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La Izquierda Diario
16 de juin de 2022 Twitter Faceboock

« Dirigeants gavés, salariés oubliés »
« Dirigeants gavés, salariés oubliés ». 6e jour de grève lancée par des travailleurs non-syndiqués à Soitec
Ugo Lutard

Depuis le 10 juin dans l’usine Soitec en Isère, les travailleurs ont lancé indépendamment des syndicats une grève illimitée pour exiger de meilleures conditions de travail. Une démonstration importante dans le secteur clé des matériaux semi-conducteurs.

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Crédit photo : © Radio France - Véronique Pueyo

Dans l’usine Soitec à Bernin (Isère) un mouvement de grève est lancé depuis ce vendredi 10 juin. C’est spontanément que les travailleurs de l’équipe du soir lancé le mouvement, qui s’est ensuite propagé dans toute l’usine. Les syndicats CGT et FO ont par la suite rejoint le mouvement contrairement à la CGC-CFE.

Un piquet de grève a été installé devant l’entrée de l’usine et les ouvriers sont déterminés à faire durer cette grève illimitée, elle a été reconduite à l’unanimité ce mercredi. Parmi les revendications des grévistes, c’est l’amélioration de leurs conditions de travail qui revient. Ainsi, les ouvriers réclament que leur travail soit reconnu à sa juste valeur comme on peut le voir sur les banderoles accrochées sur le piquet de grève « dirigeants gavés, salariés oubliés. »

En effet, l’entreprise Soitec est une entreprise leader dans la fabrication de matériaux semi-conducteurs secteur actuellement clé dans l’économie mondiale dont les profits ont été extrêmement importants cette année. Cette grève intervient le lendemain de la publication par l’entreprise de ses résultats financiers records avec un chiffre d’affaires en hausse de 48 % et un bénéfice net de 202 millions d’euros. Pour la première fois de son histoire Soitec a atteint le milliard de chiffre d’affaires selon Place Gre’Net

Les salariés dénoncent donc cet accaparement des richesses dans l’entreprise, mais également la pression que ceux-ci subissent au quotidien de la part de la direction qui leur demande d’être toujours plus productifs malgré le manque d’effectifs. Ella, salariée depuis 18 ans et syndiquée CGT, rapporte pour France Bleu : « Les conditions de travail se sont dégradées, les gens sont à bout. Dans d’autres entreprises, y a eu des drames, faut les éviter, on n’en est pas loin. Y a beaucoup de gens absents et malgré tout, on nous demande de faire le chiffre prévu. La pression est insoutenable, pour qu’au final, on se retrouve avec 14 actions gratuites, alors que là-haut, ils en ont plein. Mais la richesse de cette entreprise, c’est nous qui la faisons. On a été là pour le Covid, on a déjà essuyé 3 PSE. C’est notre travail, on ne veut pas le perdre mais on veut être respecté. On nous dit qu’on est des enfants gâtés mais c’est faux. On veut juste que notre travail soit reconnu et qu’on nous respecte. »

Le caractère subversif de cette grève est important à souligner : c’est un départ sans les syndicats dont un représentant confie avoir été « surpris, voire un peu dépasser ». Mais c’est aussi un mouvement qui intervient après la signature d’un accord dans le cadre des NAO (Négociation Annuelle Obligatoire). Alors que le groupe se targue d’être « pionnier en matière de partage de la valeur.  », c’est à juste titre que les travailleurs sont repartis à la bataille pour arracher un peu plus ce qui leur est dû. Sans se laisser avoir par des augmentations certes un peu supérieures à la moyenne, c’est une véritable démonstration que réalisent les travailleurs et travailleuses de Soitec : les revendications ne s’arrêtent pas aux miettes et l’organisation se fait à la base.

 
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