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La Izquierda Diario
6 de juillet de 2022 Twitter Faceboock

Ouvrez les frontières
Hypocrisie. Le gouvernement suspend les expulsions d’étudiants étrangers d’Ukraine… jusqu’à la rentrée
Irène Karalis

Le 17 juin, le gouvernement a adopté un moratoire sur les expulsions d’étudiants réfugiés venant d’Ukraine. En réalité, comme l’a explicité le préfet Joseph Zimet dans une interview au Monde, cette décision ne fait que suspendre l’attribution de nouvelles obligations de quitter le territoire et repousser à la rentrée l’application de celles déjà reçues. Un coup de com’ face auquel il faut exiger l’annulation de toutes les OQTF et la régularisation de tous les étudiants réfugiés.

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Dans une interview au Monde, Joseph Zimet, le préfet chargé de l’accueil des déplacés, a détaillé les différentes mesures prises par le gouvernement en ce qui concerne l’accueil des réfugiés venus d’Ukraine. Après diverses déclarations hypocrites sur l’accueil des réfugiés qui aurait été « digne et efficace », le préfet a été interrogé sur le tri raciste qui a touché des centaines de réfugiés n’ayant pas la nationalité ukrainienne, en particulier des étudiants étrangers. Ce dernier a d’abord nié qu’un tel tri ait pu avoir lieu, expliquant que « dire qu’il y a des discriminations, c’est un abus », avant d’annoncer la nouvelle mesure de l’exécutif : par « décision interministérielle », le gouvernement a adopté un moratoire sur les Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF) reçues par ces étudiants étrangers.

« Sur le cas précis des étudiants étrangers, il a été décidé, le 17 juin, qu’aucune obligation de quitter le territoire ne serait appliquée ni aucune nouvelle OQTF décidée, jusqu’à la rentrée universitaire », a affirmé le préfet. En réalité, si une telle décision peut paraître progressiste, elle constitue surtout un nouveau coup de communication de la part du gouvernement. De fait, ce moratoire ne signifie pas que les OQTF déjà reçues seront supprimées et qu’aucun réfugié ne sera expulsé, mais uniquement que d’ici la rentrée, elles seront suspendues. Or, comme l’expliquaient sur BFMTV Alaedin, étudiant réfugié, et Léo, militant du Poing Levé, plusieurs dizaines d’OQTF ont déjà été délivrées à des étudiants réfugiés, et une telle décision ne fait que repousser leur application à la rentrée.

De ce point de vue, il est urgent de revendiquer l’annulation de toutes les OQTF délivrées. Seule une telle mesure permettrait à ces étudiants de ne plus vivre dans la peur de se faire expulser dans deux mois, alors même qu’ils et elles viennent de fuir la guerre.

Un coup de com’ pour laver le gouvernement de sa politique xénophobe : annulation des OQTF, accueil et régularisation de tous les sans-papiers !

Ce coup de com’ de la part du gouvernement intervient alors que le deux poids deux mesures appliqué aux réfugiés ayant la nationalité ukrainienne et ceux ne l’ayant pas a été mis en lumière à de nombreuses reprises. En témoignent la gratuité des trains annoncée par la SNCF pour les réfugiés ayant la nationalité ukrainienne uniquement, ou la tentative de la préfecture d’Essonne d’expulser de jeunes migrants installés depuis janvier dans un hôtel pour y accueillir des réfugiés ukrainiens.

En ce qui concerne les étudiants réfugiés, la mesure adoptée par le gouvernement ne doit pas nous tromper. Selon le préfet, après la fin du moratoire, « moins de 200 » étudiants étrangers pourront être régularisés. Un nombre ridicule par rapport au nombre d’étudiants réfugiés qui sont arrivés en France, quand on voit que rien qu’à l’université Paris 8, ils étaient déjà plus de 200 à vouloir s’inscrire en avril ! C’est en ce sens qu’il faut exiger la régularisation de tous les étudiants réfugiés de la guerre en Ukraine, et ce sans condition de nationalité.

Néanmoins, leur régularisation passe nécessairement par leur inscription dans les universités. Or, jusqu’à maintenant, et malgré leurs promesses, les universités françaises sont encore très frileuses en ce qui concerne l’inscription des étudiants réfugiés, et après en avoir inscrit plusieurs dizaines pour l’année 2021-2022, des universités comme celle de Bordeaux reculent et refusent de les inscrire pour l’année prochaine. Pourtant, une inscription est indispensable pour espérer obtenir une régularisation, et des dizaines d’étudiants risquent de ne pas recevoir une inscription dans les délais exigés par les préfectures. Il est en ce sens indispensable que toutes les universités inscrivent les étudiants réfugiés, sous peine de quoi ces derniers risquent de se faire expulser à la fin du moratoire sur les OQTF.

De plus, ces revendications doivent être élargies à l’ensemble des étudiants sans-papiers. À propos des étudiants réfugiés d’Ukraine, le préfet explique : « Un nouvel examen approfondi de leur situation va être fait, qui portera sur leur projet étudiant et leurs ressources. Nous leur appliquerons les mêmes critères que les étudiants qui demandent un visa en France. C’est une deuxième chance, mais on ne peut pas créer un passe-droit. Je pense qu’in fine moins de 200 personnes seront éligibles. » En réalité, ces procédures sont déjà appliquées par les préfectures qui évaluent les dossiers et qui appliquent aux étudiants réfugiés d’Ukraine le même traitement qu’aux autres étudiants étrangers. Or, ces derniers sont loin d’être exemptés de recevoir des OQTF ; bien au contraire, en mai dernier par exemple, des étudiants sans-papiers de l’université Paris 8 recevaient des OQTF.

À partir de là, il s’agit de revendiquer l’accueil de tous les étudiants étrangers dans les universités ainsi que la régularisation de tous les sans-papiers. Mais ces revendications vont de pair avec la mise en place de moyens conséquents pour l’accueil de tous les réfugiés.

En effet, même quand des mesures ont été annoncées pour l’accueil des réfugiés d’Ukraine, à l’image des 100 000 places d’hébergement annoncées par Castex, leur application laisse à désirer. Philippe Alcoy expliquait ainsi à l’époque : « c’est tant mieux pour les réfugiés ukrainiens qu’ils n’aient pas à passer par les ignominies auxquelles on a soumis des centaines de milliers de réfugiés venus du Moyen-Orient, d’Afrique ou d’autres contrées. Mais peut-on faire confiance à cet « humanisme » soudain des mêmes dirigeants qui envoient leurs forces de sécurité réprimer et harceler des migrants désespérés ou qui sont responsables directs des milliers de personnes mortes noyées dans les différentes mers qui entourent les frontières européennes ? »

Or, de fait, dans son interview, le préfet Joseph Zimet a semblé revenir sur les promesses faites par le gouvernement lui-même. « Il y a quelques semaines, nous pensions encore pousser vers du tout-logement. Aujourd’hui, nous pensons qu’il faut garder un vivier citoyen et un volant d’hébergements collectifs », a-t-il ainsi expliqué. Cela signifie qu’une partie des 100 000 réfugiés actuellement en France pourraient continuer de vivre sans logement pourvu par l’État, alors même que déjà aujourd’hui, selon les mots du préfet lui-même, « il y a encore 50 000 Ukrainiens dont on ignore où ils se trouvent. »

Une fois de plus, il est évident que les annonces du gouvernement ne constituent que de nouvelles promesses démagogiques. En réalité, le projet du gouvernement Macron pour son nouveau quinquennat s’inscrit dans la continuité des cinq dernières années : moins d’accueil et plus de répression envers les migrants. Les procédures de demandes d’asile se sont déjà beaucoup durcies ces dernières années à travers la loi Asile et Immigration qui a raccourci les délais de dépôt de demande d’asile et les délais de recours en cas de refus. Et pour son nouveau quinquennat, Macron a déjà promis d’« accélérer les procédures » et « reconduire [les clandestins] dans leur pays d’origine beaucoup plus rapidement ». Plus que jamais, il s’agit de revendiquer l’ouverture des frontières et la mise en place de moyens pour l’accueil de toutes et tous les réfugiés et sans-papiers, sans distinction de nationalité !

 
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