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La Izquierda Diario
6 de juillet de 2022 Twitter Faceboock

Témoignage
Chronodrive. « Ils ont tout fait pour que je craque » : Fred raconte le validisme et les pressions patronales
Léo Stella

Le 10 juin, Fred, ancien salarié en situation de handicap d’un magasin relais Chronodrive sur le site d’Avelin près de Lille, a reçu une lettre de licenciement après des mois de pressions de la part de la direction. Alors que plusieurs Chronodrive partent en grève le 9 juillet et que Fred se prépare à affronter la direction aux prud’hommes, il est revenu pour Révolution Permanente sur le validisme dont il se dit victime.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Chronodrive-Ils-ont-tout-fait-pour-que-je-craque-Fred-raconte-le-validisme-et-le-harcelement

« La direction savait très bien les douleurs que ce poste me procurait »

Depuis un accident qui lui a causé de nombreuses séquelles sur le bras droit, Fred est en situation de handicap et ne peut porter des charges excédant 6 kg. Lorsqu’il est embauché à Chronodrive en juin 2021, la direction est au courant de sa situation. Pourtant, profitant d’un flou autour du terme « polyvalence » écrit sur le règlement intérieur, la direction lui assigne des tâches qu’il ne peut pas réaliser, lui occasionnant en conséquence des douleurs à répétition.

En effet, celui-ci se retrouve sur le poste de convoyage, qui consiste à charger et décharger des caisses de produit frais comme des fruits et légumes, des surgélés mais aussi de produit de grandes consommations pouvant aller facilement jusqu’à 20 kilos, soit 14 au-dessus que peut supporter son bras. Il est également affecté sur des postes comme la préparation de magnums soit la préparation où les produits lourds, tels des packs de bières, des sachets de charbons, de croquettes, packs d’eau sont pris en charge. Tous ces choix étaient conscients de la part de la direction, et révèlent le mépris de celle-ci envers les salariés en situation de handicap mais également un mépris plus large comme nous le décrit Fred :

« Bien-sûr que la direction était au courant de ma situation, de mes problèmes de handicap et cela ne l’a pas gênée pour me mettre sur des postes où elle savait très bien les douleurs que cela me procurait. Mais après les conditions de travail sont dures pour tout le monde. Les palettes qu’on se tape font du 1,80m de longueur, vous croyez qu’une caisse entre 15 et 20 kilos de charge est simple pour un collègue de 1m60 qui fait 50 kilos ?

Des fiches de postes permettent à la direction d’affecter tous les salariés sur n’importe quelle tâche et cela exprès pour ne pas à avoir à créer de nouvelles fiches de postes où pourraient être négociés les salaires et des primes de pénibilité. »

Face à cela, Fred s’est défendu, notamment à travers la CGT Chronodrive où il est toujours syndiqué. Il a en effet mené une bataille pour faire reconnaître son poste de travail et dénoncer les conditions de travail. La réponse de la direction de Chronodrive, qui appartient à l’empire Mulliez a été des méthodes de pressions typique des directions néo-libérales du « nouveau management » que prônent les Mulliez afin de faire plier les salariés.

Pressions patronales

C’est à ce moment que Fred explique avoir commencé à recevoir des pressions répétées de la part de la direction : attaques quotidiennes, entretiens individuels répétés, sanctions, et le tout en continuant à l’affecter à des tâches que son handicap ne lui permettait pas d’effectuer. Fred explique ainsi :

« A partir du moment où je ne me suis pas laissé faire, la direction a changé de posture et c’est monté crescendo. Au début c’était des sanctions à partir de déformation de mes propos, de pseudos retards alors que j’étais juste dans les embouteillages mais aussi des attaques psychologiques lors de moments informels à coup de « La prochaine fois ça ira mal pour toi » ou encore « Ils arriveront à faire ce qu’ils veulent » mais aussi lors des entretiens où ils me mettaient constamment une pression, notamment à travers mes performances dues à mon handicap et à cause du fait que j’étais syndiqué. J’étais doublement discriminé. Mais c’est surtout lorsqu’ils m’ont retrouvé un poste de reclassement que j’ai craqué. »

En effet, en « réponse » au problème de définition de poste soulevé par Fred, la direction décide de l’assigner à la préparation de commandes de frais alors même que quelque temps avant elle avait eu un entretien avec sa conseillère CAP emploi à propos de son handicap. Ce poste consistant à porter des charges lourdes et à être toute la journée dans une zone où la température est très faible, a des effets sur son handicap. Face à cela, et à la suite du harcèlement dont il accuse la direction, Fred se met en arrêt maladie pour dépression dès sa prise de poste en novembre.

Cet arrêt ne va pas stopper les attaques de la direction, bien au contraire. Alors que Fred est dans une situation de précarité et que Chronodrive permet aux Mulliez d’engranger des fortunes sur le dos des salariés, la direction va continuer sa pression y compris sur le terrain financier :

« Dès que je me suis mis en arrêt maladie, ils ont tout fait pour poursuivre leur harcèlement mais cette fois sur le plan financier. Ils ont joué sur des « absences injustifiées » alors que j’étais en arrêt maladie pour me faire perdre mes cotisations chômage mais aussi des cotisations pour ma retraite. A ça, ils ont aussi demandé une subrogation de mes indemnités journalières, ce qui fait que c’est Chrono qui doit me les donner et non plus la sécurité sociale, chose qu’ils ne font pas en totalité. Ils me doivent environ 500 euros d’indemnités et tout ça alors que je suis déjà dans le rouge et que j’ai une fille de 20 mois, que j’ai dû demander l’aide des services sociaux de ma ville pour la nourrir. »

Le coup de grâce de cet acharnement patronal a été son licenciement, le 10 juin, sans le solde tout compte de son contrat et sans une attestation d’employeur nécessaire à l’inscription à Pole-emploi, nécessaire pour percevoir l’indemnité chômage.

L’acharnement et le mépris dont a fait preuve la direction de Chronodrive montrent que pour le patronat, les profits se font au détriment des conditions de travail et de la santé des salariés, d’autant plus lorsque ceux-ci sont dans des situations de handicap. Ils démontrent également que les directions de ces groupes n’hésitent pas une seule seconde à mettre tous leurs moyens en œuvre pour combattre et tenter d’écraser toute résistance de la part des salariés. Une logique à laquelle Rozenn, licenciée pour avoir combattu les violences sexistes et sexuelles dans l’entreprise avait également fait face l’année dernière.

Un combat qui continue !

Après toutes ces attaques, Fred n’a pas baissé les bras. Il a décidé d’attaquer Chronodrive aux Prud’Hommes, pour non seulement revendiquer son cas mais aussi celui de « centaines de salariés qui ont subits les directives et les pressions de la direction de Chronodrive ». Pour aider Fred dans sa lutte et les difficultés financières qui accompagne celle-ci, donnez en soutien à la caisse de soutien !.

C’est aussi pour une augmentation des salaires que la jeunesse précaire s’est mobilisés le 25 juin lors d’une première journée de grève revendiquant une augmentation de 7 % sur le magasin de Basso Combo à Toulouse. Comme l’affirme Fred, « Face à cette direction qui nous casse et nous méprise, il faut se mobiliser ensemble ! La grève à Chronodrive donne de l’espoir pour la suite ». Une deuxième journée de grève élargie aura lieu le 9 juillet pour dénoncer les conditions de travail et la précarité qui touche les salariés et affirmer que ce sont les patrons qui doivent payer l’inflation !

 
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