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La Izquierda Diario
5 de juillet de 2022 Twitter Faceboock

Hommage et colère
Une salariée meurt au travail à l’aéroport de Roissy : les politiques patronales tuent !
Arthur Nicola

Lundi 4 juillet dernier, une salariée chargée du nettoyage des cabines est décédée à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, percutée par un poids lourd. Une énième mort au travail, alors que la France continue d’être championne d’Europe en la matière.

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Pour soutenir financièrement la famille de la salariée décédée, n’hésitez pas à donner à la cagnotte de solidarité organisée par les salariés.

Le travail tue toujours en France : ce lundi 4 juillet, une femme de 55 ans, employée par la société de nettoyage des cabines d’avions Ladybird, est morte à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle, percutée par un poids lourd chargé du transport des personnes à mobilité réduite sur la plateforme aéroportuaire. Selon la page twitter « Accident du travail – silence des ouvriers qui meurent », c’est la 170ème mort au travail recensée en 2022, un chiffre sous-estimé par le manque d’information à ce sujet. Rappelons qu’en 2019, ce sont 1200 personnes qui sont mortes au travail sur l’année, d’après des chiffres de l’assurance maladie. Sans compter les accidents de la route sur les trajets domicile-travail, ce chiffre s’élevait à 981. La France, « championne » européenne en la matière, a encore vu, lundi, une travailleuse tuée sur son lieu de travail.

Ce qui interroge, dans ce cas dramatique, ce sont les conditions dans lesquelles ce drame a eu lieu. En effet, en 2014 un reportage de Spécial Investigation, intitulé « Permis : l’Etat hors la loi », décrivait de graves manquements des entreprises de Roissy concernant les permis de conduire des chauffeurs poids lourd, qui n’avaient alors pas, pour une grande partie d’entre eux, les permis adéquats. Il y a sept ans, les journalistes avaient mis en lumières que de nombreux salariés d’entreprises de l’aéroport, notamment Servair et Base Handling, entreprises spécialisées dans les services auxiliaires des transports aériens, conduisaient des poids lourds sans permis poids lourd (permis C).

La situation ne concernait pas que les entreprises de transports de marchandises, mais aussi des entreprises de transport de personnes. SAMSIC A.P.M.R., impliquée dans l’accident de lundi, était alors mis en cause pour employer des chauffeurs n’ayant pas le bon permis, se contentant de délivrer des « autorisation de conduite » permettant de circuler dans l’aéroport. Un conducteur interrogé alors mettait en garde : «  tout le monde est au courant [de l’absence de permis adéquats], tout le monde laisse faire, personne dit rien, jusqu’au jour où il va y avoir un mort  ». Toujours selon Spécial Investigation, la gendarmerie et le préfet avouaient être au courant de la situation, qu’ils jugeaient alors légale. Depuis, un syndicaliste, l’union locale CGT a envoyé de nombreux courriers à la sous-préfecture de l’aéroport, restés sans réponses.

Pour savoir si cette situation avait perduré, nous avons tenté de joindre le siège de la société mère SAMSIC, ainsi que la société SAMSIC A.P.M.R. de Roissy, mais aucune n’a voulu répondre à nos questions.

Ce qui est certain en revanche, c’est la dangerosité des conditions de travail sur l’aéroport comme nous l’a expliqué un syndicaliste de l’union locale CGT : «  l’activité qu’il y a autour d’un avion est concentrée dans le temps et l’espace et ça renforce le caractère dangereux : entre celui qui fait le ménage, ceux qui ramènent les plateaux repas, ceux qui chargent l’avion, ceux qui ramènent les bagages, celui qui décharge le fret, les avitailleurs qui font le plein, etc. Il y a une activité intense dans une période très courte : dès que l’avion arrive tout le monde vient autour de l’avion comme des fourmis. C’est un endroit dangereux  » conclue-t-il. La dangerosité du travail autour des avions est d’autant plus renforcée que de nombreux véhicules seraient considérés par les entreprises et la préfecture comme des « engins » une catégorie réservée habituellement aux engins de chantier (grues, pelleteuses, etc.), une catégorie qui permet de ne pas faire de contrôles techniques tous les ans, comme cela doit être fait pour un poids lourd normal.

Le drame de lundi nous rappelle cruellement qu’en France, le travail tue. Sans grande surprise, ni Samsic, ni Aéroport de Paris, donneur d’ordre principal de Roissy, ne se sont émus de ce tragique accident.

 
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