreux pays semi-coloniaux

Il y a un mois, les images de manifestants au Sri Lanka envahissant le palais présidentiel ont fait le tour du monde. La mobilisation, qui a obligé le président Rajapaksa et son premier ministre à démissionner, n’est pourtant qu’un exemple d’un phénomène de révoltes contre l’inflation qui traverse les Etats les plus pauvres cet été.

Au mois de juin, l’Equateur avait déjà été marqué par deux semaines de mobilisations où piquets de grèves, barricades et blocages des puits de pétrole se sont ajoutés aux manifestations dans le centre de la capitale tandis que des milliers d’indigènes et de paysans ont été rejoints par des groupes d’étudiants et de petits commerçants.

Peu de temps après c’est le Panama qui était le théâtre de scènes similaires et qui a été immobilisé par les plus grandes manifestations que le pays ait connu depuis des décennies. La grande majorité des provinces et des régions du pays d’Amérique centrale ont pris part aux manifestations, avec des barrages routiers et des blocages touchant notamment un des axes les plus importants du pays : l’autoroute panaméricaine. A cela c’est ajouté une grève des enseignants très suivie, qui a duré plus de trois semaines. Le mouvement s’était éteint à la fin du mois de juillet, après que le gouvernement ait lâché quelques miettes mais menace déjà de repartir si les mesures promises ne sont pas appliquées.

Au Bangladesh, au début du mois d’août, plusieurs jours de manifestations ont agité le pays, avec notamment un appel des syndicats étudiants à se retrouver dans la capitale.

Finalement, la semaine dernière, c’est le Sierra Leone qui a connu plusieurs jours de révoltes, impulsés notamment par un groupe de femmes commerçantes, « The Grassroots Women of Salone », qui a appelé à manifester pour « attirer l’attention sur les difficultés économiques » d’après l’AFP. Une mobilisation qui a été durement réprimée par le régime, qui a instauré un couvre-feu jusqu’au 13 août et fait au moins six morts chez les manifestants.

Un même cri puissant contre l’inflation

Ces mouvements ont un déclencheur commun : l’inflation, en pleine explosion. Au Panama le prix du carburant a mis le feu aux poudres, il a augmenté de 57% entre janvier et juillet. Cette annonce s’est ajoutée à la promesse de licenciements et à une situation de pauvreté généralisée. Au Bangladesh l’essence et le diesel ont également augmenté de 50% tandis que l’inflation a atteint 7,48 % en juillet, exerçant une pression énorme sur les familles pauvres qui avaient déjà du mal à faire face à leurs dépenses quotidiennes.

Au Sri Lanka d’après le Comité pour l’Abolition des Dettes Illégitimes : « en juillet, l’inflation globale a augmenté de plus de 60%, les denrées alimentaires de 90% et les articles non alimentaires de 46 %. Une personne sur trois souffre d’insécurité alimentaire : elle n’a pas un accès adéquat à la nourriture ou réduit le nombre de repas, la taille des portions, la qualité et la variété. » En Sierra Leone et en Equateur, la question du coût de la vie, de l’accès aux denrées de premières nécessités et donc de l’inflation ont également été le déclencheur de la colère.

Et pour cause le prix du carburant et le prix du blé –et donc du pain- se sont envolés depuis le début de la guerre en Ukraine avec des conséquences désastreuses pour les pays les plus directement dépendants de ces produits de base, s’ajoutant à une situation déjà insoutenable pour de nombreuses personnes.

Derrière les politiques austéritaires : le FMI

Cette série de manifestations et de rébellions est indissociable de la domination impérialiste qui s’exerce sur ces pays, au travers notamment d’institutions tels que le Fond Monétaire International (FMI). La population Sri Lankaise, par exemple, a fait directement les frais des politiques du FMI : la dette extérieure du pays s’élève à 35 milliards de dollars et face aux difficultés de paiement (puis à la cessation de paiement), celui-ci a imposé des mesures d’austérités qui ont conduit à une importante dévaluation de la monnaie et donc à une augmentation du coût des importations dont la population a fait les frais.

Dans le même sens, au Panama, les enseignants étaient notamment en grève contre les politiques du FMI appliquées par le gouvernement Cortizo qui impliquent des licenciements massifs dans l’administration publique. En Equateur la situation est semblable, le gouvernement met en place les mesures dites d’« ajustement » imposées par le FMI, limite les embauches, casse le service de santé et s’attaque plus largement au secteur public.

Partout les politiques du FMI et des organismes financiers internationaux ont pour conséquence l’accentuation de la colère populaire en engendrant augmentation de prix, privatisations d’entreprises étatiques, gel de salaires des fonctionnaires et suppression des aides, entre autres. De quoi multiplier les soulèvements populaires dans une situation internationale marquée par l’instabilité. Des luttes qui ne sont pas sans faire échos aux phénomènes de grèves et de luttes estivales dans plusieurs pays européens. Un été de révolte qui pourrait tracer le chemin vers un automne chaud sur le terrain des luttes.

 
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