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5 de juillet de 2022 Twitter Faceboock

SNCF
Grève surprise des conducteurs SNCF à Paris-Nord : "Avec l’inflation, on ne s’en sort pas !"
Mahdi Adi
Noah Rapa

Ce mardi, les conducteurs de train SNCF sur le réseau Paris-Nord ont posé le sac et se sont mis en grève sans respecter le délai de prévenance. Inflation, bas salaires et casse des conditions de travail provoquent l’exaspération des cheminots. Interview de Xavier Bregail, militant Sud-Rail et conducteur de train sur la ligne H.

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Révolution Permanente : Ce mardi 5 juillet, les conducteurs de train sur le réseau Paris-Nord ont « posé le sac » et se sont mis en grève sans respecter le délai de prévenance imposé par la loi aux salariés des transports publics. Quelles sont les raisons qui ont poussé les cheminots à cesser le travail ?

Xavier Bregail : C’est l’exaspération. Déjà il y a la question des salaires, car avec l’inflation on ne s’en sort pas. Ensuite sur nos conditions de travail, il y a ORION, un nouveau logiciel aec lequel la direction nous impose des changements d’horaire à la dernière minute. Donc depuis presque 1 ans, il y a des mouvement de gréve assez suivi sur ce réseau là.

Déjà en décembre dernier, il y a eu 3 jours de gréve entre le 13 et 17 décembre. On a été reçu par la direction, mais les réponses apportées étaient largement insuffisantes, voire méprisantes. Depuis, il y a eu quelques tables rondes de discussion, qui n’ont abouti à rien. Début juillet, on a tiré une sonnette d’alarme sociale, et cette fois-ci, il nous ont répondu qu’on n’aurait « rien de plus, que de toute façon, tout est géré au niveau national ». Ce qui est faux, mais quand il ne veut pas assumer, c’est la défense la plus facile pour le patron.

Le 24 juin on a refait gréve, toujours sans réponse. Finalement, ils nous ont reçu hier, en nous disant qu’ils ne comprenaient pas notre « agacement », en allant même jusqu’à dire que les revendications étaient des « caprices de cheminots ». Cela a mis le feu au poudres. C’est dans ce contexte qu’on est parti en gréve ce matin. Normalement, il faut 48 heures pour poser un préavis de gréve. Mais comme ça se faisait il y a 10 ans, on est arrivé ce matin à nos prises de service et on s’est mis en gréve.

R.P : Dans quelle proportion le mouvement a-t-il été suivi ? Comme la direction a-t-elle réagi face à vos revendications et qu’est-ce que les grévistes ont-ils décidé pour la suite ?

Xavier Bregail : A Paris-Nord, on est sur un taux de gréviste qui dépasse les 80%. Cette gréve a été initiée par les agents eux-mêmes, et Sud-Rail et FO ont accompagné. En revanche le dépôt de Mitry où la CGT est présente n’a pas voulu suivre et on le regrette. On a proposé à la CGT de se joindre à nous, mais elle a refusé. C’est dommage et on a du mal à comprendre cette décision, car à Mitry ou Paris-Nord, les problèmes sont identiques.

Toujours est-il que certains cheminots et conducteurs étaient même prêts à arrêter le travail dès 18 heures, tellement ils étaient dégoûtés de la réunion de la veille. Par souci d’organisation et de logistique, on a plutôt voté pour faire gréve ce matin, mais il y a une grosse exaspération.

Maintenant la direction ne veux toujours pas reprendre les négociations. On lui a dit qu’on reste joignable. Mais pour le moment elle s’entête à dire que si on ne reprends pas le travail, elle refusera toute discussion. Donc la balle est dans son camp.

R.P : Ce mercredi 6 juillet, une intersyndicale (CGT, SUD-Rail, CFDT, FO, UNSA) appelle à une journée de grève nationale à la SNCF pour les salaires. S’annonce-t-elle suivie et qu’en attendez-vous ?

Xavier Bregail : Une gréve d’une journée c’est insuffisant selon nous. Ce n’est pas trop notre tasse de thé, et ça plaît de moins en moins aux cheminots. Il faut savoir qu’il y a déjà des mobilisations importantes en local dans plusieurs endroit. Il faut augmenter la pression.

Mais bon, pour une fois qu’il y a une intersyndicale qui fonctionne, on le félicite. On espère que demain il y aura des annonces qui nous conviendront. Mais si la direction n’annonce pas une augmentation de 400 euros pour tous les cheminots, cela ne suffira pas. Ça fait 8 ans qu’on n’a pas était augmenté, il va falloir qu’elle annonce quelque chose de conséquent.

R.P : Dans un contexte où de nombreux secteurs du monde du travail sont également en ébullition autour de la question des salaires, comme à l’aéroport de Roissy ou chez Total où les salariés revendiquent 300 euros d’augmentation pour tous. Comment faire en sorte de coordonner ces colères à la base pour frapper tous ensemble au même moment ?

Xavier Bregail : Il faut que cela se généralise. On veux que ces luttes fassent tâche d’huile. Le meilleur dénominateur commun sur l’ensemble des secteurs, c’est nos salaires ! Aujourd’hui, c’est de plus en plus compliqué de vivre, même en travaillant avec les salaires qu’on a. Donc on espère être entendu par la SNCF, mais on veux que ça bouge partout. Ce n’est pas possible qu’aujourd’hui, le patrons proposent des augmentations de 2% ou 3%. Cela ne suffit clairement pas aux salariés. On a une inflation à 6%, on nous prévoit peut-être une inflation de 8% à 10% d’ici la fin de l’année. Il faut à minima exiger l’indexation des salaires sur les prix.

Il faut une généralisation de ces conflits sur ces bases là. Est-ce que cela se fera cet été ou à la rentrée ? On peux pas le savoir à l’avance, mais en tout cas, nous on fait tout pour pousser la colère à la base.

 
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