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La Izquierda Diario
6 de juillet de 2022 Twitter Faceboock

Grève à la SNCF
La SNCF propose 1,4 % d’augmentation brut : « un crachat au visage des cheminots ! »
Mahdi Adi

Ce mercredi, les cheminots étaient massivement en grève pour revendiquer des augmentations de salaire. Mais alors que l’inflation dépasse les 5% et que la grille des salaires de base à la SNCF est gelée depuis 2014, la direction n’a proposé que 1,4% d’augmentation brut. Un nouveau signe de mépris. Pour imposer une augmentation générale des salaires, il faut construire le rapport de force en se coordonnant avec tous les secteurs du monde du travail en lutte contre la vie chère.

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Crédit photo : STEPHANE DE SAKUTIN/AFP

« L’inflation est en train de nous tuer » : le cri de détresse des cheminots face à la vie chère

« Je suis mère célibataire, je travaille à la SNCF depuis six ans et je ne m’en sors pas ! » Comme Fabienne, commerciale sur la ligne B et militante SUD-Rail Paris-Nord, les cheminots étaient massivement en grève ce mercredi pour revendiquer des augmentations de salaire à l’appel d’une intersyndicale CGT Cheminots, SUD-Rail, CFDT Cheminots, UNSA Ferroviaire et FO Cheminots. « L’inflation est en train de nous tuer, on ne peut même pas payer nos factures » raconte-t-elle au micro d’une assemblée générale inter-services à Gare du Nord à Paris.

Et pour cause, un de ses collègues nous explique que le traitement de base des cheminots est gelé depuis 2014, avant d’affirmer : « on ne veut pas des primes qui changent en fonction des mois, on veut du salaire fixe ! » De son côté, Anthony Auguste, commercial sur la ligne H et également militant syndical, fait le lien entre les bas salaires et les conditions de travail qui se dégradent : « C’est parce que les salaires sont mauvais que la SNCF n’arrive plus à recruter et qu’on se retrouve en sous-effectifs », avant de rappeler que « les cheminots en pâtissent et les usagers aussi ! »

Une situation qui s’empire depuis plusieurs mois, et qui provoque une multiplication des grèves locales à la SNCF. Avec toujours les mêmes motivations : bas salaires, sous-effectifs, dégradation des conditions de travail. Rien que la semaine dernière, les conducteurs de train sur le réseau Saint-Lazare ont cessé le travail plusieurs jours et ont organisé une grève surprise pour protester contre la mise en place du logiciel de management Orion accusé de changer les plannings à la dernière minute et de faire perdre de l’argent aux agents. Une mobilisation qui a obligé la direction à lâcher une prime aux salariés et qui a donné des idées à d’autres, comme les mécanos de Paris Nord qui leur ont emboîté le pas autour de revendications similaires ce mardi.

La direction propose 1,4% d’augmentation brut : « un crachat à la figure des cheminots ! »

Pour tenter de calmer la colère, la direction de la SNCF avait donc promis de rouvrir les négociations sur les salaires en organisant une table-ronde ce mercredi 6 juillet avec les organisations syndicales. Sur le plateau de Public Sénat, le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, avait ainsi tenu à « rassurer les français pour les grands départs pendant toutes les vacances » face au risque de grève, en affirmant être « conscient que […] les plus bas salaires ont des difficultés » et vouloir « traiter en urgence ces sujets chauds de pouvoir d’achat ».

C’est pour faire pression sur cette réunion de négociation que l’intersyndicale a donc appelé à une journée de grève. Interrogé le matin sur FranceInfo, Laurent Brun, le secrétaire général de la CGT Cheminots, affirmait ainsi : « on est sur des taux de mobilisations qui sont similaires à celles sur la retraite en 2019 ». En effet, la grève a été massivement suivie chez les conducteurs, les agents gare, les aiguilleurs, mais aussi dans les Technicentres comme celui du Landy à Saint-Denis (93) où plusieurs débrayages avaient déjà eu lieu il y a quelques jours.

Mais au sortir de la table-ronde, la direction s’est finalement contentée de proposer une augmentation générale des salaires de 1,4% brut, accompagnée d’autres revalorisations spécifiques à la marge. Une proposition loin de rattraper l’inflation à 5% (qui pourrait même atteindre les 10% d’ici la fin de l’année selon l’INSEE), qui a provoqué la colère des cheminots. « La direction nous crache à la figure », dénonce Laura Varlet, aiguilleuse du rail et militante SUD-Rail Paris-Nord, qui rappelle qu’en tant que « travailleurs essentiels », les cheminots ont continué à faire tourner l’économie pendant la période du Covid-19 en sacrifiant parfois leur santé.

« Les directions syndicales sont parties en vacances et nous laissent dans notre galère » : il faut se coordonner à la base pour imposer une augmentation générale des salaires !

Si Xavier Brégail se félicite que la pression à la base ait imposé de faire que « pour une fois, il y a une intersyndicale qui fonctionne », ce militant SUD-Rail et conducteur sur la ligne H tempère toutefois : « une grève d’une journée c’est insuffisante selon nous ». Par ailleurs, malgré les chiffres importants de grévistes, peu d’assemblées générales ont été organisées, notamment en Île-de-France, où en dehors de Paris-Nord et Gare de Lyon, aucune AG n’a été organisé. Alors que selon le militant syndical il faudrait au contraire « augmenter la pression » en s’appuyant sur les « mobilisations locales importantes » pour construire le rapport de force sans illusion sur le « dialogue social », ce qui implique d’organiser les grévistes à la base pour qu’ils puissent décider eux-mêmes des suites du mouvement.

Dans la même veine, Laura Varlet met en avant la nécessité de faire la jonction avec d’autres secteurs : « imaginez si on se coordonne avec les travailleurs de Roissy ou ceux de Total eux aussi en lutte pour les salaires, le même jour on pourrait paralyser le réseau ferroviaire mais aussi les aéroports, les sites de Total, les stations de service : c’est comme ça qu’on pourrait obtenir de vraies victoires ! » Pour la cheminote, ces grève sont un exemple à suivre : en revendiquant 300 euros d’augmentation pour tous les salariés de l’aéroport de Roissy, les grévistes ont réussi à surmonter les divisions entre entreprises.

Alors que « les directions syndicales sont parties en vacances et nous laissent à notre galère sans rien faire », c’est de la radicalité des grévistes de Roissy qu’il faut s’inspirer pour préparer la rentrée : en se coordonnant à la base avec tous les secteurs du monde du travail touchés par l’inflation et les bas salaires, et en préparant les caisses de grève, afin de frapper tous ensemble pour une augmentation générale des salaires indexée sur l’inflation.

 
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